Chelsea Manning ne coopérera pas à l’enquête Wikileaks, malgré le risque de prison
Chelsea Manning ne coopérera pas à l’enquête Wikileaks, malgré le risque de prison
Le Monde.fr avec AFP
Chelsea Manning, qui a déjà passé sept ans en détention pour avoir transmis plus de 750 000 documents diplomatiques et militaires à Wikileaks en 2010, avait été libérée jeudi pour une raison technique. Elle risque de nouveau d’être incarcérée en mai.
Chelsea Manning, lors de la conférence C2 à Montréal, le 24 mai 2018. / LARS HAGBERG / AFP
L’ancienne analyste militaire américaine Chelsea Manning a déclaré dimanche 12 mai qu’elle n’était toujours pas disposée à répondre aux questions de la justice des Etats-Unis sur le fondateur de Wikileaks Julian Assange, même si ce refus risque de la renvoyer en prison.
Chelsea Manning, qui a déjà passé sept ans en détention pour avoir transmis plus de 750 000 documents diplomatiques et militaires à Wikileaks en 2010, avait été renvoyée derrière les barreaux le 8 mars pour « outrage à la justice » parce qu’elle refusait de témoigner devant un grand jury constitué pour enquêter sur Julian Assange. Elle a été libérée jeudi pour une raison technique : le grand jury qui souhaitait l’entendre arrivait à son terme. Mais un nouveau collectif de citoyens tirés au sort vient d’être constitué pour poursuivre l’enquête et l’a convoquée à nouveau pour le 15 mai.
« Ils ont déjà fait savoir qu’ils voulaient me poser les mêmes questions (…) je vais refuser de répondre », a-t-elle déclaré dimanche sur la chaîne CNN. « Je n’ai rien de nouveau à dire » et « je n’aime pas le secret qui entoure les grands jurys », a-t-elle justifié.
« Cette administration veut clairement s’en prendre aux journalistes »
Outil-clé de la justice américaine, ces groupes de citoyens sont mis en place dans les affaires pénales les plus sérieuses et sont chargés d’enquêter dans la plus grande confidentialité. Chelsea Manning espère toutefois échapper à une nouvelle incarcération. « Nous avons un dossier plus solide en termes d’objections légales » que la dernière fois, a assuré l’ancienne militaire.
Manning a également estimé que les procédures en cours aux Etats-Unis contre Julian Assange s’inscrivaient dans une campagne menée, selon elle, par le gouvernement de Donald Trump contre les journalistes. Assange avait été arrêté le 11 avril à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il était réfugié depuis sept ans, à la suite d’une demande d’extradition des Etats-Unis. Dans la foulée, Washington a révélé qu’il avait été inculpé un an plus tôt par le grand jury devant lequel Chelsea Manning a refusé de témoigner.
« Cette administration veut clairement s’en prendre aux journalistes. Si elle obtient gain de cause (…), je pense que nous verrons de nombreuses inculpations de journalistes chargés des questions de sécurité nationale ou jugés perturbateurs », a-t-elle déclaré.
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