Cécile Duflot et David Cormand aux Journées d'été d’Europe Ecologie Les Verts à Lorient le 25 août . | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR LE MONDE

A Lorient (Morbihan), aux journées d’été d’Europe Ecologie-Les Verts, qui se terminent samedi 27 août, le mot d’ordre est la « réinvention ». Celle d’un parti qui a un genou à terre et tente difficilement de se remettre debout avant 2017.

La tâche est immense tant la formation aborde affaiblie présidentielle et législatives après une année particulièrement compliquée. Un nouveau site Internet, qui se veut plus ouvert sur l’extérieur, a été mis en place, et un programme collaboratif est en cours d’élaboration. Mais le défi le plus urgent reste l’organisation de la primaire qui doit départager les prétendants à la présidentielle. Vendredi, trois d’entre eux avaient réuni les conditions nécessaires pour se présenter ( soit recueillir, d’ici le 31 août, 36 parrainages parmi les 240 conseillers fédéraux du parti) : l’ex-ministre du logement Cécile Duflot et les députés européens Yannick Jadot et Karima Delli. Leur collègue du Parlement européen, Michèle Rivasi, était encore à la recherche de ses signatures.

Pendant les journées d’été, le climat est resté plutôt serein mais la campagne ne fait que commencer. Pour l’heure, rien à voir avec l’ambiance de 2011 entre Nicolas Hulot et Eva Joly qui avait viré au pugilat. Cinq ans plus tard, chacun se demande comment éviter le carnage et faire de ce rendez-vous une première marche de la campagne présidentielle. La question est d’autant plus délicate que peu de choses séparent les candidats sur le fond. « C’est la spécificité de notre primaire, reconnaît David Cormand, secrétaire national d’EELV. Le projet écolo fait consensus et il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre les candidats. Ce sera un choix de personnes et c’est pour ça que ça risque de dégénérer. »

L’atelier « lutte contre la pollution de l'air » avec Karima Delli. | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR LE MONDE

« Consensus »

Les attaques ciselées peuvent être tentantes pour se démarquer, notamment chez les challengers de Cécile Duflot. En cette fin août, tous promettent de se tenir à carreau. Jacques Boutault, maire du 2e arrondissement de Paris, veut croire qu’il y a « un consensus dans le mouvement pour tirer les enseignements de 2011 ». « Le premier qui dégainera la petite phrase assassine aura perdu », juge-t-il.

Les sujets de crispations commencent cependant à apparaître autour du mode de scrutin, toujours pas déterminé, ou de l’organisation de débats, au potentiel explosif, entre les candidats. Les choix de la direction sont surveillés de près. M. Cormand, proche de Mme Duflot, ne s’est pas fait que des amis en envoyant un mail à ses troupes expliquant pourquoi l’ex-ministre, la plus connue des quatre postulants, est la mieux placée. Ce dernier se justifie en rappelant qu’en 2011, il avait reproché à celle qui était alors à la tête du parti de ne pas faire connaître son choix. «Ce n’est pas un jugement de valeur mais une contribution au débat  , explique-t-il.

Yannick Jadot et Cécile Duflot . | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR LE MONDE

Le numéro un d’EELV promet que cela ne l’empêchera pas d’être garant de l’impartialité du vote mais sa démarche a troublé. Son image reste associée à celle de « la firme » qui aurait cadenassé le parti pendant des années et le timing choisi pour se prononcer n’était pas forcément le meilleur alors que les modalités du vote ne sont pas encore arrêtées. « On a une responsabilité extraordinaire à faire que cette primaire ne dérape pas, mais en usant de son pouvoir et en exprimant publiquement son choix, le secrétaire national prend le risque que ce soit le cas », s’agace M. Jadot. Il faudra aussi veiller à ce que les différents camps se rassemblent autour du vainqueur – quel qu’il soit. Le match est loin d’être plié et le résultat pourrait révéler des surprises. Comme ses concurrents, Mme Duflot s’engage à soutenir celui qui l’emportera. « L’avantage de la solidité et de l’expérience, c’est qu’on ne fait pas la gueule quand on perd », assure-t-elle.

Car une course contre la montre s’engagera alors. La date précise de la primaire n’a pas encore été décidée mais il faudra probablement attendre fin octobre pour connaître le nom du candidat officiel d’EELV. Il ne restera que quelques mois pour aller chercher les 500 parrainages pour la présidentielle cette fois et pas une force ne devra manquer. En 2011, Nicolas Hulot avait refusé de faire la campagne d’Eva Joly. Cinq ans plus tard, les écolos devront montrer qu’ils ont appris de leurs erreurs. Le chemin de la « réinvention » passe aussi par là.