Gabriel L., 29 ans, étudiant en troisième année de licence, qui vit à Colombes (Hauts-de-Seine). / La ZEP

Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Cette semaine, Gabriel L., 29 ans, étudiant en 3e année de licence, qui vit à Colombes (Hauts-de-Seine).

« Après avoir été aide-soignant pendant deux ans dans des hôpitaux dans plusieurs services, j’ai décidé de reprendre mes études. Je commençais à me sentir de moins en moins à l’aise en côtoyant les malades. Je ne me sentais pas à ma place. Ce déclic m’a fait reprendre mes études à 25 ans. Pas facile quand on a pris l’habitude d’un salaire de 1 450 euros par mois en habitant encore au domicile de ses parents.

N’ayant pas le bac, j’ai recherché sur Internet comment y remédier et je suis tombé sur le DAEU (diplôme d’accès aux études universitaire) de la fac de Nanterre. J’ai passé un entretien oral avec la responsable pédagogique, que j’ai réussi.

Réapprendre les postures d’élève

L’ambiance était particulière. Je pensais me retrouver entouré de personnes bien plus âgées que moi, genre 40-50 ans, alors qu’en fait il y avait des gens de mon âge, voire plus jeunes. Eux aussi avaient quitté le système scolaire. Par exemple, j’y ai rencontré une femme qui était secrétaire qui avait décidé de reprendre les études pour passer un concours dans la fonction publique. Sa formation était financée par son entreprise.

Revoir un prof, réapprendre des postures d’élève, me remettre dans le bain des cours a été assez simple car j’étais motivé. Mais je ne vous cache pas que je trouvais ça marrant de reprendre mes études alors que quelques mois plus tôt je bossais. Je me rappelle une prof de français qui avait d’abord travaillé chez Camaïeu, qui nous expliquait qu’elle avait fait le DAEU à Nanterre à 40 ans et qu’elle avait passé un master et le Capes avec deux enfants. Quel courage !

Ce DAEU m’a permis d’avoir confiance en moi et de mûrir en me faisant comprendre l’importance de saisir des opportunités quand elles se présentent. Après l’avoir l’obtenu en 2014, j’ai hésité à m’orienter en licence AES (administration économique et sociale). Mais en parlant avec la responsable pédagogique, j’ai compris que ce secteur n’était pas pour moi. Je me suis donc inscrit en L1 [première année de licence de] géographie et aménagement. Je me suis finalement inscrit en licence de géographie et aménagement : un prof au lycée m’avait transmis sa passion pour cette matière.

Reprendre confiance en moi

Mais le passage du DAEU à la L1 a été rude, car la charge de travail était plus forte. On avait plus de devoirs, particulièrement de DM [devoirs maison] à faire chez soi, des exposés en groupe avec des plus jeunes… Ce n’est pas la même maturité. Toi, tu es plus âgé, tu as repris tes études alors qu’eux n’ont jamais quitté le système scolaire, donc sont plus “armés” que toi pour étudier. Mais ils sont, pour la plupart, absentéistes un mois après la rentrée. Ça a été la période très dure de ma reconversion, car je côtoyais des personnes qui n’avaient jamais travaillé et qui avaient cinq ou six ans de moins que moi. Mais je m’y suis habitué. Et puis, on a plus d’heures de cours : entre vingt et vingt-quatre heures par semaine à la fac, contre dix heures par semaine en DAEU. Cela veut dire plus d’investissement. Heureusement, j’étais boursier et je n’ai pas eu besoin de demander à ma mère de subvenir à mes besoins.

Actuellement, je suis en troisième et dernière année de licence. La géographie m’a fait mûrir. Mes méthodes de travail et d’apprentissage se sont énormément améliorées. J’ai beaucoup moins de difficultés à comprendre les cours, à me mettre au travail. Malgré un redoublement… et oui, rien n’est parfait ! J’aimerais m’orienter en master urbanisme ou gestion des territoires et développement local. Les deux secteurs m’intéressent. Avec le recul, je dis qu’il ne faut pas hésiter à reprendre ses études. La formation au DAEU existe dans toutes les universités et est ouverte à tous, à n’importe quel âge ou moment de la vie. Cela m’a permis de me remettre à niveau et surtout de reprendre confiance en moi après un sentiment d’échec professionnel. Bref, les études supérieures ne sont pas réservées aux 18-25 ans ! »

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La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur la-zep.fr, et, pour la plupart, ci-dessous :