LA LISTE DE LA MATINALE

Le château de Chambord et ses jardins à la française, revenus à la vie après un chantier de restauration gigantesque. / L. JEDWAB / LE MONDE

Emmené d’Italie dans ses bagages par François Ier, Leonardo da Vinci est mort à Amboise, en Touraine, en 1519, il y a cinq cents ans. Cet anniversaire est l’occasion de célébrer cette Renaissance qui verra les forteresses médiévales se transformer en élégants châteaux, parés de jardins uniques. Modifiés au cours des siècles, recréés quelquefois, ceux-ci se visitent aujourd’hui pour eux-mêmes. En voici une sélection, de A comme Amboise à V comme Villandry, au fil de la Loire et du Cher.

Un écrin de boules de buis à Amboise

Buis et tilleuls taillés, dans le jardin du château d’Amboise. / L. JEDWAB / LE MONDE

Le château d’Amboise surplombe la Loire du haut de son éperon rocheux depuis la fin du XVe siècle. Il a accueilli plusieurs rois de France, de Louis XI à François Ier, et un épisode avant-coureur des guerres de religion s’y déroula, avec sa conclusion sanglante. La cour pratiquant alors l’itinérance, d’autres châteaux prestigieux comme Blois ou Chambord prirent bientôt la relève. Le jardin aurait été créé à la Renaissance par Pacello da Mercogliano, un moine napolitain ramené d’Italie par Charles VIII. Inspiré des jardins transalpins, celui d’Amboise jouissait d’une vue exceptionnelle grâce aux fenêtres percées alors, ainsi qu’à ses trois belvédères. Entièrement repensé après les dégâts de la tempête de 1999, l’actuel « jardin de Naples » est mis en valeur dans son écrin de boules de buis et de tilleuls taillés.

Château royal d’Amboise, montée de l’Emir-Abd-el-Kader, Amboise (Indre-et-Loire). Exposition : « La Mort de Léonard de Vinci : la construction d’un mythe » (jusqu’au 2 septembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chateau-amboise.com/

Un parc « à l’anglaise » pour admirer Azay-le-Rideau

Le château d’Azay-le-Rideau, et son parc restauré en 2014. La vue de son reflet dans le plan d’eau est magique. / L. JEDWAB / LE MONDE

Modèle d’architecture Renaissance, le château d’Azay-le-Rideau a été construit au XVIe siècle, sous François Ier, sur une île de l’Indre. Propriété d’un financier de la Couronne accusé de malversations, il changera plusieurs fois de main, avant d’être achevé dans sa forme actuelle au XIXe siècle. Il deviendra la propriété de l’Etat en 1905. C’est toujours au XIXe siècle que les propriétaires d’alors, les Biencourt, firent aménager le parc paysager dans le « goût anglais », alors à la mode. Restauré en 2014, le parc, avec ses allées circulaires, permet d’admirer le château sous différents angles. La vue de son reflet dans le plan d’eau est magique.

Château d’Azay-le-Rideau, 19, rue Balzac, Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire). Horaires d’ouverture et tarifs sur azay-le-rideau.fr/

Un jardin contemporain au pied du château de Blois

Au château de Blois, une partie du nouveau jardin contemporain vient d’être inaugurée au pied des arbres centenaires. / THIERRY BOURGOIN / VILLE DE BLOIS

Longtemps résidence royale, le château de Blois est constitué de plusieurs strates nettement visibles : une aile Louis XII en gothique flamboyant, une aile Renaissance due à François Ier, avec la façade des Loges et le célèbre escalier monumental, et une aile classique due à Gaston d’Orléans, datant du XVIIe siècle.

Les jardins Renaissance de Louis XII et d’Anne de Bretagne ont disparu à la Révolution. C’est le paysagiste Gilles Clément qui a été sollicité en 1992 pour les réinterpréter, hors de l’enceinte du château. Un nouveau jardin, contemporain, vient d’être inauguré au pied des arbres centenaires et de la tour du Foix, vestige médiéval surplombant la ville et la Loire.

Château de Blois, 6, place du Château, Blois (Loir-et-Cher). Visite guidée « Les jardins de l’histoire », tous les dimanches à 15 heures, sur réservation (+ 5 €) (jusqu’au 1er septembre). Exposition « Enfants de la Renaissance » (jusqu’au 1er septembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chateaudeblois.fr/

Jardins classiques et permaculture à Chambord

Vue du ciel des jardins classiques du château de Chambord, le 13 février. / OLIVIER MARCHANT

Château de chasse de François Ier, Chambord est une merveille architecturale à laquelle Léonard lui-même aurait mis la main. Edifié à partir de 1519, le donjon primitif a été complété par des ailes latérales qui donnent son allure majestueuse à l’édifice. C’est Louis XIV qui en parachèvera la construction, avant son acquisition par l’Etat en 1930.

Dépourvu de jardin à la Renaissance, le domaine de Chambord, immense, est avant tout forestier et a toujours été une réserve de chasse. Les jardins de Louis XIV ayant disparu, ce n’est qu’au XIXe siècle qu’un parc dit à l’anglaise verra le jour, réhabilité lui-même dans les années 2000. De nouveaux jardins, classiques, ont été aménagés en 2017, grâce à un important mécénat. Un potager en permaculture vient d’être créé dans d’anciennes écuries.

Château de Chambord (Loir-et-Cher). Visite guidée des jardins potagers (quatre par jour). Exposition « Chambord 1519-2019, l’utopie à l’œuvre » (jusqu’au 1er septembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chambord.org/fr/

Bords de Loire et art contemporain à Chaumont-sur-Loire

Sur le thème « Jardins de paradis », le festival des jardins de Chaumont-sur-Loire a lieu jusqu’au 3 novembre. / ERIC SANDER POUR LE DOMAINE

D’allure fortifiée, le château de Chaumont a été édifié au tout début du XVIe siècle. Plus tard, il sera échangé par sa propriétaire, Catherine de Médicis, contre Chenonceau, qui appartenait à la favorite de… son défunt mari, Henri II. C’est au XIXe siècle qu’il prendra son apparence actuelle, après les fastueux aménagements apportés par les Broglie, avant de revenir à l’Etat en 1938. S’il n’a pas de jardin Renaissance, le domaine de Chaumont a été redessiné entre 1884 et 1888 par le paysagiste Henri Duchêne, qui a pris en compte le spectaculaire paysage des bords de Loire. Quant au Festival international des jardins, il fait toujours la réputation de « Chaumont » auprès des amateurs de jardins du monde entier.

Château de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher). « Parcours Renaissance » dans les appartements historiques. Festival international des jardins et saison d’art du Centre d’arts et de nature (jusqu’au 3 novembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur domaine-chaumont.fr/

Terrasses et canaux à Chenonceau

Le château de Chenonceau vu depuis le jardin de Catherine de Médicis. / L. JEDWAB / LE MONDE

Enjambant le Cher, la galerie du château de Chenonceau est un chef-d’œuvre d’architecture qui est venu compléter un édifice Renaissance. C’est Catherine de Médicis qui fit élever à la fin du XVIe siècle les deux étages surmontant le pont construit pour la précédente propriétaire, sa rivale Diane de Poitiers. Le château appartient aujourd’hui à une héritière de la famille Menier.

Le spectaculaire jardin de Diane, redessiné par Achille Duchêne au XXe siècle, et celui de Catherine de Médicis, plus intime, sont entourés de canaux et ont été surélevés, afin de les protéger des débordements du Cher. Le Jardin vert et un jardin clos, hommage au paysagiste Russell Page, viennent compléter un ensemble exceptionnel.

Château de Chenonceau, Chenonceaux (Indre-et-Loire). Hommage à Catherine de Médicis, l’apothicairerie de la Reine a été inaugurée en juin. Horaires d’ouverture et tarifs sur chenonceau.com/

Tours et ifs taillés au château du Lude

Le château du Lude, depuis le jardin bas. / L. JEDWAB / LE MONDE

Situé dans la Sarthe, entre Le Mans et Tours, le château du Lude impressionne, avec ses tours rondes et sa façade Renaissance. Remanié à plusieurs reprises au XVIIIe siècle, à l’époque de Louis XVI, et au XIXe, dans un style néo-gothique, il semble avoir défié le temps. Il abrite un rarissime studiolo, cabinet de peinture à l’italienne aux murs et à la voûte entièrement peints.

Les jardins s’étagent entre le jardin de l’Eperon, du XVIIIe, le jardin bas longeant le Loir avec ses bassins et ses ifs taillés, et le jardin de la source avec son pavillon « chinois ». Le paysagiste Edouard André a aussi créé, à la fin du XIXe siècle, un potager de 9 000 m2, qui fournit la table des actuels propriétaires et dont les fruits sont utilisés pour confectionner des confitures commercialisées.

Château, Le Lude (Sarthe). Exposition de photographies participative « 500 ans de Renaissance au Lude ». Horaires d’ouverture et tarifs sur lelude.com/

Contes et artistes dans les jardins du château du Rivau

L’œuvre de l’artiste Lilian Bourgeat, « Invendus », exposée dans les jardins du château du Rivau. / DAVID DARRAULT

Ayant les allures d’une forteresse médiévale, avec son donjon et son pont-levis conservé, Rivau fait partie de ces châteaux d’agrément qui, transformés ou érigés, apparaîtront dès l’aube de la Renaissance. Doté d’écuries exceptionnelles pour l’époque, le château, qui a longtemps été séparé de ses communs, a fait l’objet d’une minutieuse restauration.

Les différents jardins, thématiques, qui entourent les bâtiments ont été entièrement conçus, au cours des trente dernières années, par Patricia Laigneau, la propriétaire. Celle-ci y expose, en permanence, des œuvres d’artistes contemporains créées pour des jardins qui évoquent, entre autres, des légendes du Moyen Age. Un « Hommage à Léonard de Vinci » occupe les salles du château jusqu’à l’automne.

Château du Rivau, 9, rue du Château, Léméré (Indre-et-Loire). Exposition d’art contemporain « Hommage à Léonard de Vinci » (jusqu’au 3 novembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chateaudurivau.com/

« Salle de bal » de verdure à Valençay

Le château de Valençay est agrémenté de jardins et d’un parc, lui-même entouré d’une vaste forêt. / L. JEDWAB / LE MONDE

Alors propriété de la famille d’Estampes, le château de Valençay, situé dans le Berry, a été construit au XVe siècle et agrandi au XVIIe. Son « donjon », édifié à la fin du XVIe, purement décoratif, est ouvert sur une porte cochère, elle-même traversée par un axe central, que l’on retrouve dans les architectures italiennes de la Renaissance.

Acheté au début des années 1800 par Talleyrand, diplomate talentueux à la longue carrière, le château se verra agrémenté de jardins et d’un parc, lui-même entouré d’une vaste forêt. On y entrevoit quelques grottes et fabriques, et une « salle de bal » de verdure. Il y a également un parc aux daims et un jardin contemporain, tout à fait réussi, dans la grande perspective du château.

Château de Valençay, 2, rue de Blois, Valençay (Indre). Exposition « Les Bâtisseurs de Valençay à la Renaissance » (jusqu’au 11 novembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chateau-valencay.fr/

Jardin d’eau et potager décoratif à Villandry

Le château et le potager de Villandry. / L. JEDWAB / LE MONDE

Intégrant un donjon médiéval conservé par son bâtisseur, Jean Le Breton, le château de Villandry a été achevé dans la première moitié du XVIe siècle. Son architecture élégamment ouvragée et ses douves, alimentées par le Cher, lui donnaient l’allure d’un authentique palais de la Renaissance. Dès cette époque, ses jardins étaient fameux, et comprenaient un grand potager décoratif.

Longtemps négligé, le château fut restauré au début du XXe siècle par ses nouveaux propriétaires, les Carvallo. Les jardins dessinés alors et inspirés de ceux de la Renaissance ont pris la place d’un parc à l’anglaise. Leurs qualités esthétiques présentes doivent beaucoup à leurs actuels propriétaires, ainsi qu’au travail exemplaire de leurs jardiniers.

Château, 3, rue Principale, Villandry (Indre-et-Loire). Exposition « La Renaissance à Villandry : Jean Le Breton » (jusqu’au 1er septembre). Horaires d’ouverture et tarifs sur chateauvillandry.fr/

Pour compléter la visite

Renaissances, recueil de photographies aériennes des châteaux et jardins de la région Centre - Val de Loire par Alex MacLean (La Découverte éd., 30 €).