Le danseur, chorégraphe et maître de ballet français Marius Petipa (1818-1910). / LES POISSONS VOLANTS

Enfin ! Marius Petipa (1818-1910) fait l’objet d’un documentaire réalisé par Denis Sneguirev. Le chorégraphe le plus interprété dans le monde, créateur du Lac des Cygnes, de La Belle au bois dormant, de Cendrillon et de nombre de best-sellers de la danse classique, reste paradoxalement méconnu du grand public français.

Fêté depuis un an partout en Russie, où le bicentenaire de sa naissance a entraîné son lot de colloques et de spectacles, l’événement est passé quasiment inaperçu dans l’Hexagone. Autant dire que le récit filmé de la vie et l’œuvre du Français le plus russe de la planète Danse tombe à pic pour rappeler son importance imparable dans l’histoire du ballet.

Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) dans une famille de danseurs – son frère Lucien sera interprète à l’Opéra de Paris –, installé en 1847 à Saint-Pétersbourg, où il décroche un contrat d’interprète, il grimpe les échelons pour finir par tenir les rênes du ballet du Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, aujourd’hui Mariinsky. Il remonte le niveau technique de la troupe en imposant une signature classique avec de grands ballets en quatre actes, inspirés par des contes, rassemblant parfois près de 250 interprètes sur le plateau…

Marius Petipa a donné ses lettres de noblesse au ballet, en s’appuyant sur une collaboration rapprochée et fructueuse avec Tchaïkovski (1840-1893), qui accepte de composer pour la danse à une époque où cet art était méprisé. Cette alliance étroite a donné les chefs-d’œuvre que l’on sait – La Belle au bois dormant (1890), Casse-Noisette (1892), Le Lac des cygnes (1895) – et fait basculer l’art chorégraphique dans une nouvelle ère.

LES POISSONS VOLANTS

Cette trajectoire épatante, ce documentaire la retrace avec nombre d’images d’archives mais aussi des extraits de ballets mis en scène pour l’Opéra national de Paris par Rudolf Noureev d’après Marius Petipa. Les analyses et commentaires de spécialistes, comme l’historien russe Pavel Guerchenzon, la journaliste italienne Valentine Bonelli, le Français et danseur Laurent Hilaire, aujourd’hui directeur de la compagnie du Théâtre Stanislavski, à Moscou, ponctuent le déroulé du film.

« Texte authentique »

La question de la transmission du répertoire Petipa est abordée par le chorégraphe russe Alexeï Ratmansky, directeur du Bolchoï de Moscou de 2004 à 2009, en résidence à l’American Ballet Theatre (ABT), à New York. Depuis 2014, il a reconstruit certaines productions en s’appuyant sur des partitions réalisées par le danseur Vladimir Stepanov (1866-1896), féru d’anatomie, qui a mis au point un système de notation spécifique et a retranscrit une vingtaine de ballets de Petipa dans les années 1880-1890.

Ratmansky s’interroge sur le « texte authentique » du chorégraphe dont il a remonté Le Lac des Cygnes et La Belle au bois dormant. Autant dire que le débat est ouvert. Plus que jamais d’actualité, Marius Petipa, qui connaît en France depuis trois ans un regain d’intérêt de la part des chercheurs français, reste un socle et un moteur.

« Marius Petipa, le maître français du ballet russe », documentaire de Denis Sneguirev (France, 2018, 52 min). Arte, dimanche 23 décembre 17 heures et lundi 24 décembre, à 1 h 50.

Arte diffuse par ailleurs le ballet de Marius Petipa Raymonda, donné pour le bicentenaire de la naissance du chorégraphe au Théâtre Mariinsky, dimanche 23 décembre, à 22 h 30, et Le Lac des cygnes, le 24 décembre, à 0 h 50.