« Ad Vitam », de Thomas Cailley, couronnée meilleure série française. / Arte

Le festival Séries Mania a fait ses premières armes à Paris et bâti sa renommée, depuis 2010, grâce à une ligne éditoriale exigeante. S’installant pour la première fois – et définitivement – à Lille, du 27 avril au 5 mai, le festival opérait une renaissance dans l’espoir de devenir, à terme, un événement populaire ainsi que le centre de rayonnement et de promotion pour la production audiovisuelle française et européenne. Un tel festival vise à « émuler la création et la concurrence », a rappelé son président, Rodolphe Belmer.

Or, contrairement au maigrelet programme du festival Canneséries, lancé trois semaines plus tôt, Séries Mania s’est adressé tant aux mordus de séries, avec sa compétition internationale et ses master classes, qu’au grand public venu rencontrer notamment le capitaine star de la région, Corinne Masiero (Capitaine Marleau) ou l’équipe des Petits Meurtres d’Agatha Christie, dont les épisodes sont tournés dans les environs de Lille.

ON THE SPECTRUM, série israélienne Grand Prix de Séries Mania
Durée : 03:04

En dépit du pont du 1er mai et des grèves de train qui ont ponctué les neuf jours de festival, la directrice générale de Séries Mania, Laurence Herszberg, a évoqué, toutes manifestations confondues, une fréquentation de 50 000 spectateurs. La taille de l’événement, développé un peu partout dans la ville, l’affluence dans les salles, l’énergie et l’enthousiasme des Lillois sont de très bon augure pour les années à venir – le calendrier de Séries Mania 2019 à Lille n’est pas encore fixé.

Dix séries internationales présentées en avant-première mondiale, une centaine de projections internationales, six compétitions… et deux pays qui se détachent, cette année, pour l’originalité et la qualité de leurs productions : Israël et le Royaume-Uni. Ce que reflète d’ailleurs le palmarès, puisque le Grand prix du jury a couronné une série israélienne, On the spectrum, commentée en ces termes par l’un des jurés, Pierre Lemaître, romancier et prix Goncourt en 2013 : « Le premier plaisir de cette série, c’est d’être pris par elle, de lui appartenir, d’être coupé en deux, asphyxié ». Dans cette série, on suit le quotidien drolatique de trois jeunes autistes adultes vivant en colocation et souhaitant apprendre à vivre en société pour s’y insérer.

C’est à Kiri, une série britannique signée Jack Thorne, qu’a été remis le prix du Panorama international, décerné par cinq blogueurs. Ce prix a été attribué, selon les mots du jury, « pour l’originalité de son personnage principal, une travailleuse sociale interprétée avec justesse par Sarah Lancashire, et pour la thématique choisie, l’adoption interraciale, qui permet une plongée en profondeur dans la société britannique. »

Les séries françaises, pour leur part, étaient suffisamment nombreuses cette année pour justifier une compétition entre elles – certaines années, faute de candidats, elles concouraient dans une section « séries francophones ». Ad Vitam du cinéaste Thomas Cailley s’est distinguée parmi les huit séries hexagonales. Une belle réussite dans le domaine de l’anticipation, genre dans lequel Arte s’aventure courageusement une nouvelle fois, après deux tentatives en demi-teintes, Transferts (2016) et Trepalium (2017).

Au final, pas d’immense coup de cœur mais des séries de grande qualité, pas de créateurs stars comme les sériephiles ont pu en rencontrer par le passé au festival (David Chase, Matthew Weiner, Damon Lindelof, etc.), mais une solide et belle première saison à Lille pour Séries Mania.

La chaîne HBO, pour sa part, a d’ores et déjà choisi Séries Mania, et non plus les Etats-Unis comme elle en avait l’habitude, pour présenter en première mondiale sa prochaine série, Succession. Projetée en ouverture du festival, elle sera diffusée à partir du 4 juin sur OCS, au lendemain de sa diffusion américaine.

Palmarès Séries Mania

Compétition internationale

  • Grand Prix du Jury : On The Spectrum (Israël), série créée par Dana Idisis et Yuval Shafferman.
  • Prix spécial du jury : Il Miracolo (Italie), série créée par Niccolò Ammaniti.
  • Prix d’interprétation féminine : Anna Mikhalkova (An Ordinary Woman, Russie), série créée par Valery Fedorovich et Evgeny Nikishov.
  • Prix d’interprétation masculine : Tommaso Ragno (Il Miracolo, Italie), série créée par Niccolò Ammaniti.

Compétition française

  • Meilleure série française : Ad Vitam, série créée par Thomas Cailley et Sébastien Mounier.
  • Meilleure actrice : Anne Charrier (Maman a tort).
  • Meilleur acteur : Bryan Marciano (Vingt-cinq), ex-aequo avec Roschdy Zem (Aux Animaux la guerre).

Panorama international

  • Prix de la meilleure série : Kiri (Royaume-Uni), série créée par Jack Thorne.

Marathon comédies

  • Prix des étudiants : Kiki and Kitty (Australie), série créée par Nakkiah Lui.

Compétition formats courts

  • Prix du jury : First Love (France, Etats-Unis), série créée par Adi Tishrai.

Prix du public
Il récompense la « série coup de cœur » des spectateurs parmi les nouveaux titres en saison 1, soumis au vote à l’issue des projections.

  • The Marvelous Mrs Maisel, série créée et réalisée par Amy Sherman-Palladino (Etats-Unis).
  • Prix des lycéens : Kiki and Kitty (Australie), série créée par Nakkiah Lui.