L’exécutif français presse les Britanniques à enclencher le processus de départ
L’exécutif français presse les Britanniques à enclencher le processus de départ
Le Monde.fr avec AFP
François Hollande a prévenu vendredi que « les procédures prévues par les traités » pour la sortie de l’Union européenne seraient « rapidement appliquées ».
François Hollande réagit au départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, à l’Elysée, le 24 juin. | STEPHANE MAHE / REUTERS
L’exécutif français se montre ferme à l’égard de Londres, à la suite du vote des Britanniques en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). François Hollande a prévenu vendredi 24 juin que « les procédures prévues par les traités » pour la sortie de l’UE seraient « rapidement appliquées », comme « c’est la règle et la conséquence », même si la France continuera de « travailler avec ce grand pays ami ». Une posture reprise par le premier ministre Manuel Valls et le ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
M. Hollande devait présider dans l’après-midi un conseil des ministres extraordinaire post-Brexit avant de recevoir le président du Sénat Gérard Larcher (Les Républicains), puis celui de l’Assemblée nationale Claude Bartolone (Parti socialiste). Quant aux dirigeants des grandes formations politiques françaises, y compris le Front national, ils seront reçus par le chef de l’Etat tour à tour samedi après-midi.
M. Hollande a confirmé qu’il sera lundi à Berlin pour y retrouver la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et le président du Conseil européen Donald Tusk. Puis il participera mardi et mercredi à un sommet européen post-Brexit prévu de longue date.
« L’Europe ne peut plus faire comme avant »
Dans une allocution d’un peu moins de six minutes, le chef de l’Etat a tenté de placer la France au cœur d’un renouveau européen, pour faire face à une situation qu’il regrette « profondément » et qui met « gravement l’Europe à l’épreuve ».
« L’Europe ne peut plus faire comme avant », a souligné le chef de l’Etat, qui l’appelle désormais à « se concentrer sur l’essentiel », une feuille de route dont les têtes de chapitre seraient « l’investissement pour la croissance et pour l’emploi », l’« harmonisation fiscale et sociale » ainsi que « le renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique ».
L’UE, a-t-il insisté, doit « porter les projets et non pas se perdre en procédures », et « être comprise et contrôlée par ses citoyens ». Dans l’immédiat, cependant, alors que les Bourses européennes dévissent, il faut selon le président de la République « apporter les réponses nécessaires pour maîtriser les risques économiques et financiers ».
« Il faut respecter » le « choix libre des Britanniques »
M. Valls estime également que ce vote en faveur du Brexit met en lumière « un malaise trop longtemps ignoré » au sein de l’UE. « C’est le moment d’être digne des pères fondateurs, de refonder une nouvelle Europe en écoutant les peuples », a déclaré lors d’un déplacement dans l’Essonne le premier ministre, pour qui « l’Europe ne doit plus intervenir partout, tout le temps ».
La victoire du camp du Brexit en Grande-Bretagne, « c’est une déflagration à l’échelle du continent et du monde », a jugé M. Valls, qui note toutefois qu’« il faut respecter » le « choix libre des Britanniques ».
« Urgence » à enclencher la procédure de départ
Sur la même ligne que M. Hollande, qui a réclamé aux Britanniques le calendrier de leur sortie de l’UE, M. Ayrault a jugé qu’il faut enclencher la procédure de départ du Royaume-Uni.
« L’urgence aujourd’hui, c’est de respecter le vote du peuple britannique », a déclaré le chef de la diplomatie française à la presse en arrivant à Luxembourg pour une réunion informelle de responsables socialistes européens.
« Je le dis car certains pensent que c’est le chaos. Non ce n’est pas le chaos (…), car le traité européen prévoit dans son article 50 les conditions du départ. »
Il faut « qu’on enclenche la mise en œuvre de cet article pour la cohésion et la stabilité de l’Europe et du Royaume-Uni », a-t-il ajouté. « Il y a urgence, il n’y a pas de temps à perdre, toute période d’incertitude serait préjudiciable », a encore dit le chef de la diplomatie française.
Avec le secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes Harlem Désir, il a engagé des discussions à huis clos avec ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier, tchèque Lubomir Zaoralek ou encore néerlandais Bert Koenders. Cette réunion sera suivie d’une réunion du ministre des affaires européennes.