Football : ce que l’on sait de l’enquête sur des soupçons de fraude qui touche la Belgique
Football : ce que l’on sait de l’enquête sur des soupçons de fraude qui touche la Belgique
Une enquête sur des faits présumés « d’organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption privée » dans le cadre du championnat de première division a donné lieu à de multiples perquisitions et interpellations mercredi.
Le football belge est dans la tourmente. Une enquête sur des faits présumés « d’organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption privée » dans le cadre du championnat de division 1A est en cours, selon le parquet fédéral, et a donné lieu à de multiples perquisitions et interpellations mercredi 10 octobre.
Jeudi 11 octobre, les auditions des personnes soupçonnées d’être impliquées dans cette affaire devaient se poursuivre. Certains des protagonistes, interrogés mercredi, ont été relâchés : l’ex-manager d’Anderlecht Herman Van Holsbeek par exemple. Pour sa part, l’entraîneur du club de Bruges, Ivan Leko, a passé la nuit à la police judiciaire fédérale d’Hasselt et devait être présenté dans la journée de jeudi au juge d’instruction, selon la RTBF.
Il y a trois ans, la justice belge avait condamné des agents de joueur, des joueurs, un entraîneur dans une autre affaire pour des faits de matchs faussés et de corruption au cours des saisons 2004-2005 et 2005-2006.
Sur quoi l’enquête porte-t-elle ?
L’enquête a débuté fin 2017. Menée par la justice belge, elle porte sur des soupçons de fraude sur les commissions liées aux transferts ou aux salaires des joueurs, mais aussi sur des matchs truqués au cours de la saison dernière en première division belge.
Selon le parquet fédéral, c’est un rapport de l’unité des fraudes sportives de la police fédérale qui a servi de déclencheur. Il révélait « des indications de transactions financières suspectes » dans le Championnat belge, concernant les commissions sur les transferts mais aussi les salaires versés aux joueurs et entraîneurs.
Les investigations ont ensuite été étendues après « des indications d’influence possible sur les matchs de la saison 2017-2018 », a précise le parquet. Mercredi après-midi, le président du club de Westerlo (2e division), Herman Wynants, a déclaré qu’il avait signalé dès mars 2017 à l’unité des fraudes sportives des soupçons de match arrangé. En l’occurrence ceux-ci portaient sur un match joué entre Courtrai et Mouscron lors de la dernière journée de la saison de Pro League 2016-2017.
Que s’est-il passé mercredi ?
Une opération policière, coordonnée dans sept pays européens (Belgique, France, Luxembourg, Chypre, Monténégro, Serbie et Macédoine) a donné lieu à 57 perquisitions, avec au total 220 policiers mobilisés.
En, Belgique, 44 perquisitions ont été effectuées, visant les domiciles de dirigeants de club, d’agents, d’arbitres, celui d’un ancien avocat, un bureau comptable ou encore des journalistes, a détaillé le parquet.
Des documents et des avoirs placés dans des comptes bancaires et des coffres-forts ont été saisis. Et pas seulement en Belgique.
Qui est visé ?
Les sièges de plusieurs clubs belges ont été perquisitionnés mercredi. Ceux notamment du FC Bruges, du Standard de Liège, d’Anderlecht et de Genk, actuel leader de la première division belge, a indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.
Au Luxembourg, les locaux d’une société commerciale et des banques ont été ciblés, selon le parquet du Grand-Duché.
Parmi les personnes arrêtées figuraient le Croate Ivan Leko, entraîneur du FC Bruges, ainsi que Herman Van Holsbeeck, ex-manager général d’Anderlecht, le club le plus titré du pays.
Treize raids policiers ont également eu lieu hors Belgique, ciblant les bureaux ou domiciles de « dirigeants de personnes morales » qui seraient impliquées dans les transactions suspectes. Le parquet fédéral n’a cité aucun nom de club.
A Chypre, la police locale a annoncé qu’un homme de 52 ans, résident étranger, a été interpellé en vertu d’un mandat d’arrêt européen émis par la Belgique, sans plus de détails.
Y a-t-il un acteur central dans cette affaire ?
Un nom est abondamment cité par les médias belges : celui de Mogi Bayat, présenté comme l’agent de joueurs le plus puissant de Belgique. Mercredi matin, le parquet fédéral a confirmé que celui-ci avait été interpellé.
Mogi Bayat est le frère d’un dirigeant du Sporting de Charleroi et il a longtemps été, du temps de l’ancienne direction d’Anderlecht remplacée fin 2017, l’agent « incontournable » de ce club, selon le quotidien Le Soir.