Ce que l’on sait des « Football Leaks »
Ce que l’on sait des « Football Leaks »
Des superstars du monde du football, dont Cristiano Ronaldo et José Mourinho, sont accusées de dissimulation fiscale par douze médias européens qui ont mené l’enquête.
Le joueur du Real Madrid Cristiano Ronaldo, le 26 novembre 2016. | JAVIER SORIANO / AFP
Une enquête menée pendant sept mois par douze médias européens, dont Mediapart, accuse de grandes stars du ballon rond, comme Cristiano Ronaldo et José Mourinho, de dissimulation fiscale. D’autres révélations sont attendues dans les semaines qui viennent.
- Quels sont les faits reprochés et les personnes visées ?
Plusieurs acteurs de premier rang du monde du football sont accusés de dissimulation fiscale. Les premiers incriminés, Ronaldo, Mourinho et l’attaquant de Monaco Radamel Falcao, font tous partie du portefeuille de l’agent le plus influent du monde du football, le Portugais Jorge Mendes, également mis en cause, et qui conteste ces accusations. Les joueurs Portugais Ricardo Carvalho, Moutinho, Coentrao, Pepe, ainsi que l’Allemand Özil sont également visés par ces révélations.
Sur une paire de Nike «CR7» à 325€, @Cristiano encaisse 13€ en Suisse, via l’Irlande et les Antilles… https://t.co/QMfLCDk4Ma
— mediapart (@Mediapart)
Selon l’enquête, Mendes a permis a sept de ses clients de dissimuler 188 millions d’euros grâce à « un réseau de sociétés écrans et de comptes offshore en Irlande, aux îles Vierges britanniques, au Panama et en Suisse ». L’« European Investigative Collaborations » (EIC) accuse notamment Ronaldo, grand favori pour le prochain Ballon d’or, d’avoir « dissimulé 150 millions d’euros dans les paradis fiscaux, grâce à des montages offshore passant par la Suisse et les îles Vierges britanniques ».
Mais les révélations vont s’étaler sur trois semaines et Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart, assure dans les colonnes de L’Equipe qu’« il y en aura pour tout le monde : des joueurs français, à l’étranger comme en Ligue 1. Ou des étrangers qui jouent en Ligue 1, et des clubs. »
- Comment a été menée l’enquête ?
Il s’agit de la plus grande fuite de données de l’histoire du sport : 18,6 millions de documents ont été fournis au quotidien allemand Der Spiegel. C’est plus que les 11,5 millions de documents des « Panama papers ».
Der neue SPIEGEL und der erste Teil der #FootballLeaks-Serie morgen im Handel - mit zwei Covern. https://t.co/CuoDznp9f6
— DerSPIEGEL (@DER SPIEGEL)
Le journal les a partagés avec le réseau European Investigative Collaborations, un collectif regroupant 12 médias européens : Der Spiegel (Allemagne), The Sunday Times (Royaume-Uni), Expresso (Portugal), El Mundo (Espagne), L’Espresso (Italie), Le Soir (Belgique), NRC Handelsblad (Pays-Bas), Politiken (Danemark), Falter (Autriche), Newsweek Serbia (Serbie) et The Black Sea, média en ligne créé par le Centre roumain pour le journalisme d’investigation.
Le quotidien belge Le Soir précise que 1,9 téraoctet de données ont été épluchés par une soixantaine de journalistes pendant sept mois. Parmi ces données, il y a « des contrats originaux aux clauses secrètes, des e-mails et échanges WhatsApp, des documents Word ou PDF, des tableurs Excel et photos ».
- Qu’est-ce que « Football Leaks » ?
Football Leaks a d’abord été un site Internet, lancé en 2015, qui publiait des documents confidentiels avant de trouver écho auprès du groupe de médias qui a analysé les données. Il a commencé par publier des contrats de joueurs et les dessous des transferts. Il a notamment révélé les dessous des contrats et des transferts de Gareth Bale, James Rodriguez et Anthony Martial. Le club néerlandais du FC Twente a, lui, été banni de toutes les compétitions européennes pour trois ans après les révélations de Football Leaks sur un contrat illégal passé avec le fonds d’investissements Doyen Sports, spécialisé dans les accords de TPO (tierce propriété), où les clubs cèdent une partie des droits économiques d’un joueur.
Derrière le site, on trouverait plusieurs administrateurs portugais et des serveurs installés en Russie. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a rencontré l’homme qui serait à l’origine des fuites, et qui se fait appeler « John ». Il serait portugais et travaillerait avec un groupe de bénévoles. Doyen Sport accuse le site d’avoir obtenu ces données illégalement et de tentatives de chantage et d’extorsion.