Le championnat de France de handball veut faire « une entrée assumée dans le sport spectacle »
Le championnat de France de handball veut faire « une entrée assumée dans le sport spectacle »
Par Clément Martel
La Starligue, première division de handball masculin, est le premier championnat européen. La saison reprend mercredi. La Ligue affiche ses ambitions de développement.
Triple champions de France en titre, Nikola Karabatic – ici le 28 avril 2018 – et ses partenaires du PSG aspirent à poursuivre leur domination en championnat de France. / ALAIN JOCARD / AFP
Olivier Girault a le sourire. Elu depuis huit mois à la tête de la Ligue nationale de handball (LNH), l’ancien ailier international est on ne peut plus satisfait d’être aux commandes du « meilleur championnat du monde ». Alors que la saison de la première division de handball masculin reprend mercredi 5 septembre, jamais le championnat de France n’a autant mérité son nom de Starligue.
Grâce au triplé français en Ligue des champions l’an passé (Montpellier sacré, devant Nantes et Paris), la D1 hexagonale occupe, pour la première fois, la tête des championnats européens, devant ses homologues allemandes et espagnoles, selon le classement annuel de l’EHF (Fédération européenne de handball), établi selon le classement des clubs en coupe d’Europe.
Pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers : le championnat de France entend surfer sur l’état de grâce de ses trois locomotives pour poursuivre son développement. Il entend « demeurer le championnat le plus attractif » face à une concurrence accrue, notamment des clubs allemands « qui seront en ordre de marche ». Dans cette optique, Olivier Girault a une ligne directrice : faire en sorte que « les clubs performent encore plus, aussi bien sur le plan sportif qu’en dehors. »
« Entrée assumée dans le sport spectacle »
Outre d’excellents résultats sportifs – illustrés également par les performances de l’équipe de France (championne du monde en 2017), pour achever sa mue, la Starligue aspire à une plus grande médiatisation. Pour Olivier Girault, celle-ci passe par « une entrée assumée dans le sport spectacle », avec de nouvelles salles, comme à Aix-en-Provence.
« A un moment il faut vendre quelque chose de beau, les gens viennent vivre un moment exceptionnel », constate le président de la LNH, pour qui « le spectacle n’empêche pas d’avoir la performance ». « Et aussi bonne soit l’équipe sur le terrain, si elle joue dans un Cosec [complexe sportif évolutif couvert, les gymnases polyvalents], c’est compliqué. »
Entraîneur de l’ambitieux club nantais, sur le podium national des deux dernières saisons (et vice-champion d’Europe), Thierry Anti abonde. « A Nantes, dans la nouvelle salle [le Palais des sports, refait à neuf], l’idée principale est d’en faire un bien meilleur lieu d’accueil pour les médias, les VIP et les spectateurs. » En avertissant toutefois de « ne pas oublier les joueurs » dans cette révolution que vit le championnat.
Ce développement passe également par l’augmentation des droits télévisés. Actuellement diffusée par BeIN Sports, la Starligue a lancé un appel d’offres pour la période 2019-2023, avec pour objectif d’augmenter à la fois la somme empochée – 4 millions d’euros par an actuellement, contre 10 millions pour le basket – et sa visibilité, qui passerait par des matchs diffusés en clair.
Et la première division ne manque pas d’atours au moment de séduire les diffuseurs. Tous les acteurs du handball hexagonal soulignent la densité qu’a acquise leur championnat. Ainsi, pour l’entraîneur montpelliérain, Patrice Canayer, il est aujourd’hui plus ardu d’être sacré champion de France que de faire un beau parcours en Ligue des champions. S’il estime son équipe « capable de battre n’importe quelle équipe européenne », l’entraîneur du champion d’Europe en titre insiste sur la « régularité au plus haut niveau » nécessaire en championnat national.
« Les meilleures équipes du monde sont ici », approuve le nouvel entraîneur du Paris-Saint-Germain handball, Raul Gonzalez. Auréolé du titre de champion d’Europe avec Skopje (Macédoine) en 2017, l’entraîneur espagnol arrive dans la capitale avec pour mission de poursuivre la mise sur orbite du club aux actionnaires qataris. Et de décrocher la Ligue des champions, qui s’est refusée au PSG lors des trois derniers Final Four de la compétition, tout en maintenant la suprématie domestique du club.
« Une finale de Ligue des champions chaque semaine »
« Le championnat de France est devenu très relevé, très homogène, et avec des équipes très performantes », souligne son joueur, le gardien vétéran Thierry Omeyer. Pour sa dernière année sur le terrain, l’ancien portier de l’équipe de France, époque « les Experts », relève que désormais, « il n’y a plus aucun match où l’on peut se dire “j’ai déjà gagné avant de jouer” ». Et d’insister : « Aujourd’hui être champion de France, c’est vraiment quelque chose ! »
Une densité dont se félicite Olivier Girault. Si le président de la LNH aspire à augmenter la visibilité de sa Starligue, pas question pour autant d’envisager de changer de formule – comme c’est le cas en seconde division cette saison, avec la mise en place d’un Final Four. « Il y a dix ans, on aurait peut-être envisagé un Final Four pour rendre la D1 plus attractive, mais aujourd’hui, chaque semaine, c’est une finale de Ligue des champions qui se joue ! »
Et de prendre pour exemple la rencontre voyant, jeudi, le champion d’Europe Montpellier recevoir l’ambitieux club d’Aix-en-Provence : « La majorité des équipes prennent pour modèle » ce dernier, avance Olivier Girault. S’inspirant du développement montpelliérain, le club entraîné par Jérôme Fernandez a investi une salle flambant neuve à la fin de 2017 et ne cache plus ses visées pour le haut du tableau.
Les clubs – même ceux habitués du haut du classement ces dernières années – « savent que le moindre point perdu dès l’entame de la saison pourra poser problème », conclut Girault. Ce que pondère Thierry Anti. Pour l’entraîneur de Nantes, la densité du championnat pourrait modifier la donne. « Beaucoup d’équipes ont de très beaux effectifs, et peuvent venir troubler certains résultats, affirme le coach nantais. Et il se peut que le futur champion de France ait bien plus de défaites que lors des précédentes saisons. »