Pécresse et ses jeunes à l’assaut de la « droite rétrograde »
Pécresse et ses jeunes à l’assaut de la « droite rétrograde »
Par Olivier Faye
La présidente de la région Ile-de-France a lancé, jeudi, la branche « jeunes » de son mouvement, défendant l’idée d’un « autre projet de société ».
Valérie Pécresse a été « frappée », « choquée », « bouleversée » par un chiffre : en 2017, seulement « 6 % des moins de 35 ans » ont voté pour François Fillon lors de l’élection présidentielle. Et comme, par définition, ces derniers sont appelés à l’avenir à voter un peu plus longtemps que leurs aînés, « le sujet majeur pour la droite, c’est la reconquête de la jeunesse et des jeunes actifs », estime la présidente de la région Ile-de-France.
C’est pour cela qu’elle a lancé, jeudi 17 mai, la branche « jeunes » de son mouvement, Libres ! Mais aussi – et surtout – pour continuer à bâtir ce qui ressemble de plus en plus à un contre-parti au sein des Républicains, avec un organigramme, une doctrine, bientôt des référents départementaux…
Quel meilleur porte-parole, pour lancer ces Jeunes de Libres !, que le madré sénateur Roger Karoutchi, âgé de 66 ans ? Au sous-sol du Biz, un bar du 2e arrondissement de Paris où se tenaient jeudi soir les agapes, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a appelé les jeunes à ne pas désespérer d’une droite de plus en plus phagocytée par Emmanuel Macron. « L’aventure n’est pas finie », a-t-il promis, plaidant pour que Mme Pécresse devienne « l’incarnation de la modernité sociale et sociétale » : « Elle est la France de demain si on veut un pays qui se redresse et qui vous rassemble tous. » La prochaine présidentielle n’interviendra qu’en 2022, mais cette envolée a soulevé les applaudissements des 200 personnes présentes.
« Ne pas ressembler à une droite d’avant-Macron »
L’ancienne conseillère de Jacques Chirac – qu’elle a cité en modèle, comme Nicolas Sarkozy – a donc décidé de préempter le thème du renouveau et de la modernité à droite face au président de LR, Laurent Wauquiez. « Si nous voulons incarner une droite post-Macron, elle ne doit pas ressembler à une droite d’avant-Macron, a-t-elle insisté. Il va falloir travailler et avoir des idées neuves. (…) Ce qui ennuie le gouvernement, ce n’est pas qu’on hurle à la mort, pas qu’on fasse du populisme, c’est qu’on dessine un autre projet de société. »
Dans la même veine, Maël de Calan, premier vice-président de Libres !, avait auparavant lancé une autre charge implicite contre le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Il y a deux chemins : une droite de slogans, qui a de belles valeurs mais qui se contente de les énoncer. Valérie, elle, se demande comment les mettre en œuvre, c’est toujours plus compliqué », a estimé l’ancien adversaire de M. Wauquiez dans la course à la présidence de LR.
Juppéistes, sarkozystes, lemairistes… Libres ! se rêve en pôle de rassemblement au sein de la droite. C’est un ancien filloniste, Cédric Rivet-Sow, qui dirige la structuration des Jeunes de Libres ! « Sur le terrain, les gens se disent qu’on a une droite rétrograde », tance-t-il. Pour l’heure, en tout cas, l’anti-wauquiézisme constitue déjà un bon ciment.