Hors-série du « Monde » : l’extension du domaine de l’île
Hors-série du « Monde » : l’extension du domaine de l’île
Par Delphine Papin, Michel Lefebvre
Dans son nouveau hors-série « Géopolitique des îles en 40 cartes », « le Monde » s’intéresse à l’importance que revêtent ces terres habitables entourées d’eau.
« Géopolitique des îles en 40 cartes », hors-série « Le Monde », 8,50 euros en kiosque.
Hors-série. Selon les Nations unies, il y a sur notre planète 460 000 îles. C’est beaucoup. Une île, pour être répertoriée, doit être une terre émergeant de l’eau, de préférence habitable, cela met de côté beaucoup de rochers, d’îlots, d’îlets. Nous arrivons là sur le terrain de Robinson Crusoé. Daniel Defoe ou Jules Verne ont permis à tous les enfants de la terre de rêver de l’île, mystérieuse et envoûtante évidemment, avec cocotiers et sable blanc, dissimulant en fond de décor pirates et bagnards, végétation luxuriante et trésors cachés. Voilà pour l’imagerie. On va se contenter de cette définition – terre habitable entourée d’eau, éliminant ainsi les îles désertes –, sachant qu’elle fait l’objet de débats, et s’intéresser à l’importance des îles d’un point de vue géopolitique.
Une île, c’est beaucoup de choses. Elle peut être, aujourd’hui comme hier, une place forte qui commande un détroit, un endroit paradisiaque où l’on joue à l’île déserte devant une caméra de télévision, une simple piste d’atterrissage pour marquer son territoire, un réservoir de la biodiversité, une terre consacrée à une monoculture agricole… La richesse d’une île n’est plus liée à la terre émergée qui la constitue, et qui permettait, au temps de la colonisation, d’enrichir la puissance qui la possédait, mais à la mer qui l’entoure – ou plutôt aux fonds marins et à ce qu’ils peuvent contenir. Et là intervient un joli sigle, la ZEE, zone économique exclusive (entre 24 et 200 milles nautiques selon les cas), c’est un peu l’extension du domaine de l’île pour les puissances maritimes qui en possèdent le plus.
Les Etats-Unis, numéro un
Grand vainqueur à ce jeu-là, les Etats-Unis, qui bénéficient de la plus grande ZEE grâce à leurs frontières maritimes et à quelques îles judicieusement placées dans les océans qui les bordent. La France maintient sa deuxième place au « Monopoly des îles », grâce à ses anciennes colonies, qu’elle conserve vaille que vaille, malgré la menace de perdre des points d’ancrage importants, comme Mayotte, dans l’océan Indien, la Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique et, moins connue, Clipperton, au large du Mexique. Les grandes puissances d’hier et d’aujourd’hui sont attentives à leur emprise maritime – et aux richesses – qu’elle leur procure. Les puissances émergentes ne sont pas en reste : la Chine tente de s’emparer de la mer de Chine méridionale à coups d’îlots artificiels et dispute à l’Inde le contrôle de l’océan Indien. Sans oublier les îles qui vont tout simplement disparaître à cause du réchauffement climatique.
Nous avons conçu ce nouveau hors-série en liaison avec le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), à Marseille, qui a demandé au service infographie du Monde de concevoir une série de cartes illustrant les différentes problématiques insulaires pour son exposition estivale « Le Temps de l’île » (jusqu’au 11 novembre). Nous avons complété cette réflexion pour aboutir à 40 cartes faisant un tour du monde de la géopolitique des îles.
Géopolitique des îles en 40 cartes, hors-série Le Monde, 8,50 euros en kiosque.