Football : tout savoir sur l’Australie à la Coupe du monde 2018
Football : tout savoir sur l’Australie à la Coupe du monde 2018
Par Luc Vinogradoff
Avec leur vétéran Tim Cahill, les Socceroos peuvent rêver de rééditer l’exploit de 2006 en sortant de la poule C face à la France, au Pérou et au Danemark.
Le capitaine australien, Mile Jedinak, le 15 novembre 2017, contre le Honduras, à Sydney. / SAEED KHAN / AFP
16 juin : France-Australie (12 heures à Kazan)
21 juin : Danemark-Australie (14 heures à Samara)
26 juin : Australie-Pérou (16 heures à Sotchi)
Heures françaises
- Historique en Coupe du monde :
Cinquième participation, huitième de finaliste en 2006
- Leur petit nom :
Les Socceroos, car en Australie, pays des kangaroos (« kangourous »), on suit la tradition américaine en disant « soccer » pour « football ».
- L’équipe qui devrait jouer :
Matt Ryan - Bailey Wright, Trent Sainsbury, Milos Degenek - Aaron Mooy, Mile Jedinak - Tomi Juric, Mathew Leckie, Robbie Kruse, Tom Rogic - Tim Cahill.
- Le sélectionneur :
Lambertus « Bert » van Marwijk, qui continue la tradition des coachs néerlandais de l’Australie, après Guus Hiddink, en 2006, et Pim Verbeek, en 2010. Van Marwijk a la particularité d’avoir qualifié l’Arabie saoudite pour cette Coupe, puis d’avoir quitté son poste pour des questions pécuniaires. Il a pris la sélection australienne en janvier et en partira après la compétition. Un vrai intérim, avec le légendaire Mark van Bommel dans ses valises comme adjoint. Ça va trancher, chérie.
Bilan de compétences
Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? : « Oubliez les Etats-Unis, nous sommes le vrai pays du “soccer”. C’est ma quatrième qualification de suite, après une seule en soixante-dix ans. Ce tournoi tombe bien pour ma popularité au pays, où le cricket, le vrai sport national, est empêtré dans un scandale de matchs truqués. »
De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? : « Ma colonne vertébrale a fait ses armes dans les qualifs de la Confédération asiatique, que j’ai intégrée il y a douze ans. Le niveau plus élevé nous a fait progresser, et je pense mériter ma place en huitièmes de finale, comme en 2006, voire plus. A l’époque, c’était un penalty (volé) dans les arrêts de jeu pour l’Italie qui nous avait privés de l’exploit. »
Italy cheated on Australia at 2006 World Cup
Durée : 00:45
Si vous deviez nous donner trois qualités ? : « Fini le kick’n’rush hérité des colons. Nous essayons de pratiquer un football plus fluide et moderne que nous transmet le dernier de nos magiciens néerlandais en date, arrivé en finale de Coupe du monde en 2010. Mes meilleurs actifs sont ma défense à trois et la génération de jeunes d’origines croate, turque et iranienne qui émerge. »
Et trois défauts ? : « D2 anglaise, Japon, Irlande, Suisse… mes joueurs pratiquent dans des championnats secondaires, et ça se ressent parfois au plus haut niveau. Mon capitaine et roc défensif Mile Jedinak a les jambes lourdes après une saison prolongée par les barrages de D2 anglaise et je n’ai pas su renouveler mon attaque : on compte encore sur Tim Cahill, qui fait bien ses 38 ans. »
Tim Cahill en cinq dates
KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP
1950 : Le « soccer » est toujours considéré comme un sport d’immigrés et de « fillettes » sur l’île. Il faudra un demi-siècle pour qu’il devienne populaire, et personne n’en est plus responsable que Johnny Warren, joueur, entraîneur et dirigeant surnommée « Captain Socceroo ». L’aboutissement de son travail sera l’A-League, créée l’année suivant sa mort, en 2005.
1994 : Les Samoa connaissaient Bougainville, elles auraient pu avoir Tim Cahill. Mais « les îles des Navigateurs », comme les surnomma l’explorateur français, n’ont bénéficié du talent du footballeur d’origine samoane – par sa mère – que chez les Espoirs. Cahill, qui avait aussi le choix de l’Angleterre et de l’Irlande, opte ensuite pour l’Australie, son pays de naissance.
1997 : A 18 ans, Cahill atterrit dans le sud-est de Londres, dans l’antre des affreux, sales et méchants de Millwall, dont les supporteurs inventèrent le slogan nihiliste « No one likes us, We don’t care ». Il y deviendra une légende, participant à la montée en première division en 2000 et à leur seule finale de FA Cup en 2004.
2006 : Cahill marque le premier but des Socceroos en Coupe du monde, lors d’une remontée victorieuse face au Japon (3-1). Cahill marquera tellement en sélection – 50 buts – qu’il pèse à lui tout seul 45 % des buts de son pays dans l’histoire de la compétition.
29 janvier 2018 : Avec un œil sur la liste des 23 pour la Coupe du monde et l’envie de devenir le 7e joueur de l’histoire à marquer dans quatre Coupes du monde, Cahill, 38 ans, médiatise la rupture de son contrat avec le Melbourne FC pour annoncer qu’il retrouve le football anglais… à Millwall, en deuxième division. Il ne joue qu’une dizaine de minutes, marque une fois avec la réserve et prend sa retraite sous les ovations.
Figurez-vous Arsène…
… que l’équipe australienne n’a pas froid aux yeux lorsqu’il s’agit de « naming », pratique consistant à en céder le nom d’un lieu, ou ici d’une équipe de 22 êtres humains, à une marque commerciale contre de l’argent. Les « Socceroos » s’appellent maintenant les « Caltex Socceroos » après leur accord avec la filiale du groupe pétrolier Chevron. En France, l’équivalent serait « les Bleus Carrefour ».
Comme la FIFA interdit aux équipes d’avoir des sponsors sur le maillot, la Fédération australienne compense en mettant le nom de son sponsor absolument partout ailleurs. La stratégie comporte des risques. Ainsi, beaucoup se sont étonnés de voir la présence du néoretraité Tim Cahill parmi les 23. Avant de comprendre qu’il était le visage de la nouvelle campagne de pub de Caltex. Les bons comptes font les bons amis.
SAEED KHAN / AFP
Le jour où…
… l’Australie est devenu le premier pays à se qualifier pour une Coupe du monde aux penalties. Chez les fans de soccer australiens, le 16 novembre 2005 est simplement connu comme le « 16 Novembre ». Ce soir-là, 83 000 spectateurs vêtus d’or sont au Stade olympique de Sydney pour le match le plus important de leur génération : le barrage retour face à l’Uruguay de Recoba et Lugano. La défaite australienne à Montevideo (1-0) est compensée par leur victoire en temps réglementaire ce soir-là (1-0, but de Bresciano). Les prolongations ne changeront rien. Pour la première fois de l’histoire, la place au Mondial se jouera aux penalties.
Le tir raté de Mark Viduka est suivi par deux arrêts du légendaire gardien Mark Schwarzer. L’Australie n’a plus atteint le Mondial en trente-deux ans et son sort dépend du cinquième tir et du pied de John Aloisi. Avec le recul, l’attaquant d’Alavés dit n’avoir jamais douté de sa réussite. Il avait passé la veille à perfectionner un seul et même tir : à mi-hauteur, à gauche du gardien. Et c’est comme ça qu’il battra Fabian Carini.
John Aloisi Penalty
Durée : 00:38
Big data
32. L’Australie a fini bonne dernière de la Coupe du monde au Brésil, avec 0 point, 3 buts marqués et 9 encaissés. Au moins, elle ne pourra pas faire pire cette fois.
Le wiki de qui ?
Où que je sois allé, j’ai énormément marqué. Que ce soit en Croatie, où j’ai tout gagné, en Ecosse, où j’ai tout gagné, ou dans le grand Leeds du début des années 2000, où je n’ai rien gagné. J’étais aussi le capitaine de l’Australie pour sa meilleure Coupe du monde, en 2006.
Plateau télé
Nous sommes une terre d’immigration où le niveau culinaire n’a pas suivi. On a hérité du pire (la Vegemite) et du moins pire de l’Angleterre (les fish’n’chips et les meat pies), de la triste tradition fast-food et des gâteaux industriels (sauf les Tim Tams, des biscuits à la crème de chocolat). Heureusement il reste les fruits de mer, les bières locales, certains vins et la pavlova, un dessert à base de meringue, de fruit et de crème.