Affaire Benalla : des militants macronistes ont diffusé les images de vidéosurveillance
Affaire Benalla : des militants macronistes ont diffusé les images de vidéosurveillance
Par Le Monde.fr
« Mediapart » révèle que moins de douze heures après que, selon les dires d’Alexandre Benalla, les images ont été transmises à l’Elysée, plusieurs comptes de militants LRM en ont diffusé des extraits sur les réseaux sociaux.
Caméra de vidéosurveillance place de la Contrescarpe, dans le 5e arrondissement de Paris. / Capture écran / GOOGLE STREET VIEW
Les images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe ont-elles été instrumentalisées par l’Elysée ? C’est l’une des questions-clés de l’affaire. Dans un entretien au Monde, M. Benalla lui-même affirme avoir remis un CD-Rom contenant ces images à un responsable de la communication de la présidence de la République.
Ce 1er mai, une caméra de vidéosurveillance de la ville de Paris a filmé ce qui se passait sur la place – avant, pendant et après que M. Benalla frappe deux personnes. Malgré l’ouverture d’une enquête, le lendemain, par l’Inspection générale de la police nationale – à qui des images amateur avaient été transmises –, cette vidéo n’a pas été transmise aux enquêteurs de la « police des polices ».
Elles ont pourtant été conservées, dans des conditions peu claires et alors que la loi prévoit leur suppression obligatoire au bout de trente jours, sauf en cas d’enquête. Elles ont également été transmises, juste après les premières révélations du Monde, à M. Benalla lui-même, qui affirme ne pas les avoir regardées, mais avoir transmis directement le fichier à Ismaël Emelien, conseiller spécial du président de la République.
Soupçon d’instrumentalisation
Qu’a fait la présidence de ces images ? « Je crois qu’ils ont essayé de la diffuser et de la fournir à des gens, pour montrer la réalité des faits », expliquait M. Benalla. Une enquête de Mediapart, publiée jeudi 26 juillet, montre qu’effectivement, des images issues des bandes de vidéosurveillance ont bien été diffusées en ligne, dès le lendemain matin. Le site d’investigation a retrouvé la trace de plusieurs comptes militants, qui ont publié ou retweeté une vidéo des images de vidéosurveillance.
@Libertarian_Soc @Romain_Pigenel Oui j'ai.. le voici 😉Tweet supprimé de @FrenchPolitic ⬇️ https://t.co/tj6eOca9Yn
— FallaitPasSuppr (@Fallait Pas Supprimer 📸)
Diffusée initialement par le compte frenchpolitic, qui affiche les couleurs LRM, la vidéo a été reprise par plusieurs militants du parti, avec à chaque fois le même message : l’homme violemment interpellé par Alexandre Benalla aurait participé à des violences juste avant. Les messages contenant la vidéo ont depuis été supprimés. Mais leurs traces en ligne apportent du crédit aux déclarations de M. Benalla, et aux accusations selon lesquelles l’Elysée a tenté d’instrumentaliser des images obtenues de manière illégale. Trois policiers ont été sanctionnés pour avoir transmis les images en question à Alexandre Benalla.
Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla
Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er-Mai.
- Mercredi 18 juillet, Le Monde publie ses premières révélations et écrit avoir identifié Alexandre Benalla sur une vidéo mise en ligne dès le 1er mai sur YouTube.
- Le public découvre alors le visage de cet homme et de sa « bande », qui ne quitte jamais le sillage d’Emmanuel Macron depuis l’élection présidentielle.
- D’une ZUP d’Evreux jusqu’au premier cercle du président : récit d’une ascension mystérieuse.
- En quelques jours, l’affaire est devenue une affaire d’Etat.
- Benalla, Mizerski, Crase... qui sont les personnages-clés ?
- A l’Assemblée, une commission d’enquête présidée par la députée LRM Yaël Braun-Pivet a mené des auditions. Une semaine plus tard, l’opposition claque la porte accusant l’Elysée de vouloir « torpiller » les travaux.
- Le point sur les auditions de : Gérard Collomb, ministre de l’intérieur ; Michel Delpuech, préfet de police de Paris ; Patrick Strzoda, directeur de cabinet de l’Elysée.
- Dommage collatéral, l’examen de la révision constitutionnelle a été suspendu et ne reprendra pas avant la rentrée et Les Républicains déposent une motion de censure contre le gouvernement.
- Dans cette affaire, la question des images de vidéosurveillance est centrale alors que trois policiers ont été sanctionnés pour les avoir transmises à M. Benalla et que l’Elysée est accusée de les avoir instrumentalisées.
- Après une semaine de silence, Emmanuel Macron s’est finalement exprimé devant des députés en assurant qu’il était le « seul responsable » de l’affaire.
- Les plaignants se sont également exprimés via leur avocat qui les présente comme « des badauds qui venaient assister à une manifestation ».
- Pour Jean-Pierre Mignard, avocat pénaliste, proche du président Emmanuel Macron : « L’Elysée a sous-estimé la faute d’Alexandre Benalla. »
- Plus d’une semaine après les révélations du « Monde », l’ex-chargé de mission de l’Elysée, Alexandre Benalla, a accepté de répondre longuement à nos questions dans un entretien exclusif.