La banque centrale vénézuélienne dévalue le bolivar de 96 %
La banque centrale vénézuélienne dévalue le bolivar de 96 %
Cette dévaluation est adossée au rattachement du nouveau bolivar à une cryptomonnaie créée par le président vénézuélien, afin de contrer les sanctions financières adoptées par les Etats-Unis.
Au Venezuela, faire ses courses coûte des millions
Après le lancement de nouveaux billets amputés de cinq zéros, le gouvernement vénézuélien a dévoilé la seconde phase de son plan de relance économique, qui dévalue de 96 % sa nouvelle monnaie, le bolivar « souverain », par rapport au dollar.
La banque centrale du Venezuela a annoncé, mardi 21 août, que le nouveau taux était de 68,65 bolivars « souverains » pour 1 euro, équivalant à environ 60 bolivars souverains pour 1 dollar.
Pour atténuer les effets de cette dévaluation, le président Nicolas Maduro a annoncé une hausse du salaire minimal de 5 millions à 180 millions (1 800 bolivars souverains), soit 30 dollars au taux qui était celui du marché noir et qui devient le taux officiel.
Nouvelle monnaie adossée à une cryptomonnaie
Ce nouveau bolivar souverain sera rattaché au petro, la cryptomonnaie créée par Nicolas Maduro pour tenter de contrer les sanctions financières adoptées par Washington. Le cours du petro est ancré au prix du baril de pétrole, une matière première dont le sous-sol vénézuélien est infiniment riche. « Les salaires, les retraites et les prix vont être basés sur le petro », a précisé le chef de l’Etat.
Son cours a été fixé à 60 dollars et à 360 000 millions de bolivars. Le gouvernement veut en proposer 100 millions d’unités et affirme qu’une prévente, organisée de la fin de février à la fin de mars, aurait généré 5 milliards de dollars d’intentions d’achat.
C’est la première fois qu’un pays adosse sa monnaie sur une cryptomonnaie. Les prix et les salaires seront fixés dans les deux monnaies.
Dans les rues de Caracas, de longues filent étaient visibles aux distributeurs et les Vénézuéliens commençaient à échanger avec leur nouvelle monnaie au milieu d’un appel à une grève générale de vingt-quatre heures mardi lancé par l’opposition pour protester contre les décisions du gouvernement.
Mais elle semblait partiellement suivie, seuls quelques commerces restant fermés.
« Les banques sont en train de travailler et de distribuer du liquide (...) J’ai pu effectuer des transferts, des paiements et tout est normal », a déclaré César Aguirre, un comptable de 38 ans, après avoir retiré de l’argent.
« Tout a augmenté »
Mais les craintes de hausse de prix étaient bien présentes. « Tout continue d’être cher (...). Tout a augmenté. Je viens d’acheter une empanada (chausson à la viande) à Petare et elle m’a coûté 2 millions » de bolivars anciens (soit 2 bolivars souverains), s’est plainte Carmen Maldonado, femme au foyer.
Pendant ce temps, dans le centre de Caracas, des centaines de chavistes marchaient vers le palais présidentiel de Miraflores en soutien au chef de l’Etat, qui était attendu à l’arrivée du cortège. Il s’agira de sa première apparition depuis l’attaque supposée de début août.
Par ailleurs, à compter de lundi est abrogée la loi qui prévoyait des amendes et des peines allant jusqu’à quinze ans de prison pour les auteurs d’opérations de change en marge du très rigide contrôle exercé par l’Etat depuis 2003.
Les Vénézuéliens peuvent désormais se rendre dans des bureaux de change « autorisés », dont 300 doivent ouvrir, ont annoncé les autorités. Les premières opérations de change étaient attendues dans l’après-midi, selon le gouvernement.
Analystes et économistes ne jugent pas viable, voire « surréaliste » le programme du gouvernement, qui prévoit aussi une hausse du salaire minimal de près de 3 400 % dans un pays où l’inflation est attendue à 1 000 000 % à la fin de 2018, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des millions de personnes ont fui le Venezuela en raison de la crise économique.
La crise au Venezuela expliquée en 5 minutes
Durée : 04:35