La campagne pour les midterms bat son plein sur le campus d’une université de Baltimore
La campagne pour les midterms bat son plein sur le campus d’une université de Baltimore
Après avoir raconté comment il avait intégré le prestigieux King’s College de Londres, l’étudiant Milan Czerny, en échange à l’université Johns Hopkins, à Baltimore, évoque dans une nouvelle chronique l’ambiance des « midterms », les élections de mi-mandat sur son campus.
Milan Cserny
Chroniques londoniennes. Milan Czerny partage au fil de l’année scolaire son expérience au King’s College de Londres, où il est étudiant en première année de relations internationales. Il est actuellement en échange à l’université Johns Hopkins, à Baltimore.
Dès le début du mois d’octobre, aux abords des campus américains, des bénévoles ont commencé à agiter leurs grands panneaux aux couleurs des États-Unis. Un objectif : inciter les élèves à s’enregistrer pour pouvoir voter aux élections de mi-mandat qui se tiennent le 6 novembre. Les midterms sont omniprésentes dans les débats politiques outre-Atlantique et dans la communication de l’université de Johns Hopkins, à Baltimore, dans laquelle j’étudie pour un an dans le cadre d’un échange.
Le scrutin de cette année représente un enjeu important pour les démocrates : parviendront-ils à mobiliser davantage afin de renverser les majorités au Sénat et à la Chambre des représentants afin de pouvoir, enfin, s’opposer à la politique de Donald Trump ? À l’opposé de la neutralité politique des universités françaises, Johns Hopkins affiche clairement ses préférences. Les midterms sont des élections qui, généralement, sont marquées par une faible participation, particulièrement dans la tranche d’âge des 18 à 29 ans. En 2014, le taux de participation frôlait 20 % chez les jeunes. Cela s’explique notamment par la complexité des démarches pour voter : l’enregistrement sur les listes doit être renouvelé ; une procuration est nécessaire pour voter dans son État de résidence si l’on étudie loin de chez soi ; il faut prendre le temps d’aller voter, lors de la période de vote anticipé ou le jour même.
Les services et opérations mis en place par l’université afin d’inciter les étudiants à s’enregistrer afin qu’ils puissent élire le 116e Congrès, en renouvelant 33 sénateurs et en désignant les 435 membres de la Chambre des représentants, une multitude d’assemblées et de pouvoirs locaux, se sont multipliés au fur et à mesure du semestre.
Un système en ligne résumant les réglementations en place dans chaque État, une armée de conseillers prêts à simplifier les procédures nécessaires pour un vote par procuration, un pique-nique pour le National Voter Registration Day, un isoloir installé afin que chacun puisse écrire ce qui le motive à voter : l’administration de l’université veut s’assurer qu’un maximum d’étudiants votent et fassent le « bon choix ». Chaque événement est l’occasion d’insister sur la nécessité de s’inscrire pour pouvoir voter. Le discours du président de l’université, lors du jour destiné aux activités de bénévolat, une nécessité à Baltimore, une des villes les plus pauvres et violentes des États-Unis, n’a pas manqué de le rappeler. Cela n’a pas plu à tous les étudiants, qui ont estimé que ce n’était pas le moment ni l’endroit de mentionner, une fois encore, les midterms. Il est vrai qu’aucune consigne de vote claire n’a été prononcée par l’administration. Le déploiement exceptionnel de moyens et les discours des professeurs dans les classes indiquent en revanche de façon évidente la couleur du camp choisi : le bleu des démocrates.
Un de mes camarades a tenté de m’expliquer la raison pour laquelle l’université tente d’attirer, avec des donuts et des bagels offerts, les étudiants aux événements liés aux élections. Un contrat tacite a lieu : l’université, qui est une institution privée, aide les démocrates à se faire élire et en retour ceux-ci favorisent son développement. Il est difficile, pour le moment, de jauger l’effet des dispositifs mis en place sur le campus. Cet étudiant qui a bien voulu répondre à mes nombreuses questions, nécessaires afin que je puisse tenter de comprendre l’extrême difficulté des lois électorales, différentes selon chaque État, m’a affirmé tout de même que les midterms de cette année sont davantage au cœur des discussions entre les élèves. Une question revient souvent : voter dans l’État où l’on réside ou dans celui où l’on étudie ? Il est plus aisé de le faire sur le campus, mais d’autres facteurs entrent en jeu comme l’utilité de son vote : le Maryland, où se situe Baltimore, est acquis aux démocrates, alors que la circonscription d’origine de mon camarade, dans l’Indiana, est contestée entre les démocrates et les républicains.
Les opérations pour s’inscrire sur les listes se terminent, celles annonçant le début de la période de vote anticipé, qui dure du 25 octobre au 1er novembre, débutent. Les fraternités organisent des soirées déguisées autour de la star Taylor Swift, la chanteuse a pris position pour les démocrates et a appelé les Américains à aller voter. Aucune soirée sur le thème « Kanye West », le rappeur a multiplié les gestes d’affection envers le président, n’est prévue. Le campus de Johns Hopkins retiendra son souffle le 6 novembre, jour de la parution des résultats, qui révélera si les universités américaines sont des îlots bleus dans une Amérique rouge acquise à Trump.