Résultats Parcoursup : « Ce sera l’angoisse tous les matins : de combien de places aura-t-on avancé ? »
Résultats Parcoursup : « Ce sera l’angoisse tous les matins : de combien de places aura-t-on avancé ? »
Par Séverin Graveleau
Des dizaines de lycéens, parents d’élèves ou enseignants ont raconté au « Monde » comment ils ont vécu les premiers résultats de la plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur Parcoursup. Verbatim.
C’est sur la plate-forme informatique Parcoursup que les candidats à une première année d’études supérieures ont effectué leurs vœux d’orientation. / Barande Jérémy -Flickr (CC BY-SA 2.0)
Ce mercredi 23 mai, 436 500 candidats à l’enseignement supérieur, sur 812 000, avaient reçu une proposition d’admission ou plus à leurs vœux d’orientation sur la plate-forme Parcoursup, les autres demeurant « en attente » ou ayant refusé. Dans les dizaines de témoignages reçus sur Lemonde.fr après l’annonce des premiers résultats mardi à 18 heures, l’incompréhension, la joie et la colère des lycéens, de leurs parents ou professeurs, s’expriment. Quelques extraits.
- « On oscille entre désespoir et colère » (Agnès, parent d’élève, Seine-Saint-Denis)
Parcoursup fait partie de nos vies depuis le début de l’année : d’abord, les salons étudiants, puis les portes ouvertes, et enfin tout ce travail sur les lettres de motivation et le curriculum vitæ. Un investissement incroyable pour tous les élèves et leurs parents. Alors, quand après ces mois d’attente, de stress et d’espoir, nous avons vu, un « oui » suivi de « en attente d’une place », nous avons eu le sentiment de recevoir une gifle d’une violence inouïe. Le sentiment à la lecture était tellement douloureux. On nous avait tellement fait croire. On oscille entre désespoir et colère. Comment se recentrer sur le baccalauréat maintenant ? Ce sera l’angoisse tous les matins : de combien de places aura-t-on enfin avancé ?
- « Comment est-ce possible qu’en 2018, la France n’ait pas prévu cet accroissement de population ? » (Jeanne, lycéenne, Doubs)
Certes, mon premier vœu a été accepté, mais Parcoursup me déçoit. Je vois tous mes amis être sur liste d’attente pour rentrer à la faculté et je me demande : comment est-ce possible qu’en 2018, la France n’ait pas prévu cet accroissement de population ? Pourquoi sommes-nous les victimes d’un manque d’organisation de l’Etat français ? Finalement, ce soir, je ressens une certaine rancœur vis-à-vis de Parcoursup. Même s’il est peut-être trop tôt pour émettre un jugement par rapport à cette plate-forme.
- « Malgré mes a priori, Parcoursup me paraît approprié et mieux qu’APB » (Lucie, étudiante en réorientation, Hauts-de-Seine)
J’étais en réorientation cette année. J’ai eu deux réponses positives, « oui » ou « oui si ». Je n’ai demandé que des licences. J’ai obtenu beaucoup plus de réponses positives comparé à l’an passé avec la précédente plate-forme, APB. Malgré mes a priori, Parcoursup me paraît approprié et mieux qu’APB. J’ai eu mon premier choix, enfin, celui que je désirais le plus. Je trouve que connaître son rang sur la liste d’attente est judicieux.
- « Au final, vaut-il mieux être pris nulle part, comme moi l’année dernière, ou être pris là où on ne le souhaite pas ? » (Camille, lycéenne, Lorraine)
« En ce jour de résultats sur Parcoursup, j’ai été fortement surprise de constater que j’avais été mise sur liste d’attente pour tous mes vœux en droit. J’ai environ 10 de moyenne et, certes ce n’est pas très rigoureux, mais j’ai postulé en droit common law, droit éco ainsi que droit pur dans différentes villes. Alors oui, j’ai été acceptée en fac de psychologie, mais ce n’est pas mon premier choix. Au final, vaut-il mieux être pris nulle part, comme moi l’année dernière, ou être pris là où on ne le souhaite pas ? »
Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web
- « APB leur enlevait tout espoir au premier tour. Parcoursup les laisse mijoter… » (Fabienne, parent d’élève et enseignante, Val-de-Marne)
Je me demande comment tous ces futurs bacheliers vont vivre leurs épreuves du bac, entre la pression de l’examen et l’inconnue d’une affectation en mouvement. APB leur enlevait tout espoir au premier tour de moulin. Parcoursup les laisse mijoter, vérifier, espérer, attendre. Mon fils a reçu cinq réponses « oui, en attente ». La liste d’attente est longue. La perspective de vérifier tous les jours est plutôt angoissante, de mon point de vue, « flippante » du sien.
Et mes élèves de terminale, comment vais-je pouvoir gérer leur déception ou inquiétude quand il va s’agir de se concentrer sur les dernières heures de préparation au bac ?
Entre leur marathon d’épreuves et leur sort dans une roue qui tourne en permanence, ils vont devoir être encore plus solides, nos jeunes, cette année.
- « Satisfaite, je vais rapidement renoncer à mes vœux en attentes pour laisser ma place » (Mathilde, lycéenne, Vendée)
Je sors d’un bac « arts appliqués » et j’ai demandé des filières sélectives (DMA, BTS, DNMADE). J’ai obtenu trois propositions d’admission, qui sont mes trois vœux favoris. Le reste de mes vœux est en attente et deux écoles m’ont refusée. Le site étant basé sur la rapidité des étudiants, je vais rapidement renoncer à mes vœux en attente pour laisser ma place à ceux qui désirent ces écoles. La procédure en continu permet de prendre réellement le temps de choisir son orientation, tout en laissant nos places rapidement. Autour de moi, très peu ont obtenu des propositions d’admission directe et beaucoup n’ont que des vœux en attente. Pour eux, c’est évidemment une source de stress.
- « Je ne sais pas encore quel vœu choisir, je vais demander conseil à mes professeurs » (Sophia, lycéenne, Seine-et-Marne)
Ayant candidaté pour des licences de lettres, j’ai obtenu 3 propositions d’admission, 4 vœux en attente et 1 vœu refusé. A la lecture de ces premiers résultats, ma première réaction a été la déception, car le vœu que je souhaitais le plus avoir est le seul qui m’a été refusé. Ensuite, je me suis dit que j’avais de la chance en voyant les résultats de mes amies, très déçues, dont une n’a obtenu aucune proposition d’admission. Je me suis donc retenue de faire part de ma déception à mes amies. Mes parents sont fiers de moi d’avoir obtenu une place à La Sorbonne dès la première sélection. Je ne sais pas encore quel choix effectuer, je vais demander conseil à mes professeurs, mais je suis bien positionnée en liste d’attente sur les autres vœux, donc je préfère attendre encore.
- « Ma fille est une battante, mais l’annonce de son positionnement en liste d’attente l’a fait s’effondrer » (Nathalie, parent d’élève, Loire-Atlantique)
Avec une mention très bien au bac ES et une volonté de faire une année de Paces dans de bonnes conditions en 2018, ma fille s’est préparée toute l’année 2017 en suivant une prépa médecine à Nantes. Elle a travaillé dur, dans les conditions de ce qui l’attend en première année de médecine, la Paces. Elle n’a rien lâché et s’est montrée de plus en plus motivée par la médecine, ne se laissant pas décourager. Ma fille est une battante, mais l’annonce de son positionnement en liste d’attente, mardi 22 mai, l’a fait s’effondrer. Comment se fait-il qu’une telle motivation et attitude scolaire ne peuvent pas ouvrir la porte de la formation ? Nous nous interrogeons sur l’étude de son dossier et nous battrons pour que sa volonté soit entendue.
- « J’ai été soulagée de constater que deux tiers de la classe ont obtenu une réponse positive », (Colette, enseignante)
Je suis enseignante en lycée et professeur principale de terminale depuis de nombreuses années. Sur les 34 élèves de ma classe de terminale, environ 30 ont un projet d’orientation pour lequel ils attendent une réponse de Parcoursup, les autres allant dans des formations privées en priorité. Sur les 30 élèves seulement 6 ont une réponse positive pour une formation sélective pour l’instant, mais ils sont très nombreux à avoir une réponse positive pour l’université. J’ai été soulagée de constater que deux tiers de la classe ont obtenu une réponse positive, même si c’est sur un vœu de repli. Il nous reste maintenant à voir si les élèves en attente atteignent les formations souhaitées, j’ai bon espoir que ce soit le cas. Le système est stressant, mais me paraît plus juste qu’APB pour lequel nous étions parfois très étonnés des résultats. Les élèves les plus travailleurs, les plus investis dans leur parcours et leur orientation sont les mieux servis pour l’instant, ce qui n’était pas le cas avec APB.