Pour la Finlande, une montagne norvégienne en guise de cadeau
Pour la Finlande, une montagne norvégienne en guise de cadeau
Par Alexis Duval
Un collectif d’habitants d’un village de Norvège a proposé de céder le sommet du mont Halti à leurs voisins à l’occasion du centenaire de l’indépendance de la Finlande.
La première ministre norvégienne, Erna Solberg, à New York, le 18 juillet 2016. | KENA BETANCUR / AFP
La Finlande, qui fêtera en 2017 les cent ans de son indépendance, va-t-elle recevoir comme présent une montagne ? La première ministre norvégienne, Erna Solberg, a déclaré, lundi 25 juillet, à la télévision publique NRK, que l’initiative citoyenne émanant d’un collectif d’habitants qui propose de déplacer la frontière et de céder au pays voisin le sommet du mont Halti (1 331 mètres) était à l’étude : « Il y a quelques défis d’ordre formel, et je n’ai pas encore pris ma décision, mais nous l’envisageons. » Contacté par Le Monde, le cabinet de la première ministre n’a pas communiqué de date à laquelle le dossier pourrait être tranché.
C’est un géodésiste, Bjorn Geirr Harsson, qui, en effectuant des relevés à la frontière finno-norvégienne, s’est aperçu que le point le plus haut du territoire finlandais, à 1 324 mètres d’altitude, était une colline (à la surface arrondie). « Alors qu’à une très courte distance de là, sur le même massif, il y a un sommet », précise le scientifique, qui affirme que « d’un point de vue géologique, le Halti devrait logiquement revenir à la Finlande ».
Par ailleurs, le Galdhoppigen (2 469 mètres) est le point culminant du royaume et de l’Europe du Nord. « Il n’y a donc aucune raison de ne pas donner [le Halti] à la Finlande », soutient le scientifique.
« Un cadeau à notre nation-sœur »
Il existe pourtant un obstacle législatif. Car, selon l’article 1 de la Constitution norvégienne, « le royaume est indivisible et inaliénable ». Mais l’histoire des deux pays a déjà connu des ajustements du cadastre. « En 1975-1976, explique M. Harsson, les deux Parlements ont voté le transfert d’îlots qui se situaient sur une rivière frontalière. » Et la parcelle qui ferait l’objet du don représente 0,015 km2 – un caillou par rapport aux 385 000 km2 du royaume norvégien.
Dans un courrier envoyé au ministère des affaires étrangères en juillet 2015, le géodésiste s’interroge, sans trop y croire, sur la pertinence géologique de cette frontière – une ligne droite établie dans les années 1750. Sa question est restée lettre morte.
L’affaire est relancée en décembre 2015, lorsque des habitants de Kafjord, la commune norvégienne sur le territoire de laquelle se trouve le Halti, s’emparent du dossier et envoient une missive au cabinet de la première ministre, Erna Solberg, pour lui demander de déplacer la frontière et de céder le sommet à la Finlande.
M. Harsson l’assure : « Le maire de Kafjord », qui s’est entretenu avec Mme Solberg en mars, « est très enthousiaste à l’idée de faire ce présent à notre nation-sœur, de même que de nombreux Finlandais qui habitent les environs ». Au 27 juillet, la page Facebook « Halti som jubileumsgave » (« Halti comme cadeau d’anniversaire ») affichait 13 500 mentions « J’aime ».