Donald Trump souhaite que des astronautes américains marchent sur la Lune d’ici 2024. / Anupam Nath / AP

Agacé par la lenteur et l’« inertie bureaucratique » de la NASA, le gouvernement de Donald Trump a annoncé, mardi 26 mars, une accélération du programme spatial américain, avec un retour des astronautes américains sur la Lune dès 2024 – au lieu de 2028.

« Sur ordre du président, la politique officielle de cette administration et des Etats-Unis d’Amérique est de faire revenir des astronautes américains sur la Lune d’ici cinq ans », a déclaré le vice-président Mike Pence, qui préside le Conseil national de l’espace, une instance de la Maison Blanche sortie des limbes par Donald Trump après son arrivée au pouvoir.

« La première femme et le prochain homme sur la Lune seront des astronautes américains, lancés par des fusées américaines depuis le sol américain », a ajouté Mike Pence. L’élu confirme ainsi ce qu’avait dit récemment l’administrateur de la NASA : une femme devrait être la prochaine à fouler le sol lunaire, qu’aucun humain n’a touché depuis la fin des missions Apollo en 1972.

« Nous valons mieux que cela »

Le vice-président Mike Pence a fait ces annonces au cours d’un discours très sévère envers l’agence spatiale américaine à « Rocket City » Huntsville, dans l’Alabama –, où sont construites depuis les années 1960 les fusées américaines. Donald Trump avait entrepris de sortir la NASA de la torpeur dans laquelle elle était entrée avec la fin des navettes spatiales en 2011, et fixé en 2017 comme objectif un retour sur la Lune comme première étape avant l’exploration humaine de Mars. La NASA avait finalement établi un calendrier progressif d’envoi de robots et d’instruments, avant un atterrissage humain sur la Lune en 2028.

« Cela ne suffit pas. Nous valons mieux que cela. Cela nous a pris huit ans pour aller sur la Lune la première fois, il y a cinquante ans, alors que nous ne l’avions jamais fait. Cela ne devrait pas nous prendre onze ans pour y retourner », a déclaré Mike Pence. Ce dernier a comparé Donald Trump à John F. Kennedy, tous deux « rêveurs ». Et il a ravivé le langage de la guerre froide, substituant la Chine à l’URSS comme grande rivale dans l’espace.

« Nous sommes engagés dans une course spatiale tout comme dans les années 1960, mais les enjeux sont plus importants », a affirmé le numéro deux américain. Il a rappelé que la Chine avait fait atterrir un robot sur la face cachée de la Lune, « révélant son ambition de saisir l’avantage lunaire ».

Recours éventuel à des sociétés privées

Tranchant avec le ton feutré et les louanges habituellement réservés à la mythique agence spatiale, il a vertement critiqué les années de retard et les milliards de dollars de dépassement de budget de la puissante fusée SLS, en cours de construction par Boeing pour la NASA, et dont le premier vol (non habité) était prévu en 2020 jusqu’à ce que la l’agence spatiale annonce récemment qu’elle ne serait pas prête à temps.

James B. Irwin sur la Lune, le 30 juillet 1971. / AP

Et dans ce temple industriel de la NASA, il a menacé directement Boeing. « Si les sous-traitants actuels ne peuvent atteindre cet objectif, nous en trouverons d’autres qui y parviendront », a dit Mike Pence. « Si les fusées privées sont la seule façon de ramener des astronautes américains sur la Lune dans cinq ans, alors ce seront des fusées privées », a-t-il lâché.

Il n’a pas cité SpaceX ou d’autres sociétés, mais l’allusion était claire. SpaceX a actuellement des fusées capables de lancer des charges lourdes dans l’espace, et Mike Pence a sous-entendu que plutôt que d’attendre que la fusée gouvernementale SLS soit prête, l’administration était prête à louer les services de transporteurs privés moins chers.

« Nous allons demander à la NASA non seulement de changer de politique, mais d’adopter un nouvel état d’esprit », a poursuivi le vice-président. « La NASA doit se transformer pour devenir une organisation plus légère, plus agile et qui rend plus de comptes. Si la NASA n’est pas capable d’envoyer des astronautes américains sur la Lune d’ici cinq ans, nous devons changer l’organisation, pas la mission. »

« Message parfaitement reçu », a répondu quelques minutes plus tard le patron de la NASA, Jim Bridenstine, qui a assuré que SLS serait accélérée et finalement prête en 2020.

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