La Ville de Paris va acheter les portiques écotaxe du périphérique
La Ville de Paris va acheter les portiques écotaxe du périphérique
Par Denis Cosnard
Les quatre équipements, jamais utilisés, doivent permettre de mieux compter les véhicules sur le boulevard. Puis peut-être d’assurer le respect de la future voie réservée aux voitures propres.
Le périphérique parisien le 4 décembre 2016. / PHILIPPE LOPEZ / AFP
Que faire des quelque 170 portiques écotaxe installés au-dessus des routes françaises en 2013 et jamais mis en service à la suite de la crise des « bonnets rouges » ? Certains ont été vandalisés, incendiés, démontés. A Paris, les quatre portiques du périphérique sont intacts, et la mairie a son idée pour les réemployer : elle veut les utiliser pour mieux gérer la circulation sur le boulevard de 35 kilomètres qui entoure la capitale.
La Ville de Paris s’apprête donc à les racheter à l’Etat, leur propriétaire actuel, qui n’en a plus l’usage. « Le principe est acquis », indique Christophe Najdovski, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des transports. La procédure d’achat, actuellement en cours, devrait aboutir d’ici à la fin de l’année. Le prix ne devrait pas dépasser quelques dizaines de milliers d’euros.
Caméras spécifiques
Les portiques concernés avaient été posés durant l’été 2013 par la société Ecomouv’, dans le cadre d’un plan visant à diminuer les transports routiers jugés polluants. Comme dans le reste de la France, ces installations devaient permettre d’identifier les poids lourds en circulation et de vérifier qu’ils avaient bien acquitté la fameuse écotaxe, dont la création avait été votée en 2009 à l’unanimité par la gauche et la droite. A Paris, quatre sites avaient été retenus, correspondant à quatre quarts de la boucle du périphérique : porte de Clignancourt, porte de Bagnolet, porte de Vanves et porte Maillot.
Chaque portique avait été équipé d’une série de capteurs et de caméras, et d’une balise micro-ondes. La mise en service devait intervenir au 1er octobre 2013. Mais l’opposition violente d’une partie des agriculteurs et des routiers, notamment des « bonnets rouges » en Bretagne, a conduit à l’ajournement puis à l’abandon du projet, définitivement enterré par l’Assemblée nationale en novembre 2016.
« Comptage plus précis »
Depuis, la question du réemploi des portiques était posée. A Paris, les fonctionnaires chargés de surveiller le périphérique ont vite vu l’intérêt de les récupérer. Près de 200 caméras classiques sont déjà placées le long du boulevard. Mais les portiques écotaxe sont équipés de caméras spécifiques, qui permettent de lire les plaques d’immatriculation. « Nous pourrons ainsi obtenir un comptage plus précis, plus fin, des véhicules, en distinguant les voitures, les bus, les camions et les deux-roues, se réjouit déjà un responsable de la voirie. Cela pourrait nous aider à mieux gérer le trafic sur ce boulevard très engorgé. »
A moyen terme, les portiques pourraient remplir un deuxième rôle. Dans le cadre des réflexions en cours sur l’avenir du périphérique, la Mairie de Paris envisage de réserver une voie du périphérique aux véhicules propres, aux transports en commun, au covoiturage, aux taxis et aux véhicules de secours. Une façon de donner un avantage aux véhicules jugés vertueux ou prioritaires. Une expérience en ce sens pourrait être tentée dès 2020, a indiqué mardi 11 juin Jean-Louis Missika, l’un des adjoints d’Anne Hidalgo, en marge du conseil de Paris. « Les portiques installés pour le contrôle de l’écotaxe pourraient être réutilisés pour assurer le respect de cette voie réservée », avancent, parmi d’autres, les élus parisiens du parti Les Républicains.
Ecotaxe : le portique de Pont-de-Buis démonté
Durée : 01:03
Images : AFP