Marche pour le climat le 27 janvier à Lyon. / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Malgré un ciel menaçant et une copieuse averse de pluie froide, la marche pour le climat a rassemblé plus de 5 000 participants, dimanche 27 janvier à Lyon, dans une forme spectaculaire. Les manifestants, toutes générations confondues, ont constitué une immense chaîne humaine, encerclant complètement la Presqu’île de la capitale des Gaules. Deux cortèges sont partis de la place des Terreaux, au pied de l’hôtel de ville central. L’un a emprunté le quai de Saône, l’autre celui du Rhône, pour se rejoindre place Bellecour. Deux grandes banderoles noires emmenaient les défilés étirés sur plusieurs kilomètres. « Lyon suffoque » disait l’une. « On veut respirer » répondait l’autre.

« On veut démontrer à quel point le climat préoccupe la population, et pas seulement une poignée de bobos », confie Maxime Forest, 25 ans, membre d’Alternatiba, l’un des principaux organisateurs de la marche lyonnaise. Ce collectif rassemble une dizaine d’associations qui fourmillent d’idée et initiatives. Limiter les voitures dans les centres des villes, programmer la fin du diesel et de l’essence, développer le vélo, accompagner les mesures… Ces associations trouvent que la métropole de Lyon n’en fait pas assez. « On a du mal à accéder à certaines données, comme la mesure de la pollution dans les écoles », constate notamment Maxime Forest.

« La pollution ne s’arrête pas à la région lyonnaise »

A Lyon, la pollution de l’air revient dans la plupart des conversations. Les associations de défense de l’environnement réclament l’expérimentation d’une journée par mois sans voiture en ville. « Il est grand temps de faire quelque chose, on pense à nos enfants, nos petits-enfants, les décisions politiques ne sont pas à la hauteur de l’enjeu » estime Pierrette, 65 ans, venue d’Oullins avec un masque sur la bouche, décoré en papillon, portant le message : « je ne veux pas disparaître ».

« Chauds, chauds, chauds, on est plus chaud que le climat. » Le slogan désormais fréquent dans les marches pour le climat est repris tout au long du parcours, dans une ambiance familiale, festive mais empreinte d’une certaine gravité. Il y a ceux qui réclament des mesures d’ensemble. Ceux qui croient aux engagements personnels pour faire évoluer les choses. Et même quelques dizaines de gilets jaunes, venus partager la préoccupation écologique, en défendant le référendum d’initiative citoyenne sur le sujet.

Charlotte, 21 ans, pense que la lutte contre le réchauffement climatique passe par des décisions à grande échelle : « La pollution ne s’arrête pas à la région lyonnaise, on doit montrer notre colère pacifiquement, pour dire au gouvernement que c’est une priorité qui nous concerne tous. » « Les gouvernements européens ne prennent pas en compte cette urgence, on nous parle sans cesse de croissance, sans réfléchir autrement sur les manières de créer de l’emploi » complète Marc, 61 ans, citant en exemple le projet d’un parc d’attraction en pleine zone sensible, dans l’Isère.

Défense de l’île de la Table ronde

« Le changement des consciences ne viendra pas d’en haut, il faut que ça change par les citoyens, les familles, en haut ils sont trop occupés à garder leur place et gagner de l’argent » affirme Vincent, 32 ans, membre de l’association Castor à Vienne (Isère). Le jeune homme brandit une pancarte sur laquelle il a dessiné la carte de France réalisée par la Nasa, en fonction de la montée des eaux. Le pays est recroquevillé, amputé de ses côtes actuelles.

Non loin, un groupe tient une banderole pour la défense de « l’île de la Table ronde ». Il s’agit d’un espace situé entre les bras du Rhône, à Vernaison, au sud de Lyon, en pleine vallée de la chimie. L’endroit est menacé par le transfert d’entreprises, prévu par un nouveau plan préfectoral des risques. « On se bat depuis quarante ans pour préserver cette petite île, huit cents classes de primaire la visitent chaque année, on compte quatre fois plus d’espèces d’oiseaux depuis vingt-cinq ans », plaide Valérie, 53 ans.

Actions locales ou comportements individuels, revendications politiques ou simple cris du cœur, la marche pour le climat avance dans l’effervescence. Ils étaient 15 000 en septembre 2018, au lendemain de la démission du ministre de l’écologie, Nicolas Hulot. Plus de 10 000 se retrouvaient encore à Lyon le 8 décembre 2018, lors d’une marche régionale. A l’échelle de la métropole, la mobilisation du 27 janvier reste significative.