Le maire de Londres, Boris Johnson, le 27 juin à Londres. | BEN STANSALL / AFP

Rien ne changera, ou si peu : Boris Johnson, qui a dirigé la campagne pour faire sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), joue profil bas après la victoire du camp du « leave ». Il a enfin brisé, dimanche 26 juin, deux jours de silence médiatique en réaffirmant, dans le quotidien The Telegraph, que « le Royaume-Uni fera toujours partie de l’Europe » , décrivant sa future stratégie de Brexit a minima.

Dès vendredi, l’ancien maire conservateur de Londres avait déclaré qu’il n’y avait « nul besoin de se hâter » pour rendre effectif le divorce du pays avec l’UE. Dans sa tribune hebdomadaire au Telegraph, il réaffirme qu’après le vote britannique : « L’unique changement – et il ne viendra pas dans la précipitation – est que le Royaume-Uni va s’extirper de l’opaque et extraordinaire système de législation européenne. »

Pas de calendrier pour la sortie

Boris Johnson se garde bien de donner un calendrier pour la sortie de l’Union européenne, alors que les 27 autres pays pressent Londres d’engager dès mardi les démarches prévues par l’article 50 du traité de Lisbonne.

Le leader du « Brexit » dit surtout vouloir s’employer à « panser les blessures », « bâtir des ponts » et « rassurer ceux qui ont voté pour rester » dans l’Europe. Il affirme que la Grande-Bretagne ne s’isolera pas, et qu’elle conservera ses accès au marché unique européen (ce qui ne va pas de soi selon les 27 autres membres de l’UE) :

« Les Britanniques pourront toujours aller travailler dans l’UE, y vivre, voyager, étudier, acheter des maisons et s’y installer (…) Il y aura une coopération européenne intense et qui s’intensifiera dans de nombreux domaines : arts, sciences, universités, protection de l’environnement. »

L’économie en de « bonnes mains »

A l’adresse de son électorat, Boris Johnson réaffirme sa promesse de récupérer l’argent aujourd’hui « envoyé à Bruxelles » pour « des priorités comme le NHS », le système de santé britannique. Il ne s’engage cependant pas sur une somme exacte. Une autre figure du camp du Brexit, Nigel Farage (UKIP, extrême droite), avait assuré dès vendredi que cet argument phare de la campagne était mensonger et qu’il ne pouvait « garantir que les 350 millions de livres envoyées à l’UE ir[aie]nt à la NHS ».

Alors que l’annonce de la sortie du Royaume-Uni de l’UE avait déstabilisé les marchés, vendredi, l’ancien maire de Londres tente d’apaiser les milieux économiques en assurant que « l’économie est entre de bonnes mains », grâce au « superbe travail » du gouverneur de la banque d’Angleterre, Mark Carney (qui avait appelé à voter contre le Brexit), et « aux réformes conduites par [le premier ministre] David Cameron et [le ministre des finances] George Osborne ».

La lutte s’engage chez les Tories

Selon le Times, cette main tendue à George Osborne n’est pas un hasard, alors que les conservateurs (« Tories »), très divisés lors du référendum, doivent se chercher un nouveau chef en octobre après la démission de David Cameron. Boris Johnson souhaite s’allier à Osborne, qui était pourtant un partisan du « remain », en lui promettant le poste de ministre des finances s’il parvient à devenir premier ministre.

Mais plusieurs quotidiens, comme le Daily Mirror, notent que la voie n’est pas toute tracée pour Boris Johnson, personnage clivant qui a pris de gros risques en personnifiant le Brexit. Plusieurs autres candidats sont en embuscade pour diriger les Tories, en particulier Theresa May, la ministre de l’intérieur, une eurosceptique qui s’était prudemment ralliée à David Cameron tout en se gardant bien d’apparaître dans la campagne. Michael Gove, ministre de la justice, qui avait rejoint le camp du « leave » auprès de Boris Johnson, pourrait cependant soutenir ce dernier en espérant un poste de vice-premier ministre.