C’est l’une des principales annonces faites, lundi 10 décembre, par Emmanuel Macron après un mois de mobilisation des « gilets jaunes », mais elle a nécessité plusieurs temps d’explications pour être clarifiée. « Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur », a déclaré le chef de l’Etat. En réalité, c’est le revenu de la personne – et non pas uniquement son salaire – qui va s’accroître de 100 euros nets par mois, l’année prochaine.

Cette évolution est permise en jouant sur deux curseurs, précise une source gouvernementale. Tout d’abord, la prime d’activité (PA), accordée aux travailleurs pauvres et de condition modeste, sera augmentée plus fortement que prévu en intégrant également, dès 2019, les majorations programmées en 2020 et en 2021. Soit au total une progression mensuelle de « 80 euros nets » pour la PA, détaille cette même source. Deuxième paramètre : les exonérations de cotisations salariales, appliquées en 2018, qui engendrent un gain de « 20 euros nets par mois » pour un smicard.

Orientations discutables

Précision importante : la revalorisation légale du smic, qui interviendra le 1er janvier 2019 (à hauteur d’environ 1,8 %), n’est pas prise en compte dans le bond de 100 euros, souligne un conseiller. Au total, poursuit-il, le revenu mensuel net d’une personne au smic, en incluant notamment la prime d’activité, « passera à 1 430 nets par mois en 2019, en moyenne, contre 1 307 fin décembre 2017 », explique cette même source. Ce qui équivaut à l’octroi « d’un treizième mois ». Le coût pour l’Etat de la disposition exposée lundi par M. Macron se situe entre 500 et 600 millions d’euros par an, selon le ministère de l’action et des comptes publics.

L’arbitrage du président de la République est conforme à ce qu’avait répété, au cours des derniers jours, la ministre du travail, Muriel Pénicaud : le smic ne reçoit aucun coup de pouce (en plus de sa revalorisation annuelle, d’environ + 1,8 %, qui est de droit). Ce faisant, il suit une des recommandations de la commission d’experts présidée par l’économiste Gilbert Cette : le rapport, qu’elle vient de remettre, préconise de soutenir la prime d’activité car celle-ci est jugée plus efficace pour combattre la pauvreté.

De telles orientations sont discutables parce que « la prime d’activité ne crée aucun droit, contrairement au salaire qui, lui, en crée, notamment pour la retraite et l’assurance-chômage », décrypte Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques. En outre, une hausse du smic se propage aux échelons de rémunérations situés juste au-dessus, dans le public et dans le privé : ces « effets de diffusion » ne se produiront pas avec la mesure présentée lundi par M. Macron.