En Guinée Bissau, la nomination d’un nouveau gouvernement ne résout pas la crise politique
En Guinée Bissau, la nomination d’un nouveau gouvernement ne résout pas la crise politique
Après avoir été limogés le 12 mai, les ministres du précédent gouvernement continuent d’occuper leurs bureaux.
Le nouveau premier ministre bissau-guinéen Baciro Dja, dont la nomination il y a une semaine par le président José Mario Vaz est contestée par le parti au pouvoir, a formé jeudi 2 juin son gouvernement, selon un décret présidentiel.
Les membres de l’exécutif sortant dirigé par Carlos Correia, démis de ses fonctions le 12 mai par José Mario Vaz, continuaient toutefois jeudi d’occuper leurs bureaux dans le Palais du gouvernement pour protester contre leur éviction.
Aucun ministre des Affaires étrangères
Alors que le gouvernement limogé comportait 33 membres, celui de M. Dja en compte 31 : 19 ministres et 12 secrétaires d’Etat mais pas de ministre des affaires étrangères, une vacance qui n’a donné lieu à aucune explication officielle.
Les nouveaux membres du gouvernement, dont quatre femmes, ont été investis lors d’une cérémonie au Palais présidentiel, dans la foulée de leur nomination. Le ministre de l’intérieur désigné, Botché Candé, dont le retour à ce poste constituerait une surprise après son limogeage en novembre 2014 par le président Vaz, n’était pas présent et n’a pas confirmé s’il acceptait cette nomination.
Cette investiture s’est déroulée sous sécurité renforcée, avec la présence de la garde présidentielle en plus d’éléments de la police militaire, un corps d’élite de l’armée et de la garde nationale (gendarmerie), déployés tout autour du Palais présidentiel et dans les rues avoisinantes, a constaté le correspondant de l’AFP.
Annulation par la Cour suprême
M. Dja a été nommé le 26 mai premier ministre pour la deuxième fois, après une précédente désignation en août 2015, dont le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir) avait obtenu l’annulation par la Cour suprême.
José Mario Vaz a expliqué le 27 mai sa décision de rappeler M. Dja, comme le proposait le Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition, deuxième formation du pays), par sa volonté de s’appuyer sur une nouvelle majorité, constituée des 41 députés du PRS et de 15 députés frondeurs du PAIGC, soit 56 sièges sur 102 au Parlement.
La Guinée-Bissau traverse des turbulences politiques depuis la destitution par le président en août 2015 de son premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC, auquel tous deux appartiennent. D’après leurs entourages, les deux têtes de l’exécutif ne s’entendaient pas sur la direction du pays, notamment au sujet de la corruption.
Les tensions à la tête de l’Etat inquiètent d’autant plus la communauté internationale que l’élection de M. Vaz en mai 2014 a marqué un retour progressif à la légalité constitutionnelle dans cette ex-colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest jusqu’alors en proie à une instabilité chronique, avec des tentatives de coup d’Etat militaires à répétition.