Epargne : comment s’affranchir de vos mauvais réflexes
Epargne : comment s’affranchir de vos mauvais réflexes
LE MONDE ARGENT
Pour éviter les pièges comportementaux, on peut faire appel à un tiers professionnel ou même à un robot…
Les professionnels, eux aussi, sont soumis à des biais émotionnels et ne sont pas toujours plus rationnels. / Donna Grethen/Ikon Images / Photononstop
Il existe des solutions pour se libérer de réflexes inappropriés : déléguer la gestion de votre épargne à un professionnel. Ce n’est pas une garantie tout risque, car, comme l’observe Daniel Haguet, professeur de finance à l’Edhec Business School, « les professionnels, eux aussi, sont soumis à des biais émotionnels et ne sont pas toujours plus rationnels », mais ils exercent en général à plusieurs, ce qui réduit le risque de tomber dans les mêmes pièges.
Réponse la plus simple : opter pour l’une des nombreuses formules pilotées, dans lesquelles une société de gestion se charge de répartir l’épargne en fonction du « profil » du client et de la durée de l’investissement, puis d’effectuer les arbitrages nécessaires.
Elle peut prendre la forme d’une gestion adaptée à des profils de risques déterminés (modéré, équilibré, dynamique…), que l’on trouve principalement dans l’assurance-vie, ou d’une gestion par horizon (l’épargne est diversifiée puis sécurisée au fil du temps pour mettre le capital à l’abri des pertes), plutôt répandue dans l’épargne retraite comme le plan d’épargne retraite populaire (PERP) ou le plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco).
Autre solution comparable : souscrire des fonds patrimoniaux ou flexibles, dans lesquels un gérant se charge de faire fructifier les capitaux en s’engageant sur un niveau de risque maximal. Lorsqu’ils sont prudents, ils promettent de ne pas perdre d’argent sur trois ans glissants, quitte à connaître quelques secousses passagères, comme on l’a vu en 2018.
Pour les épargnants qui désirent garder la main sur le pilotage de leurs capitaux, une autre possibilité existe : les arbitrages automatiques. Ils permettent de rééquilibrer régulièrement la répartition des sommes sur différents supports, de prendre ses gains pour les mettre à l’abri après un certain pourcentage de hausse, ou au contraire de les orienter d’un fonds sans risque vers des supports en actions. Ces conditions d’arbitrage étant fixées à froid, l’épargnant et l’investisseur s’affranchissent des mauvaises réactions qu’ils pourraient avoir face à un événement imprévu.
La solution du « robo-advisor »
Pour éviter toute interaction humaine, il est aussi possible de confier la gestion à un « robo-advisor » (« conseiller ») : grâce à des algorithmes, l’épargne est investie de manière à optimiser les théories financières et est gérée quasiment sans humain. Reste à savoir si les programmeurs n’y ont pas eux-mêmes introduit des biais comportementaux. Difficile à savoir en raison du caractère secret de ces méthodes de calcul.
Il existe, enfin, quelques établissements qui, ayant pris conscience de ces comportements, aident leurs clients à les surmonter. C’est le cas de B*capital, une filiale de BNP Paribas banque privée : « Nous avons constaté les mauvaises réactions de nos clients lors des crises, explique Béatrice Belorgey, à la tête de cette maison. Ils ont tendance à vendre au mauvais moment et à ne pas suffisamment arbitrer les effets de dotation [considérer qu’un titre en portefeuille a plus de valeur que les autres] ou un biais d’ancrage. » La banque a mis au point une application (B*Fi) qui, au travers d’un questionnaire et de vidéos, aide ses clients à prendre conscience de ces travers et à les surmonter. « L’objectif est de leur permettre de rester investis de manière proactive afin qu’ils engrangent plus de gains », indique Mme Belorgey.