Le Tello avec ses protections d’hélice. / Ryze

La malédiction des mini-drones. Au rayon des petits drones bon marché, on rencontre plus souvent le pire que le meilleur. On a vu des appareils incapables de tenir en place ou ne répondre aux commandes qu’après mûre réflexion, déclarer forfait au moindre choc, décoller en mode « fusée » puis disparaître dans l’azur dès la première utilisation… En dehors des appareils dotés d’une liaison GPS – ce qui suppose un investissement de 300 à 400 euros au minimum – on peut se demander s’il est envisageable de prendre du plaisir à faire voler un drone de loisir. Le Tello, commercialisé au prix de 109 euros, tente de briser cette malédiction. Ce petit appareil a été conçu par le chinois Ryze, une start-up de Shenzen couvée par DJI, le numéro un mondial des drones de loisir. Ryze permet à DJI de ne pas descendre en gamme et sa présence dans les coulisses du Tello offre à ce dernier une crédibilité technologique et une aura commerciale bienvenues pour se faire un nom.

Patience, patience… La présentation du Tello n’a rien de très originale. Malgré la possibilité de faire varier les coloris, son allure (qui évoque celle d’un Parrot Mambo) reste assez banale. Bon point : la coque plastique semble solide. L’appareil ne pèse que 87 g (il ne sera donc pas nécessaire de le déclarer dans le cadre de la future loi française, qui entrera en application cet été) et mesure 9 cm de longueur. Le temps de recharge de la batterie amovible dépasse une heure, ce qui, pour une autonomie de vol annoncée de treize minutes, est un peu longuet. Après avoir téléchargé l’application Tello et établi la liaison Wi-Fi, il faudra encore patienter pour étalonner la centrale inertielle de l’appareil.

Précis, mais dans un espace limité. On décolle en mode automatique à moins que l’on préfère lancer le Tello en l’air, après l’avoir posé dans la paume de sa main. Il grimpe alors à deux mètres de hauteur et s’immobilise. Première impression : ce drone dépourvu de liaison GPS est capable de demeurer en vol stationnaire grâce à la précision de son « positionnement optique » (vision positioning). A mesure que l’on fait connaissance avec le Tello, cet a priori positif ne se dément pas. Il répond parfaitement aux impulsions venues de la commande virtuelle du smartphone sur laquelle on fait glisser ses pouces. Pas d’à-coups ni de rotations saccadées. En situation délicate, la possibilité d’immobiliser pour de bon le Tello avant de se reconcentrer sur les commandes est fort appréciable. Réactif, ce petit drone n’est pas de ceux qui vous dégoûtent du pilotage au bout de dix minutes et trois crashs.

Le Tello mesure 9 cm de long pour un poids à peine supérieur à 80 g. / RYZE

Fluide. Avant le décollage, il faut s’assurer que son smartphone est suffisamment chargé car ses batteries seront largement mises à contribution. Les plus exigeants préféreront s’en remettre à une « vraie » radiocommande… facturée 90 euros, presque le prix du drone. Deux modes de pilotage sont prévus, l’un tranquille et l’autre plus nerveux. La qualité du signal vidéo reçu sur l’écran du téléphone ou de la tablette est suffisamment bonne pour que l’utilisateur puisse s’y fier pour s’orienter. Cette fluidité alliée à la précision des commandes permet de voler en intérieur sans risquer la catastrophe à tout moment.

Evolué. Ce quadricoptère dispose d’un capteur à l’avant pour la détection des obstacles et d’un contrôleur de vol capable d’exécuter des acrobaties préprogrammées. Des loopings mais aussi des figures (vol autour d’une cible préétablie, selfie, etc.). Des prestations que l’appareil ne pourra, hélas, effectuer que dans un espace assez restreint car il est conçu pour ne pas s’éloigner à plus de 100 m et ne pas dépasser une hauteur de 10 m. En cas de perte de la liaison Wi-Fi, le drone se pose à la verticale du lieu où il se trouve. En l’absence de GPS, impossible en effet de programmer un retour automatique au point de décollage. Les photos (5 mégapixels) sont de qualité très acceptable et les images vidéo (HD 720 p) de bonne facture. On appréciera surtout que l’image ne tressaute pas, contrairement à ce qu’imposent les appareils d’entrée de gamme.

Programmable. Le Tello innove en proposant à l’utilisateur de le programmer facilement, par exemple pour réaliser des figures en vol. Par l’entremise du système Scratch, développé par le MIT, Ryze permet aux enfants de s’initier à la programmation. Les plus avertis pourront utiliser le système SDK « pour concevoir nouvelles applications et faire évoluer le Tello ».

La présentation du Tello manque un peu de personnalité. / RYZE

Finalement Le Tello, qui s’adresse en priorité à une clientèle d’adolescents et de jeunes adultes, appartient à la catégorie des drones jouets. Pour autant il ne s’agit pas d’un joujou ou d’un gadget éphémère. Ce produit (chinois) est plus élaboré que la concurrence (chinoise) tout en demeurant relativement bon marché. Cependant, il ne fait pas de miracle. Ses performances en vol comme en capture d’image sont inférieures à celles d’un Parrot BeBop2 ou d’un Phantom 3 (certes, au moins trois fois plus chers) et sa portée demeure limitée. Avec le Tello, on tient peut-être enfin un drone-école capable d’initier au pilotage d’un quadricoptère et de donner envie d’aller plus loin dans la pratique de la caméra volante. Et, aussi, d’offrir aux accros du pilotage un moyen de parfaire leur technique à la moindre occasion, car le Tello peut voler à peu près partout.

On aime :

  • la possibilité de s’initier au pilotage d’un drone dans de bonnes conditions ;
  • la stabilité et la réactivité qui facilitent la prise en main ;
  • l’ouverture vers la programmation.

On aime moins :

  • la présentation, sans imagination ;
  • le prix exorbitant de la radiocommande.