De « graves problèmes » de surpopulation carcérale dans huit pays européens, dont la France
De « graves problèmes » de surpopulation carcérale dans huit pays européens, dont la France
Le Monde.fr avec AFP
L’étude du Conseil de l’Europe publiée mardi monte aussi que le nombre de détenus a reculé sensiblement en Europe.
Le nombre de détenus a reculé sensiblement en Europe entre 2016 et le début de 2018, mais huit pays – dont la France –, affichent toujours de « graves problèmes de surpopulation » carcérale, selon une étude du Conseil de l’Europe rendue publique mardi 2 avril.
« Au 31 janvier 2018, il y avait 1 229 385 détenus » dans les 44 pays membres du Conseil qui ont répondu à l’enquête de l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne (Suisse), qui réalise chaque année pour le Conseil un rapport sur la population carcérale en Europe. La moitié étaient en Russie (602 176 détenus), détaille l’étude. Parmi les pays affichant le plus grand nombre de détenus figurent aussi le Royaume-Uni (84 373), la Pologne (73 822) et la France (69 596).
« La Russie a énormément de détenus et fait augmenter la moyenne générale européenne », observe le directeur de l’étude, Marcelo Aebi, de l’Université de Lausanne. A l’inverse, ce sont « les pays nordiques, l’Allemagne, les Pays-Bas » qui ont les taux les plus bas, relève-t-il.
Infographic: 12 countries with prison overcrowding. https://t.co/uHXvVqNogc
— coe (@Council of Europe)
Selon l’étude, « huit pays ont signalé de graves problèmes de surpopulation » carcérale, dont la France qui, avec un taux de 116 détenus pour 100 places, figure à la troisième place, derrière la Roumanie (120) et la Macédoine du Nord (122). Le taux médian européen est de 91 détenus pour 100 places, rappelle le rapport. La France enregistre également le plus haut taux de suicide (12,6 pour 10 000 prisonniers) et le plus grand nombre d’évasions (611).
Taux d’incarcération en baisse
Globalement en Europe, entre 2016 et le début de 2018, le taux d’incarcération a reflué de 6,6 %, passant « de 109,7 à 102,5 détenus pour 100 000 habitants », relèvent les chercheurs de Lausanne. La diminution est particulièrement notable dans des pays comme la Roumanie (– 16 %), la Bulgarie (– 15 %) ou la Norvège (– 11,6 %). A l’inverse, il a explosé en Islande (+ 25,4 %).
Le précédent rapport, publié en mars 2018, faisait état d’un nombre de détenus en hausse de 2,2 %, avec 859 102 prisonniers, un chiffre qui grimpait à 1,5 million de personnes en incluant une estimation du nombre de détenus russes, Moscou n’ayant alors pas transmis ses données, contrairement à cette année.
Cette fois, Turquie, Belgique et Hongrie n’ont pas fourni leurs statistiques. Ankara, qui a procédé à des arrestations massives après le coup d’Etat manqué, en juillet 2016, avait répondu au questionnaire, mais des « inconsistances dans les données » n’ont pu être éclaircies « à temps » et les chiffres turcs n’ont pas été inclus, précise l’Université de Lausanne.
Par ailleurs, l’étude note une diminution de 4,8 % des détenus étrangers, qui passent de 16,7 % (2016) à 15,9 % (2018). Sur ce point, « il y a une division claire entre Europe de l’Ouest et Europe de l’Est », note M. Aebi : la plupart de ces détenus se trouvent en Europe du Nord et de l’Ouest, où plus de 25 % des prisonniers sont étrangers.
En 2017, les pays européens ont injecté 20,2 milliards d’euros dans leurs prisons. En moyenne, le coût quotidien d’un prisonnier est de 67 euros.