Les forces prorégimes avancent en direction de Douma, seule ville de la Ghouta orientale à ne pas avoir été reprise aux mains de l’opposition, le 7 avril 2018, en Syrie. / STRINGER / AFP

Les Etats-Unis ont fait circuler, lundi 9 avril, à l’ONU un projet de résolution réclamant la création d’un nouveau « mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies » (Unimi) sur le recours aux armes chimiques en Syrie. Ce nouvel outil d’investigation aurait un mandat initial d’un an renouvelable.

L’ONU n’a plus d’organisme d’enquête dédié aux attaques chimiques en Syrie depuis la disparition, fin 2017, du JIM, un groupe ONU-OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques), dont le mandat n’a pas été renouvelé en raison de plusieurs veto russes.

Ce projet de texte américain se veut être une combinaison de deux textes antagonistes datant de mars, l’un américain, l’autre russe, qui avaient circulé entre les membres du Conseil de sécurité. Aucun des deux projets n’avait eu de suites. Le premier était menacé d’un veto russe et le second de n’avoir pas le minimum de neuf voix requises pour être adopté. Le nouveau texte proposé par les Etats-Unis reprend plusieurs paragraphes agréés par les 15 et des modifications réclamées par la Russie, proche soutien du régime syrien.

Nouvelle attaque chimique supposée à Douma

De nouveaux ajouts portent notamment sur l’attaque à l’arme chimique présumée commise samedi à Douma, dans la banlieue de Damas, et attribuée au régime syrien. Le projet américain souligne que le Conseil de sécurité exprime « son horreur » au sujet de cette attaque du samedi 7 avril et prévoit que les responsables de « tout recours à des armes chimiques devront rendre des comptes ».

Le président russe Vladimir Poutine a, de son côté, mis en garde lundi contre « des provocations et des spéculations », visant le régime syrien, qualifiées d’« inadmissibles ».

Selon l’ONG médicale SAMS (Syrian American Medical Society) qui compte de nombreux docteurs et infirmiers sur place, près de 500 personnes atteintes de suffocation ont afflué dans les hôpitaux de Douma, samedi, en fin de journée. Les patients présentaient des symptômes « d’exposition à un agent chimique », selon l’organisation, comme des difficultés respiratoires, un ralentissement du rythme cardiaque et des brûlures de la cornée. « De la mousse s’échappait de leur bouche et ils dégageaient une odeur semblable à celle du chlore », affirme un communiqué de SAMS.

Douma est la dernière ville de la Ghouta orientale à ne pas avoir été reconquise par les troupes gouvernementales. Celles-ci mènent une violente offensive depuis la mi-février dans cette région située à la périphérie de la capitale syrienne. La mort de plus de 1 600 civils est à déplorer.

« Décisions majeures »

La mise en circulation du nouveau texte américain survient quelques heures avant une réunion d’urgence sur la Syrie du Conseil de sécurité, convoquée à la demande de neuf pays (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Koweït, Suède, Pologne, Pérou, Pays-Bas et Côte d’Ivoire).

Le président américain Donald Trump a, par ailleurs, promis lundi des « décisions majeures » sous 48 heures, accentuant la pression sur le pouvoir de Bachar Al-Assad. « Cela ne peut être toléré », a-t-il martelé depuis Washington, alors qu’il avait déjà averti le régime et ses alliés – Moscou et Téhéran – qu’ils pourraient « payer le prix fort ». Son ministre américain de la défense, Jim Mattis, avait affirmé plus tôt : « Je n’exclus rien à l’heure actuelle. »

Pourquoi les armes chimiques choquent-elles plus que les autres ?