François Molins a assisté en première ligne à la multiplication des départs de djihadistes français et à la vague d’attentats. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Le procureur François Molins a été nommé officiellement par un décret du président de la République en date de vendredi, publié samedi 27 octobre au Journal officiel, procureur général près la Cour de cassation, le plus haut poste de magistrat du parquet en France, où il succède à Jean-Claude Marin.

« Par décret du président de la République en date du 26 octobre 2018, vu l’avis du Conseil supérieur de la magistrature lors de sa séance du 10 juillet 2018, M. François Molins, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Paris, est nommé procureur général près la Cour de cassation », peut-on lire.

Il devrait être remplacé à ce poste sensible par Rémy Heitz, qui a reçu pour cela un avis positif du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et attend sa nomination officielle par décret présidentiel.

La « voix » des attentats

François Molins était devenu la voix des attentats. De novembre 2011, date de sa nomination comme procureur de Paris, puis surtout à partir de mars 2012, lors de l’assaut contre Mohamed Merah, François Molins était l’homme de la situation face à l’explosion de la menace djihadiste… Dans le monde d’avant, il y avait le 20 heures. A chaque attentat, il y avait désormais le « 18 h 30 de François Molins ».

Pas de regard caméra rivé au prompteur, mais des yeux qui rassurent. Pas de question, une simple déclaration. Des faits, des dates, des heures, des chiffres. Sujet, verbe, complément, imparfait de l’indicatif. Un phrasé singulier, quelques inventions juridico-poétiques (« la crêperie conspirative »). Le tout sur fond de voix de rocaille, teinté de son accent pyrénéen.

Il s’est d’emblée montré peu convaincu par l’argument d’un engagement humanitaire des partants en zone irako-syrienne. Puis avec les premiers retours de ces jihadistes plus ou moins actifs, il a accompagné le durcissement constant des poursuites et peines infligées.

Dans une interview accordée cette semaine à L’Obs, le magistrat affirme que « la justice fonctionne en toute indépendance » et assure n’avoir jamais reçu d’instruction du pouvoir. Sur sa décision de communiquer avec précision sur les enquêtes ouvertes après des attentats, il dit avoir « pris conscience » que ces prises de parole pouvaient « rassurer » après l’affaire Mohamed Merah, en 2012. « Cet exercice participe au fonctionnement de la démocratie dans la mesure où il peut renforcer la confiance du citoyen en sa justice. J’ai continué. Je considérais que c’était un devoir. Arrêter de communiquer aurait suscité des interrogations et, je pense, des inquiétudes », explique-t-il.

Avant l’affaire Merah, il n’était pas spécialement un magistrat marqué « antiterrorisme ». Il avait d’abord enchaîné les parquets de province, de Carcassonne (Aude) à Angers (Maine-et-Loire) en passant par Montbrison (Loire), avant de décrocher la direction du parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis).