Lors de sa première apparition à Bruxelles, Mike Pompeo juge l’Otan « indispensable »
Lors de sa première apparition à Bruxelles, Mike Pompeo juge l’Otan « indispensable »
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
Tout juste investi dans ses fonctions, le secrétaire d’Etat américain a, pour sa première visite à l’Otan, réitéré vendredi l’une des antiennes les plus chères à Donald Trump : exiger des Alliés qu’ils mettent la main à la poche.
Mike Pompeo est arrivé vendredi à Bruxelles pour une réunion de l’Otan, au lendemain de sa nomination au poste de secrétaire d’Etat américain. / JOHN THYS / AFP
Quelque douze heures à peine après la confirmation de sa nomination au poste de secrétaire d’Etat par le Sénat américain, Mike Pompeo a fait ses premiers pas à l’Otan, où se tenait, vendredi 27 avril, une réunion des ministres des affaires étrangères de l’Alliance – en l’absence, remarquée, de Jean-Yves Le Drian.
Lors de sa première conférence de presse à Bruxelles, l’ancien patron de la CIA a tenu des propos rassurants pour les alliés des Etats-Unis, contredisant au passage Donald Trump, et sa désormais célèbre description d’une Alliance « obsolète ». M. Pompeo a, lui, évoqué son rôle « inestimable ». « Il ne pouvait y avoir de destination plus appropriée pour mon premier déplacement à l’étranger », a-t-il surenchéri.
Le compte n’y est pas pour Pompeo
Était-ce pour mieux mettre sous pression les partenaires de Washington ? Très vite, il a, en tout cas, repris la rhétorique du président Donald Trump pour rappeler aux Européens, et à l’Allemagne en particulier, leur obligation de respecter l’engagement auquel ils ont souscrit en 2014. À savoir, consacrer, à l’horizon 2024, 2 % de leur budget à leur défense. Il leur faudra soumettre, avant le sommet que l’Otan organisera dans son nouveau bâtiment bruxellois en juillet prochain, des « plans crédibles », a insisté le nouvel homme de confiance de M. Trump.
Si la France et le Royaume-Uni devraient atteindre cet objectif, l’Allemagne en restera sans doute très éloignée, en raison notamment des réticences des alliés sociaux-démocrates de Mme Merkel. En 2019, Berlin s’est fixé un objectif de 1,3 %. « Je pense que M. Pompeo sait ce qu’il veut, mais tout cela a été discuté ici de manière très constructive », a commenté Heiko Maas, le chef de la diplomatie allemande, qui faisait lui aussi sa première apparition dans une réunion de l’Otan.
Treize autres pays membres de l’Alliance sont invités à accomplir des efforts substantiels, sous peine de s’exposer à la colère de M. Trump, dont plus d’un diplomate redoute qu’il soit pris d’un nouvel accès de colère en juillet.
« Partage du fardeau »
À Washington, où était reçue la chancelière Angela Merkel, vendredi, le président lançait, en écho : « L’Otan est fantastique, mais elle aide plus l’Europe qu’elle ne nous aide ». « Les autres pays devraient payer plus. Je ne parle pas que de l’Allemagne. Les autres pays devraient payer plus. Nous protégeons l’Europe et cependant nous payons bien plus que tout le monde », a-t-il affirmé.
Fixant, en tout cas, l’agenda du futur sommet de Bruxelles, M. Pompeo a ajouté qu’outre le « partage du fardeau » de dépenses, l’administration Trump exigeait de débattre de la dissuasion – en clair, la posture à l’égard de la Russie – et du rôle de l’Alliance dans la lutte contre le terrorisme. Cette exigence, maintes fois répétée par M. Trump depuis sa nomination, apparaît, dans les faits, toujours aussi floue.
Fermeté à l’égard de la Russie
Attendu aussi sur le dossier du nucléaire iranien, M. Pompeo s’est montré prudent, indiquant seulement que l’hypothèse la plus probable était l’annonce, par M. Trump, d’un retrait des Etats-Unis de cet accord âprement négocié et conclu en 2015. « Aucune décision n’a encore été prise, () je suis sûr que nous allons avoir de nombreuses discussions pour parvenir à ce que réclame le président », a déclaré le secrétaire d’Etat. Il ajoutait : « Sans amélioration substantielle, sans correction des failles, il est peu probable qu’il [M. Trump] reste dans cet accord », a-t-il ajouté.
Quittant Bruxelles, M. Pompeo, devait se rendre en Israël, en Arabie saoudite, en Jordanie et en Israël, pour évoquer notamment ce dossier. Il est reparti en rassurant au moins les alliés sur un point : il prône « la fermeté » à l’égard de la Russie. C’est d’ailleurs parce qu’elle est « un facteur déstabilisant » en Ukraine, en Syrie ou dans les Balkans, qu’il convient de procéder à de nouveaux investissements dans la défense, estime M. Pompeo. Histoire de « mitiger » le risque d’une confrontation.