Coupe du monde féminine : ce qu’il faut savoir des trois sélections africaines
Coupe du monde féminine : ce qu’il faut savoir des trois sélections africaines
Par Alexis Billebault
Le Nigeria, le Cameroun et l’Afrique du Sud n’ont pas été épargnés par le tirage au sort. Passage en revue de leurs forces et faiblesses.
De gauche à droite : la Nigériane Asisat Oshoala, la Camerounaise Gabrielle Onguéné et la Sud-Africaine Janine van Wyk. / AFP
Lors de la dernière Coupe du monde féminine de football, en 2015 au Canada, les trois sélections africaines étaient le Nigeria, le Cameroun et la Côte d’Ivoire ; et seules les Lionnes indomptables avaient franchi le premier tour, avant d’être éliminées par la Chine en huitième de finale. Cette année en France, du 7 juin au 7 juillet, l’Afrique du Sud, dont ce sera la première apparition à ce niveau, remplace la Côte d’Ivoire.
Le tirage au sort s’est hélas montré peu clément pour ces trois équipes. Le Nigeria a hérité de la France, de la Norvège et de la Corée du Sud ; l’Afrique du Sud de l’Allemagne, de la Chine et de l’Espagne ; tandis que le Cameroun est sans doute celui qui s’en sort le mieux, avec le Canada, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande.
Nigeria : le géant africain
Le palmarès continental des Nigérianes est révélateur de la domination exercée par les Super Falcons en Afrique. Elles ont remporté onze des treize Coupes d’Afrique des nations (CAN), dont les trois dernières éditions (2014, 2016 et 2018), et leur plus mauvais classement (4e) remonte à 2012. Au Nigeria, le football féminin s’est développé plus rapidement que dans de nombreux autres pays, même si les moyens alloués aux filles, et notamment à la sélection nationale, restent très éloignés de ceux dont bénéficient les garçons.
Au niveau mondial, le Nigeria, même s’il a atteint les quarts de finale des Jeux olympiques d’Athènes en 2004, ne parvient pas à franchir un cap. Son bilan lors de ses sept participations à la Coupe du monde le prouve, puisqu’il n’a réussi à franchir le premier tour qu’une seule fois, en 1999, et n’a remporté que trois de ses 22 matchs en phase finale, le dernier en 2011 face au Canada. Alors pour tenter de conjurer le mauvais sort, la fédération a décidé de mettre les moyens nécessaires. Elle a engagé en 2018 le très méticuleux Thomas Dennerby, ancien sélectionneur de la Suède (2005-2012), troisième de la Coupe du monde 2011, pour un salaire mensuel de 23 000 euros. Et pour bien préparer le Mondial, un programme fourni, avec des matchs en Europe et en Chine, a été élaboré.
Dans son effectif, Dennerby peut notamment s’appuyer sur sa star, Asisat Oshoala (attaquante du FC Barcelone, en Espagne), la capitaine, Desire Oparanozie (Guingamp, France), et la prometteuse Rasheedat Ajibade (Avaldsnes IL, Norvège). Les Nigérianes, qui affronteront deux puissances du football féminin (la France et la Norvège), devront tenter de vaincre les a priori négatifs qui escortent leur passé en Coupe du monde.
Cameroun : comme en 2015 ?
En Afrique, le Cameroun est un peu perçu comme un perdant magnifique. Il a atteint quatre fois la finale de la CAN, mais sans jamais la remporter, et en novembre 2018 à Accra, le Nigeria, son habituel bourreau, l’a battu en demi-finale à l’issue d’une séance de tirs au but. Cela n’a pas empêché les Lionnes de se qualifier pour la Coupe du monde, mais l’argument n’a pas été suffisant pour que Joseph Ndoko soit maintenu au poste de sélectionneur. Celui-ci a été limogé quelques semaines plus tard au profit d’Alain Defrasne Djeumfa, qui n’avait jamais travaillé avec une équipe féminine. Ce changement majeur au sein du staff technique a interpellé les joueuses, surprises du tempo donné par la fédération.
Mais les Camerounaises, parvenues en huitième de finale en 2015, se sont adaptées. Elles visent le même objectif cette année et leurs chances sont réelles. Le nouveau sélectionneur, qui a convoqué huit joueuses évoluant dans le championnat local, peut également s’appuyer sur ses expatriées. Parmi elles, l’expérimentée Gabrielle Onguéné (CSKA Moscou), considérée comme une des meilleures footballeuses africaines ; Raïssa Feudjio (UDG Tenerife, Espagne) ; Gaëlle Enganamouit (sans club) ; ou encore Augustine Ejangue (Arna-Bjornar, Norvège). Les Lionnes ont également réussi à attirer ces dernières années des binationales, comme Marie-Aurelle Awona (Dijon FCO, France) ou Michaela Abam (Paris FC), née aux Etats-Unis.
Coupe du monde féminine : l’équipe du Cameroun est prête
Durée : 01:22
Afrique du Sud : une équipe fébrile
Les dernières sorties des Sud-Africaines avant la Coupe du monde n’ont pas contribué à rassurer ceux qui les imaginaient avoir du mal à exister dans un groupe particulièrement relevé (Allemagne, Espagne, Chine). Une défaite contre les Etats-Unis (0-3), une autre face à la Norvège (2-7), aucune victoire en neuf matchs amicaux disputés en 2019 et des inquiétudes grandissantes avant d’affronter l’Espagne, samedi 8 juin au Havre : l’Afrique du Sud s’attend à souffrir et la sélectionneuse Desiree Ellis, qui a succédé à la Néerlandaise Vera Pauw, connaît l’immensité de sa mission.
Présente en France grâce à la seconde place obtenue lors de la CAN 2018 au Ghana, l’Afrique du Sud s’appuie essentiellement sur des joueuses évoluant dans le championnat local, un des mieux structurés du continent, créé en 1996. Sa star, Thembi Kgatlana, s’est quant à elle exilée aux Etats-Unis d’abord, en Chine ensuite (Beijing BG Phoenix). Meilleure joueuse et buteuse lors de la CAN 2018, elle sera l’un des principaux atouts d’une équipe articulée autour de la capitaine, Janine van Wyk (JVW FC, Afrique du Sud), par ailleurs engagée dans la lutte pour la défense de la communauté homosexuelle.
L’histoire récente rappelle que les Banyana Banyana, quatre fois finalistes de la CAN, ont aussi participé aux Jeux olympiques de 2012 et 2016. A Rio, certaines des joueuses retenues pour cette Coupe du monde étaient déjà présentes. Cette sélection ne manque pas d’expérience internationale, mais après une CAN réussie, les résultats très décevants enregistrés depuis le début de l’année face à des équipes d’autres continents sont venus rappeler aux Sud-Africaines que le niveau mondial se situe un cran au-dessus.