Les objectifs assignés aux Trois Lions par la presse britannique : vaincre les Bleus (et la Croatie)
Les objectifs assignés aux Trois Lions par la presse britannique : vaincre les Bleus (et la Croatie)
Par Pierre Bouvier
Personne ne misait sur l’Angleterre avant le Mondial, mais pour la première fois depuis cinquante-deux ans, l’équipe participe à un match pour la finale et le pays se prend à rêver.
Le prestige de Gareth Southgate, le coach britannique a grandi après chaque succès de l’équipe. / Dylan Martinez / REUTERS
Il y a ceux qui sont déjà en finale et ceux qui s’y voient déjà. « L’attente a pris fin, l’Angleterre est prête à devenir dingue pour la Coupe du monde », écrit le Guardian. Les supporteurs anglais en sont persuadés : la Coupe du monde va « rentrer à la maison ». Mais avant de reprendre en chœur le tube des Three Lions sur Trafalgar Square, les vingt-trois joueurs anglais vont devoir éliminer la Croatie, mercredi 11 juillet, à 20 heures, à Moscou. La presse britannique semble toutefois avoir sauté cette étape, se concentrant sur son potentiel match de dimanche soir, plutôt que sur celui de mercredi.
C’est la première fois, depuis le Mondial de 1990 en Italie, que les Trois Lions (surnom de l’équipe britannique) atteignent ce niveau de la compétition, face à une adversaire qui est « à six places derrière la sélection britannique dans le classement de l’UEFA », rappelle le Guardian. Le Daily Mail évoque de son côté « le grand jour, que l’Angleterre attend depuis 10 234 jours ». Et de parler de « véritable chaos », en cas de qualification, « la première depuis 1966 ».
Si la France se prend à espérer reproduire l’exploit de 1998, l’Angleterre rêve de celui de 1966, « un événement si jalousement ancré dans la culture populaire – le stade de Wembley, la danse de Nobby Stiles ou l’image de Bobby Moore s’essuyant les mains avant d’effleurer le gant blanc de la Reine – qu’imaginer un jour l’égaler semble relever de l’hérésie », poursuit le Guardian.
Lectures différentes d’une histoire commune
Statistiques en main, The Evening Standard essaie de garder la tête froide : « L’Angleterre et la France se sont rencontrées 31 fois, mais les Trois Lions n’ont remporté qu’une de leurs huit dernières rencontres, 2-0, lors d’un match amical à Wembley en novembre 2015. En revanche, la France n’a perdu aucun match à enjeu contre l’Angleterre depuis Bilbao, le 16 juin 1982 (3-1), lors de la phase de poule de la Coupe du monde. Lors de leur dernière rencontre, en match amical, en juin 2017, Umtiti, Djibril Sidibe et Ousmane Dembele ont effacé les deux buts de Harry Kane (3-2). »
Le Sun lit autrement ces statistiques, rappelant que « depuis 1930, les deux équipes ne se sont rencontrées que deux fois, la première en 1966 – ce pourrait être un bon présage – avec une victoire 2-0 pour les Trois Lions. L’autre rencontre est celle de 1982, avec (3-1), grâce à un doublé de Bryan Robson et un but de Paul Mariner ». Le tabloïd poursuit : « En prenant en compte tous les matches, y compris amicaux depuis 1923, les face-à-face se sont soldés par dix-neuf victoires pour l’Angleterre, neuf pour la France et cinq matchs nuls. »
Le Guardian a interrogé des experts internationaux sur les chances de l’équipe britannique de remporter la Coupe du monde : « – Peuvent-ils gagner ? – Oui. – Vont-ils gagner ? – Non. » Plus prudent, The Independent refuse de vendre la peau de l’ours : « Qui va remporter la finale ? L’Angleterre est légèrement favorite, enfin, à la marge. Si le match n’était pas réglé dans le temps réglementaire, les deux séances de tirs au but qu’ils ont déjà pratiqué pourraient donner confiance à la Croatie. »
Un antidote au Brexit
Et le Brexit dans tout ça ? Gareth Southgate, le coach britannique, dont le prestige a grandi après chaque succès de l’équipe, fait mieux que Theresa May, note le Financial Times. « Il est parvenu à renégocier la relation du pays avec le continent. Son équipe réunit le meilleur des traditions britanniques et continentales. » Le Daily Express va plus loin et rappelle les propos du sélectionneur : « Le pays a traversé des moments difficiles sur le plan de l’unité [référence évidente au Brexit], mais la réponse de l’équipe en Russie, a montré que nous avons encore des valeurs communes. »
Si d’aventure, les Trois Lions se qualifient pour la finale et la remportent face aux Bleus – « honni soit qui mal y pense » – une pétition, qui a déjà recueilli près de 220 000 signatures, demande de faire du lundi 16 janvier un jour férié… pour récupérer des excès de la veille.