En Algérie, mort du président du Conseil constitutionnel, poste clé pour la présidentielle
En Algérie, mort du président du Conseil constitutionnel, poste clé pour la présidentielle
Par Amir Akef (Alger, correspondance)
Proche du chef de l’Etat, Mourad Medelci avait validé, en 2014, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat.
Mourad Medelci en juin 2013 à Alger, lorsqu’il était ministre des affaires étrangères. / Louafi Larbi / REUTERS
Le président du Conseil constitutionnel algérien, Mourad Medelci, 76 ans, est décédé, lundi 28 janvier, à son domicile à Alger. Une disparition qui intervient à moins de trois mois de l’élection présidentielle du 18 avril, dont il était censé valider les candidatures et annoncer les résultats définitifs. Proche du président Abdelaziz Bouteflika, ce natif de Tlemcen, dans l’ouest de l’Algérie, a occupé de nombreux postes ministériels, dont ceux des finances et des affaires étrangères, avant d’être désigné en septembre 2013 à la tête du Conseil constitutionnel pour un mandat de huit ans.
En février 2011, M. Medelci, alors ministre des affaires étrangères, répondait à Jean-Pierre Elkabbach sur la chaîne française Public Sénat qui lui demandait si le président Bouteflika envisageait une présidence à vie : « C’est une blague. » Il expliquait que les objectifs du chef de l’Etat à son arrivée au pouvoir en 1999 – à savoir mettre fin à la guerre civile et remettre l’économie en marche –, avaient été atteints. « Quelle que soit la date à laquelle son mandat sera terminé, le président aura fait son parcours. Il nous appartient maintenant d’aller vers la relève », avait-il déclaré.
Un ministre discret
Des propos qui lui seront souvent rappelés par la suite puisque c’est lui qui, en tant que président du Conseil constitutionnel, avait validé les candidatures à la présidentielle de 2014, dont celle du chef de l’Etat sortant. Il avait reçu le 3 mars 2014 le président Bouteflika, venu en fauteuil roulant déposer sa candidature pour un quatrième mandat. Une candidature qui, selon les opposants, ouvrait la voie à une « présidence à vie » d’Abdelaziz Bouteflika.
Mourad Medelci, ministre discret, avait également été sur la sellette dans les années 2000 dans le cadre de l’affaire Khalifa, un scandale financier retentissant qui a marqué le début du règne d’Abdelaziz Bouteflika. Le groupe Khalifa, fondé sur un système de cavalerie financière, siphonnant les dépôts d’organismes publics et des épargnants, s’est effondré en 2003.
Entendu en qualité de témoin au procès tenu en 2007, Mourad Medelci, alors ministre des finances, avait admis ne pas avoir été suffisamment « intelligent » pour transmettre un rapport d’alerte à la Banque d’Algérie au sujet de la Khalifa Bank. « Je reconnais avec du recul que si j’avais été un peu plus intelligent, j’aurais peut-être eu la présence d’esprit de le faire », avait-il déclaré. Un aveu qui fit longtemps jaser à ses dépens.
En pleine période préélectorale
Le décès de Mourad Medelci, ramené il y a deux jours de France où il était soigné, intervient en pleine période préélectorale. Plus de 100 dossiers de candidatures ont été retirés en vue du scrutin présidentiel prévu pour le 18 avril, les plus significatives étant celles du général à la retraite Ali Ghediri, de l’ancien chef de gouvernement Ali Benflis et du chef du parti islamiste (MSP) Abderrezak Makri. La candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat est fortement soutenue par les partis dits de l’allégeance (FLN, RND notamment), majoritaires au Parlement, qui l’ont appelé « à continuer » son œuvre.
Le poste de président du Conseil constitutionnel est névralgique. C’est lui qui valide les dossiers de candidatures à la présidence de la République et il est le seul à pouvoir actionner l’article 102 de la Constitution relatif à l’empêchement du chef de l’Etat pour raison de santé. Selon la loi, le chef de l’Etat dispose d’un délai maximum de quinze jours pour désigner un nouveau président du Conseil constitutionnel.