A Sotchi, Mike Pompeo tente de sortir de l’impasse avec Vladimir Poutine
A Sotchi, Mike Pompeo tente de sortir de l’impasse avec Vladimir Poutine
Par Nicolas Ruisseau
Le secrétaire d’Etat américain a rencontré, mardi soir, le chef du Kremlin en vue d’un possible sommet avec le président des Etats-Unis, Donald Trump, en juin.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a été reçu par le président russe Vladimir Poutine, à Sochi, le 14 mai. / ALEXANDER NEMENOV / AFP
C’est une rencontre comme Vladimir Poutine les aime, tard le soir, lorsque les tensions politiques peuvent se relâcher. Du moins chez l’interlocuteur ainsi convié à souper et à discuter une fois la nuit tombée. « J’ai eu l’impression que votre président souhaitait remettre en état les relations et contacts russo-américains, et qu’il était désireux de résoudre les questions d’intérêt commun », a confié le chef du Kremlin en accueillant mardi 14 mai soir Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat américain. Des propos volontairement optimistes pour sa première rencontre avec un haut responsable états-unien depuis la partielle publication de l’enquête de Robert Mueller rejetant l’hypothèse d’une collusion entre Moscou et l’équipe du candidat Donald Trump lors de la présidentielle américaine de 2016.
« Il est fort souhaitable que votre visite en Russie se fasse au profit des relations entre la Russie et les Etats-Unis et contribue à leur développement », a poursuivi Vladimir Poutine au début de sa rencontre avec Mike Pompeo qui, juste avant, s’était pourtant crispé en conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov sur le sujet des jeux russes dans la politique américaine. « J’ai clairement dit au ministre des affaires étrangères qu’une ingérence dans les élections américaines serait inacceptable. Si les Russes se livraient à cela en 2020, nos relations tomberaient à un niveau pire qu’au stade actuel », a lancé l’Américain pendant la conférence de presse avec son homologue. Sergueï Lavrov est resté de marbre, répétant son habituel contre-argument : faute de preuves, les accusations de collusion sont de la « pure fiction ».
« Chaque pays protégera ses intérêts et son peuple »
Après leurs trois heures d’entretien, et avant le début de la tardive rencontre avec Vladimir Poutine, Mike Pompeo et Sergueï Lavrov se sont toutefois montrés confiants. « Je suis ici aujourd’hui parce que le président Trump est déterminé à améliorer cette relation. Nous avons des divergences et chaque pays protégera ses intérêts et son peuple », a insisté le secrétaire d’Etat américain. Il s’est félicité d’avoir trouvé des terrains d’entente. « Certains domaines de coopérations sont excellents, sur la Corée du Nord, l’Afghanistan – nous avons fait du bon travail – et la lutte contre le terrorisme », a-t-il souligné.
Pour sa part, Sergueï Lavrov a répété qu’il était temps que Washington et Moscou s’engagent dans un nouveau dialogue constructif. Soupçons et préjugés, a-t-il expliqué, « pénalisent votre sécurité et notre sécurité et engendrent une inquiétude dans le monde. Nous pensons qu’il est temps d’élaborer une nouvelle matrice plus constructive de nos relations ». A l’issue de son entretien avec M. Pompeo, il se voulait optimiste, assurant s’être « mis d’accord sur l’importance de rétablir les canaux de communication qui, ces derniers temps, étaient gelés ».
Montée des tensions autour de Téhéran
Le principal objectif de la rencontre de Sotchi est de poser les premières bases pour une nouvelle rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dans le cadre du G20 au Japon en juin. Le président américain l’a déjà annoncée. Plus prudent, le Kremlin s’y est dit favorable si Moscou reçoit une proposition officielle en ce sens, selon le conseiller présidentiel Iouri Ouchakov.
Depuis le sommet en juillet 2018 des deux présidents à Helsinki, les sujets de tensions se sont pourtant multipliés. Aux dossiers ukrainien et syrien, s’est notamment ajoutée la montée des tensions autour de Téhéran sur fond de désaccord sur le programme nucléaire iranien. « J’espère que le bon sens va l’emporter », a déclaré à Sotchi Sergueï Lavrov. « Fondamentalement, nous ne cherchons pas une guerre avec l’Iran », a affirmé Mike Pompeo. Autre dossier chaud : le Venezuela. « Le temps est venu pour Nicolas Maduro de partir, il n’a apporté rien d’autre que de la misère au peuple vénézuélien. Nous espérons que le soutien de la Russie à Maduro va cesser », a encore insisté Mike Pompeo lors de la conférence de presse avec Sergueï Lavrov, toujours de marbre.