Washington qualifie les élections au Venezuela d’« escroquerie »
Washington qualifie les élections au Venezuela d’« escroquerie »
Le Monde.fr avec AFP
Une partie de la communauté internationale a critiqué la décision d’avancer les élections, et le Trésor américain a décidé de prendre des sanctions financières contre des entreprises et des individus.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro et sa femme Cilia le 7 mai au palais Miraflores de Caracas. | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS
Les Etats-Unis ont appelé lundi 7 mai au report des élections du 20 mai au Venezuela en les qualifiant de « mascarade », et annoncé une série de sanctions contre des entreprises et des individus vénézuéliens. « Les soi-disant élections prévues ne sont rien de plus qu’une escroquerie et une mascarade », a déclaré le vice-président américain Mike Pence devant l’Organisation des Etats américains (OEA). « Nous appelons (le président vénézuélien Nicolas) Maduro à suspendre ces élections qui sont une mascarade et à tenir de vraies élections », a-t-il ajouté, en appelant les pays membres de l’OEA à suspendre le Venezuela.
L’Union européenne, les Etats-Unis et une grande partie de l’Amérique latine ont critiqué la décision de Caracas d’avancer au 20 mai le scrutin présidentiel, généralement organisé en décembre, dénonçant un manque de transparence et de garanties d’élections libres.
La coalition de l’opposition vénézuélienne a appelé au boycott de ce scrutin et à une grande manifestation pour protester contre ce qu’elle qualifie de « fraude ».
Sanctions américaines
De son côté, le Trésor américain a annoncé lundi avoir pris des sanctions contre une vingtaine d’entreprises, dont 16 basées au Venezuela, et contre trois individus dont un ancien directeur du service vénézuélien des renseignements financiers. « Le bureau de contrôle des actifs étrangers (Ofac) du département américain au Trésor a identifié le ressortissant vénézuélien Luis Martin Olivares (dit Martin) comme un important trafiquant de drogues », a indiqué le Trésor dans un communiqué. Il s’agit d’un ancien responsable du service des renseignements financiers.
Dans ses activités de trafic de drogues et de blanchiment d’argent, Martin aurait aussi bénéficié du soutien financier ou logistique de Walter Alexander Del Nogal Marquez (dit Del Nogal) et de Mario Antonio Rodriguez Espinoza (Rodriguez).
L’Ofac a parallèlement désigné 20 entreprises dont 16 au Venezuela – le reste au Panama – qui ont été détenues ou contrôlées par ces trois individus. Par conséquent, l’administration américaine a ordonné la saisie de tous les actifs de ces personnes et interdit aux citoyens américains tout commerce avec les sociétés sanctionnées. « Martin a exploité sa position au gouvernement et a accepté des pots-de-vin de la part de trafiquants de drogues opérant au Venezuela et en Colombie en facilitant le mouvement de drogues depuis et au sein de l’espace aérien vénézuélien, en particulier en fermant le radar militaire et en corrompant d’autres responsables vénézuéliens pour poursuivre ces activités », a détaillé le Trésor.
Blanchiment d’argent
L’Ofac a aussi déterminé que Martin avait payé des responsables militaires vénézuéliens à la frontière avec la Colombie, permettant à Martin et ses acolytes de vendre de la cocaïne à d’autres réseaux de drogues.
Celui-ci a travaillé étroitement avec d’autres responsables du gouvernement vénézuélien pour des activités de blanchiment d’argent provenant de la drogue, selon la même source. « Martin a facilité le déplacement de plusieurs tonnes de cocaïne et a utilisé de nombreuses méthodes de blanchiment d’argent dont le transport de l’argent par voie aérienne », ajoute l’Ofac.
« Nous refuserons l’accès des responsables du régime vénézuélien au système financier américain dans la mesure où nous travaillons avec les partenaires internationaux pour restaurer la démocratie et le retour à la prospérité », a réagi le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, cité dans le communiqué.
Classé en défaut partiel par les agences de notation, le Venezuela traverse une très grave crise économique qui a déjà poussé des centaines de milliers d’habitants à fuir le pays.