Le rejet de l'IVG en Argentine provoque des violences
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L’essentiel

  • Alors que les députés argentins l’avaient approuvée, le Sénat a rejeté jeudi la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en Argentine.
  • Le débat sur l’avortement a profondément divisé la société argentine ces derniers mois et l’Eglise s’est fortement mobilisée contre ce projet de loi.
  • Le non l’ayant emporté, il faudra probablement attendre 2020 avant que la question de l’avortement puisse de nouveau être examinée par le Parlement.

Le chiffre

38 sénateurs

C’est le nombre d’élus ayant dit non au texte prévoyant l’IVG pendant les quatorze premières semaines de grossesse ; 31 sénateurs ont voté en sa faveur et deux se sont abstenus, selon les résultats officiels. Le 14 juin, à la Chambre des députés, le texte avait été adopté de justesse par 129 voix pour et 125 contre. Le Sénat est plus conservateur, car chacune des 24 provinces dispose de trois représentants, quel que soit son poids démographique.

L’avortement reste donc considéré comme un délit par le code pénal argentin. Une femme qui avorte risque ainsi entre un et quatre ans de prison, et tous ceux l’ayant aidée encourent jusqu’à six ans de prison.

La citation

En marge d’une conférence de presse de l’Association des actrices argentines, qui se sont beaucoup mobilisées pour le projet, l’actrice Alejandra Flechner a dénoncé le choix des sénateurs :

« Il faut plutôt dire qu’ils ont voté pour l’avortement clandestin. Ce vote est une honte. Les sénateurs n’ont rien compris, ils ont méprisé 2 millions de personnes dans la rue, mais le coût politique sera énorme pour eux. »

Quelques heures après l’échec du projet de loi, le gouvernement argentin a souligné qu’un effort allait être fait sur la prévention.

La photo

Un homme brandit un mouchoir vert, symbole des partisans du droit à l’avortement, face aux policiers devant le Congrès à Buenos Aires après le vote des sénateurs, dans la nuit du 8 au 9 août. / MARCOS BRINDICCI / REUTERS

Et après ?

« Le débat va continuer, a assuré le président argentin de centre-droit, Mauricio Macri, après le vote. Le problème est là, et nous devons continuer de travailler pour que toutes les femmes aient la possibilité de choisir et de planifier leur vie. »

Alors qu’un député de la coalition gouvernementale Cambiemos (Changeons) avait mentionné l’idée d’un référendum, le chef du gouvernement, Marcos Pena, a réaffirmé que le débat continuerait dans un cadre parlementaire.

Il a rappelé que le 21 août l’exécutif allait envoyer au Parlement une réforme du code pénal. S’il n’a pas donné de précisions, ce sera probablement l’occasion de dépénaliser l’avortement car il existe un consensus sur ce point.