Elections européennes : et maintenant ?
Elections européennes : et maintenant ?
L’élection du futur Parlement européen constitue la première étape d’un processus qui aboutira à l’installation de la Commission européenne, l’équivalent du gouvernement de l’UE.
Le Parlement européen lors d’une session plénière, à Strasbourg, le 27 mars 2019. / JEAN-FRANÇOIS BADIAS / AP
Le nouveau Parlement européen vient d’être élu. Les résultats provisoires du scrutin – qui s’est déroulé du 23 au 26 mai dans les 28 pays de l’Union européenne (UE) –, donnent une nouvelle coloration à l’hémicycle de Strasbourg qui comptera, à partir de juillet, 751 parlementaires (74 pour la France).
Ce vote constitue la première étape d’un processus qui aboutira à l’installation de la Commission européenne, l’équivalent du gouvernement de l’Union européenne. Tour d’horizon des échéances à venir.
Tractations partisanes avant la première session du Parlement le 2 juillet
Le résultat des élections européennes marque l’affaiblissement des deux formations qui, depuis près de quarante ans, ont régenté le paysage politique communautaire : les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) et les sociaux-démocrates du PSE. Il confirme aussi la percée des partis populistes, mais aussi des Verts et des libéraux.
Pour fonctionner, l’assemblée a besoin de se structurer en groupes politiques. Dès lundi 27 mai, l’heure est aux tractations entre les députés des différents pays pour constituer des groupes parlementaires en fonction de leurs affinités politiques. Il faut au moins 25 députés pour faire un groupe, issus d’au minimum 7 pays différents. Ces formations paneuropéennes doivent être constituées avant la première session du Parlement, le 2 juillet.
La question se pose de savoir si les trois formations eurosceptiques de l’hémicycle – l’Europe des nations et des libertés (ENL, de Marine Le Pen et Matteo Salvini), les Conservateurs et réformistes européens (ECR, dominé notamment par des élus polonais et britanniques) et Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD, de Nigel Farage et du Mouvement 5 étoiles), accepteront de travailler ensemble.
De leur côté, les partis proeuropéens – Verts, libéraux de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE), conservateurs et sociaux-démocrates – ont d’ores et déjà appelé à la formation d’une majorité proeuropéenne « large » et « solide », pour faire barrage aux eurosceptiques. Les tractations partisanes promettent d’être rudes.
L’élection du président du Parlement
Une fois le Parlement en place, il lui faudra élire un président. Comme celui-ci est élu à la majorité absolue par les députés, le groupe qui compte le plus d’eurodéputés aura de grandes chances d’obtenir la présidence du Parlement.
Le dernier titulaire du poste était le conservateur italien Antonio Tajani (2017-2019). Elu tous les deux ans et demi – c’est-à-dire en début et milieu de législature –, le président a un rôle de représentation, mais aussi un véritable poids sur l’ordre du jour et les initiatives du Parlement européen.
Jusqu’en 2014, les deux grands groupes de droite et de gauche se mettaient d’accord pour placer chacun leur tour un des leurs à la présidence du Parlement. L’élection du président était donc généralement jouée d’avance. Cette fois-ci, étant donné la recomposition de l’hémicycle, le vote risque d’être plus ouvert.
L’installation de la Commission européenne
Dernière étape : la nomination d’une nouvelle direction de la Commission européenne, l’équivalent du gouvernement de l’UE, en choisissant d’abord son président. Durant l’été, les différents gouvernements européens se mettront d’accord pour proposer un candidat à ce poste.
Les textes européens précisent que le nom proposé par les gouvernements doit « tenir compte du résultat des élections européennes ». Il doit donc être suffisamment consensuel pour être approuvé par une coalition majoritaire de députés européens, qui votent pour valider cette nomination, après avoir auditionné les candidat(e)s.
La course pour la présidence de la Commission promet d’être très disputée : la droite européenne (PPE) tient à conserver la main sur ce poste, considéré comme le plus élevé de l’Union et occupé par Jean-Claude Juncker depuis 2014, en y propulsant son chef de file, Manfred Weber. Mais elle est affaiblie par son mauvais score, tout comme les sociaux-démocrates.
Enfin, à la fin de l’été, chaque gouvernement européen proposera un de ses ressortissants pour entrer à la Commission européenne aux côtés du nouveau président. A partir de cette liste de 26 noms, le président de la Commission répartira à sa guise les portefeuilles (culture, environnement, commerce, fiscalité…), comme un premier ministre qui composerait son gouvernement. Chacun des nouveaux commissaires sera auditionné individuellement par le Parlement européen, qui a le pouvoir de rejeter leur nomination si elle ne leur convient pas.
L’inconnue du Brexit
Reste l’inconnue du Brexit : le Royaume-Uni quittera-t-il l’UE pendant la prochaine législature (la date limite du Brexit est actuellement fixée au 31 octobre) ? Si oui, le nombre d’eurodéputés passerait à 705 au lieu de 751. La composition des groupes en serait chamboulée.
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