Donald Trump à la Maison Blanche, le 26 avril. / JONATHAN ERNST / REUTERS

Face à l’épidémie de rougeole qui frappe les Etats-Unis, le président américain, Donald Trump, a dû abandonner sa position antivaccin. Il a insisté vendredi 26 avril sur l’importance de la vaccination alors que son pays affronte la pire résurgence de la maladie depuis son élimination officielle en 2000.

« Il faut qu’ils se fassent vacciner, c’est très important », a déclaré M. Trump dans les jardins de la Maison Blanche. Depuis le 1er janvier, les Etats-Unis ont rapporté 695 cas de rougeole, ce qui fait de 2019 la pire année depuis 2000, quand la maladie très contagieuse a été déclarée éliminée du pays.

Si l’épidémie aux Etats-Unis reste bien inférieure à celle que connaissent l’Ukraine (25 000 cas), Madagascar (46 000 cas) ou d’autres pays plus pauvres, elle affole les autorités sanitaires américaines. Celle-ci illustre en effet la vulnérabilité de certaines poches de la population au sein desquelles de nombreux parents n’ont pas vacciné leurs enfants, par choix ou par laxisme, profitant de lois autorisant des exemptions pour motifs religieux, personnels ou « philosophiques ».

L’urgence sanitaire a ainsi été déclarée par les autorités locales dans plusieurs villes. A New York, le maire a rendu la vaccination obligatoire dans les quartiers épicentres de l’épidémie. Par précaution, deux universités de Los Angeles, en Californie, ont décrété la mise en quarantaine de centaines d’étudiants : tous ceux qui s’étaient retrouvés dans les mêmes lieux que deux étudiants infectés par le virus, et qui n’avaient pas de preuve de vaccination.

« Les petits enfants ne sont pas des chevaux »

M. Trump a ainsi été forcé de changer son fusil d’épaule. Par le passé, il avait en effet fait le bonheur des militants antivaccins, reprenant massivement des théories émettant des doutes sur la sûreté des vaccins et suggérant que certains pouvaient provoquer les troubles du spectre de l’autisme. Des affirmations démenties par les autorités médicales sur la base de nombreuses études.

« Un jeune enfant en bonne santé va chez le médecin, reçoit une injection massive de plusieurs vaccins, ne se sent pas bien et change – AUTISME. Beaucoup de cas de ce genre ! », tweetait-il par exemple en mars 2014. « Stop aux injections massives. Les petits enfants ne sont pas des chevaux – un vaccin à la fois, au fil du temps », écrivait-il en septembre de cette même année. « Je ne suis pas contre la vaccination pour vos enfants, je suis contre les injections de vaccins en une dose massive. Répartissez-les sur une longue période et l’autisme sera réduit », insistait-il à l’époque.

Lors d’un débat télévisé pour les primaires démocrates en 2015, le candidat Trump avait annoncé vouloir modifier le plan de vaccination des enfants. « L’autisme est devenu une épidémie », déclarait-il encore.

Une rencontre avec d’« éminents militants antivaccins »

Avant son élection en 2016, M. Trump avait même rencontré « quatre éminents militants antivaccins lors d’une collecte de fonds en Floride », rappelle The Independent. Parmi eux, Andrew Wakefield, auteur d’une étude scientifique parue en 1998 dans la revue The Lancet… et qui se révélera totalement bidon. The Lancet a depuis retiré l’article et présenté ses excuses pour avoir publié cette « fraude scientifique ». Le médecin britannique a, lui, été radié.

Argumentaire souvent repris par les antivaccins, la relation entre les troubles autistiques et les vaccins n’a en effet jamais été démontrée scientifiquement. Bien que l’ensemble des facteurs qui favorisent les troubles autistiques ne soit pas, à l’heure actuelle, entièrement connue, au moins cinq études scientifiques indépendantes ont écarté tout lien avec les vaccins.

De plus, comme le notait l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un document publié en 2006, l’hypothèse selon laquelle les vaccins, tels qu’on les utilise aujourd’hui, affaibliraient ou endommageraient le système immunitaire n’est pas accréditée par les faits. En 2002, une étude publiée dans la revue Pediatrics concluait ainsi que « les études actuelles ne soutiennent pas les hypothèses selon lesquelles les vaccins multivalents submergeraient, affaibliraient ou useraient le système immunitaire ». En 2003, une étude centrée spécifiquement sur le cas du vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole), publiée dans le British Medical Journal, aboutissait aux mêmes conclusions.