Réforme des universités : déblocage voté à Nice, violences à Nantes et Grenoble
Réforme des universités : déblocage voté à Nice, violences à Nantes et Grenoble
Le Monde.fr avec AFP
Douze universités, sur 73, étaient bloquées ou partiellement occupées mercredi. A Nantes et à Grenoble, des violences et des dégradations ont visé les présidences.
Devant l’entrée du campus de Tolbiac (université Paris 1) bloqué, mardi 3 avril. (AP Photo/Francois Mori) / Francois Mori / AP
Des amphis d’une douzaine des soixante-treize universités du pays étaient occupés, mercredi 4 avril, et certains campus totalement bloqués pour protester contre la loi réformant l’entrée dans le supérieur, objet d’« une campagne de désinformation », selon les mots de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal.
Deux universités sont entièrement bloquées, selon la Conférence des présidents d’université (CPU), qui soutient la réforme : Paul-Valéry à Montpellier (20 000 étudiants), depuis qu’une assemblée générale (AG) de quelque 3 000 étudiants a voté le 27 mars « un blocus illimité » jusqu’à « l’abrogation de la loi Vidal », la loi orientation et réussite des étudiants (ORE), qu’ils accusent d’introduire la sélection à l’entrée à la faculté. A Toulouse, l’université Jean-Jaurès (sciences humaines) est entièrement bloquée depuis le 6 mars. La mobilisation a démarré en décembre, contre un projet de fusion avec d’autres établissements de la ville.
A Nice, le déblocage du campus de sciences de Valrose, commencé mardi, a été voté en assemblée générale, et devrait être effectif jeudi. Des sites universitaires demeuraient eux fermés : à Paris, Tolbiac (Panthéon-Sorbonne, Paris-I) depuis lundi 26 mars ; la faculté de lettres de Sorbonne-Université (Paris-IV) ; le site de Saint-Denis (Paris-VIII), depuis mardi également, et jusqu’à jeudi ou vendredi. A Bordeaux, le campus de la Victoire est fermé depuis le 15 mars, et les cours transférés dans d’autres bâtiments. A Lyon-II, un amphithéâtre était occupé depuis mardi soir, sans que les cours soient perturbés. A Dijon, un déblocage a été annoncé dans la journée de mardi, tandis qu’à Nancy et à Tours, les campus de lettres demeuraient bloqués.
Dans ce contexte, à Nancy, le président de l’université Lorraine réfléchit à repousser les partiels prévus en mai et en juin, « s’il n’y a pas de reprise (des cours) le 9 avril ». Sur France 2, Frédérique Vidal a mis en garde à propos de la validation du semestre universitaire, pour laquelle certains grévistes revendiquent des aménagements :
On ne va pas à l’université pour avoir des notes, on va à l’université pour apprendre. Les diplômes doivent garder… https://t.co/AI5m2lIdXh
— VidalFrederique (@Frédérique Vidal)
« Je ne souhaite pas que des petits groupes militants, parfois extérieurs aux universités, viennent promouvoir la violence. L’université n’est pas un lieu de violence », a aussi réagi la ministre.
Des violences ont en effet visé les présidences des universités de Nantes et de Grenoble. A Nantes, ses locaux ont été « pris pour cible » par « un groupe d’environ deux cents personnes », qui « ont lancé des pierres sur les façades et vitres des bureaux », alors que des membres du personnel se trouvaient à l’intérieur, selon la direction. Cette « volonté de s’en prendre physiquement aux personnes marque un tournant inadmissible », a dit la ministre.
De même, le bâtiment de la présidence de l’université Grenoble Alpes a été occupé mardi, de 12 h 30 à 23 heures, par « soixante à quatre-vingts personnes, dont la plupart n’étaient pas des étudiants mais des gens venus pour protester de manière radicale », selon son président Patrick Lévy. Le personnel a évacué les bureaux et plusieurs de ses membres disent avoir été « agressés verbalement ». Le président a fait savoir qu’il porterait plainte pour « dégradations, vol et outrage », évoquant deux vidéoprojecteurs dérobés, des portes cassées, des faux plafonds effondrés et des tags inscrits un peu partout.