Un homme ouïgour à Urumqi, Xinjiang le 23 mars 2014. / CHINA STRINGER NETWORK / REUTERS

Le pouvoir chinois avait d’abord nié son programme d’internement de près d’un million de musulmans dans la région du Xinjiang, dénoncé par un groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies. Face aux preuves accablantes qui l’accusent, Pékin tente d’imposer sa version des faits.

Mardi 16 octobre, le président de la région autonome du Xinjiang, Shohrat Zakir, a assuré dans un entretien publié par l’agence de presse officielle Chine nouvelle que ces camps d’internement étaient en réalité des centres de « formation professionnelle » visant à améliorer les aptitudes et le niveau de mandarin des membres de minorités ethniques.

Près de la moitié des 24 millions d’habitants du Xinjiang sont de confession musulmane. Appartenant à la minorité ouïgoure où à d’autres communautés turcophones, ils sont visés par des politiques sécuritaires très sévères de la part des autorités chinoises. Des attentats attribués par Pékin à des séparatistes ou des extrémistes ouïgours ont fait des centaines de morts ces dernières années. Les autorités disent s’inquiéter d’une poussée de l’islamisme radical dans la région.

La Chine de plus en plus critiquée

« Ils ont souvent des difficultés à trouver un emploi en raison de compétences professionnelles limitées. Cela entraîne des conditions de vie et de travail difficiles dans la région. Et ils sont plus facilement attirés ou forcés de s’engager dans le terrorisme et l’extrémisme », a expliqué Shohrat Zakir, lui-même d’origine ouïgoure. Le président du Xinjiang a assuré que les « stagiaires » signaient un contrat de formation avec les centres et étaient payés. La région autonome a publié la semaine dernière de nouvelles règles codifiant explicitement ces centres.

Après la publication d’images satellites et la présence sur Internet de documents officiels émis par les autorités locales, le programme d’internement des musulmans du nord-ouest de la Chine est de plus en plus critiqué, notamment par les Etats-Unis et le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale. 

La contre-offensive médiatique menée par Pékin qu’intègre la déclaration de Shohrat Zakir s’est déjà traduite par la publication ces dernières semaines de tribunes dans de nombreux journaux étrangers de diplomates chinois dans le but de défendre ces centres, qui sont, selon eux, de bons moyens de lutter contre l’extrémisme religieux.