Brexit : les partisans du « Remain » et du « Leave » continuent de s’affronter avec des publicités Facebook
Brexit : les partisans du « Remain » et du « Leave » continuent de s’affronter avec des publicités Facebook
Les deux camps ont dépensé plus de 1 million d’euros en publicités ciblées, quelques mois à peine après le scandale Cambridge Analytica.
Un million de livres sterling (1,1 million d’euros) : c’est la somme qu’ont dépensé plusieurs groupes et partis en publicités sur Facebook, dans les jours précédant le vote du mardi 15 janvier au Parlement britannique sur l’accord de Brexit. Ce vote s’est soldé par une défaite historique pour le texte de la première ministre Theresa May, qui détaillait les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Avant le vote, le site d’information Buzzfeed a épluché les données issues des outils de transparence de Facebook, afin d’étudier la promotion et l’origine de messages diffusés sur le réseau social relatifs à ce texte.
De nombreuses publicités ciblées incitaient les internautes à contacter leurs députés pour leur demander de voter contre le projet d’accord de Mme May. Mais la majorité des publicités politiques identifiées par Buzzfeed étaient « pro-Remain » : le groupe People’s Vote, qui milite pour un second référendum sur la sortie de l’Union européenne, a dépensé à lui seul près de 250 000 euros en publicités Facebook depuis octobre 2018.
En plus de dévoiler un montant total de 1 million de livres sterling de publicités, l’enquête de BuzzFeed montre surtout qu’une part importante de ces publicités ont été achetées par des pages qui ont activement cherché à masquer leur origine.
Deux pages, Better Brexit et Now Brexit, qui semblent être animées par les mêmes personnes et qui ont dépensé des sommes relativement modestes en publicités, ont selon Buzzfeed été très probablement créées par une société proche de l’ancien responsable informatique de la campagne officielle du « Leave » en 2016.
Publicités ciblées des deux camps
Au Royaume-Uni, les publicités politiques sont très peu encadrées, contrairement à la France. La législation n’a pas évolué depuis le scandale Cambridge Analytica, cette entreprise de ciblage politique ayant travaillé pour le « Leave » et dont les pratiques plus que douteuses ont été révélées par la presse au printemps 2018.
Il reste cependant une incertitude majeure sur la légalité du financement des nombreuses publicités pro-Brexit diffusées par le camp du « Leave » en 2016. Facebook a par ailleurs écopé d’une amende de plus de 500 000 euros pour avoir insuffisament protégé les données de ses utilisateurs, collectées illégalement par Cambridge Analytica.
Juste après le vote au Parlement le 15 janvier, Christopher Wylie, le lanceur d’alerte qui avait révélé l’étendue des pratiques de Cambridge Analytica, a d’ailleurs ironisé sur l’échec du projet d’accord. « Theresa May dit que le fait que le Parlement bloque son projet merdique d’accord est une “subversion de la démocratie”. La vraie subversion de notre démocratie a eu lieu quand Vote Leave a décidé de tricher en commettant la plus grande fraude sur les financements de campagne de notre histoire », s’est-il exclamé sur Twitter.