Ma Jian, ancien chef du contre-espionnage chinois, a été condamné jeudi 27 décembre à la prison à vie pour corruption par un tribunal du Liaoning (nord-est de la Chine). Arrêté en 2015 et exclu l’année suivante du Parti communiste chinois (PCC), cet ancien vice-ministre de la sécurité d’Etat, considéré comme l’homme qui a régné des années sur les puissants services d’espionnage et de contre-espionnage, a été reconnu coupable d’avoir notamment touché des pots-de-vin.

Le tribunal populaire intermédiaire de la ville de Dalian a estimé qu’il avait commis « les crimes de corruption, d’extorsion et de délit d’initié ». Il a également été privé de ses droits politiques et ses biens ont été confisqués. Ma Jian a annoncé qu’il ne ferait pas appel, peut-on lire dans un communiqué du tribunal.

Selon le jugement rendu jeudi, à la suite d’une audience à huis clos tenue le 16 août, Ma Jian a profité de ses fonctions de ministre adjoint au bénéfice d’entreprises contrôlées par le milliardaire en exil Guo Wengui, acceptant en retour pour plus de 109 millions de yuans (près de 14 millions d’euros) de biens. Selon le tribunal, MM. Ma et Guo ont, entre 2008 et 2014, collaboré pour obtenir, parfois sous la menace, des transferts d’actions. En 2013 il s’est, toujours selon le jugement, rendu coupable de délit d’initié.

Campagne sévère contre la corruption

Peu d’éléments de la carrière de Ma Jian sont connus publiquement. Il aurait progressé pendant trois décennies au sein de l’appareil sécuritaire et se serait hissé en 2006 à ce poste clé du ministère de la sécurité d’Etat. Cette institution des plus secrètes joue un rôle fondamental pour l’Etat-parti puisqu’elle cumule le traditionnel renseignement extérieur à la surveillance et à la répression des éléments susceptibles de déstabiliser le monopole du pouvoir du PCC.

La chute de Ma Jian en 2015 avait suivi la disgrâce de son ancien patron, Zhou Yongkang, qui avait la haute main sur la police, la justice et les renseignements. Il était lui aussi tombé pour corruption. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le président chinois Xi Jinping a engagé une campagne sévère contre la corruption, qui a sanctionné plus de 1,5 million de cadres du régime. Mais certains observateurs estiment que cette campagne a visé avant tout ses opposants internes.