Cap sur les élections européennes de 2019. Le Parti socialiste (PS), pas encore vraiment remis d’aplomb et relancé après sa défaite à l’élection présidentielle et aux élections législatives de 2017, a engagé, samedi 9 juin, son « chantier » sur la question européenne. Celui-ci doit d’abord se traduire par le lancement d’une consultation citoyenne, qui débouchera, mi-octobre, sur un vote ouvert à tous les Français sur le projet que portera le parti.

Deux mois après son investiture à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le premier secrétaire, Olivier Faure, a donné le coup d’envoi de ce chantier qui sera coprésidé par les députés européens Christine Revault d’Allones et Emmanuel Maurel, représentants de l’aile gauche du parti. Les députés Boris Vallaud et Marietta Karamanli en seront les co-rapporteurs.

« Nous inaugurons une méthode radicalement nouvelle, avec cette co-présidence. On nous demande de travailler ensemble, c’est ce que nous faisons », s’est félicité auprès de la presse Boris Vallaud. Il faisait référence à la fracture toujours existante depuis le référendum sur la Constitution européenne de 2005, entre les tenants du « oui » et ceux du « non ».

Divisions sur les candidatures

La question des candidatures aux élections européennes ne sera envisagée qu’à l’issue de ce processus, a fait valoir M. Faure. « Je suis de ceux qui pensent qu’il faut procéder par étapes. Avant de savoir qui, il faut savoir quoi. La question c’est comment on fait coïncider un objectif politique avec une incarnation humaine », a-t-il justifié.

Mais, d’ores et déjà, les divisions sont là. Et c’est l’hypothèse de la candidature de Pierre Moscovici qui les suscitent. Le commissaire européen avait tenu au congrès du PS à Aubervilliers un discours quasiment programmatique, en invitant ses camarades à s’engager sur la voie de l’« eurosocialisme », « celle d’un socialisme vraiment européen et vraiment de gauche ». Il voudrait bien convaincre les sociaux-démocrates européens de le désigner « Spitzenkandidat » pour briguer la présidence de la commission européenne.

Pour l’aile gauche du PS, cette candidature un casus belli. Et si l’ex-premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis défend en privé cette option, plusieurs ténors expriment des réticences, tels Christian Eckert, ou plus récemment Michel Sapin. Interrogé sur le sujet dans l’émission le Grand Jury, le 27 mai, M. Faure a répondu que M. Moscovici « fai (sait) partie des candidats qui existent ». « Franchement ce n’est pas comme ça que je veux procéder et je conseillerais à chacun de rester très mesuré dans ses ambitions », a-t-il toutefois ajouté, écartant, par ailleurs, l’idée d’être candidat lui-même.