« Deadpool 2 » : blockbuster drôlement dégénéré
« Deadpool 2 » : blockbuster drôlement dégénéré
Par Murielle Joudet
Le long-métrage de David Leitch offre un bain de fraîcheur à l’intérieur du paysage ultra-formaté du film de super-héros hollywoodien.
Deux ans après le succès public du premier Deadpool, pastiche irrévérencieux des films de superhéros hébergé par l’écurie Marvel, on pouvait s’attendre à ce que Deadpool 2 soit frappé de la malédiction du deuxième volet : la volonté de surfer sur un premier succès invitant inévitablement à se reposer sur ses lauriers sans réussir à relancer l’effet de surprise. Après avoir dynamité à coup de lance-flammes postmoderne tous les codes du film de superhéros, on se demande bien ce que Deadpool 2 pouvait bien dézinguer. Si l’entreprise pouvait paraître nauséeuse à force de ricanements et de clins d’œil c’est pourtant cet excès qui faisait le charme d’un premier volet.
On avait donc laissé Wade Wilson (Ryan Reynolds, également crédité au scénario), antihéros sardonique et invincible, filer le parfait amour avec sa bien-aimée Vanessa (Morena Baccarin). Heureux et amoureux, les deux tourtereaux projettent au début du film de fonder une famille, mais c’est sans compter la mort brutale de Vanessa qui provoque le début des festivités.
On peut tenter de ainsi résumer l’avalanche de péripéties qui suivra : il est question de faire dévier le cours du destin d’un enfant mutant et d’embaucher pour cela une équipe de bras cassés dans laquelle figure une femme dont l’unique superpouvoir consiste... à avoir de la chance. Le tout étant abondamment saupoudré de méchants, de blagues potaches et politiquement incorrectes et des incontournables scènes de pyrotechnie numérique.
Un anti-manuel jouissif du parfait scénariste
Faisant un pas de plus vers la surenchère visuelle et scénaristique, Deadpool 2 assume avec beaucoup de décomplexion son aspect de bric-à-brac sans queue ni tête. Et si Deadpool lui-même, façon personnage de Tex Avery, aime à évoquer les pannes d’inspiration des scénaristes où les substances consommées pendant leur séance d’écriture, c’est qu’on a soi-même le sentiment d’avoir la tête plongée, au choix, dans un bain d’images hallucinogènes ou dans une sorte de décharge où s’accumuleraient toutes les idées les plus folles et inutilisables des script doctors.
Deus ex machina à répétition, mépris pour la moindre idée de vraisemblance dramatique, désamorçage permanent de toute situation un tantinet sérieuse : Deadpool 2 est un anti-manuel jouissif du parfait scénariste. Qu’un objet aussi foutraque et dégénéré puisse exister à l’intérieur du paysage ultra-formaté du blockbuster hollywoodien ne pouvait que le rendre attachant.
DEADPOOL 2 | Bande Annonce Finale [Officielle] VOST HD | Greenband | 2018
Durée : 02:23
Film américain de David Leitch. Avec Ryan Reynolds, Josh Brolin, Morena Baccarin (2 heures). Sur le Web : www.deadpool2imax.com et www.facebook.com/DeadpoolFR