TV : « Ennemi public », une série belge « maison »
TV : « Ennemi public », une série belge « maison »
Par Martine Delahaye
Notre choix du soir. Un polar haletant et angoissant sur lequel plane l’ombre de Marc Dutroux (TF1 à 20 h 55).
Ennemi Public Bande Annonce VF
Durée : 02:13
Que penseriez-vous, en tant que parent, si un assassin d’enfants multirécidiviste venait vivre à côté de chez vous, une fois sa peine purgée ? C’est à cette question somme toute dérangeante et peu aisée qu’ont été confrontés les Belges wallons en découvrant, en 2016, Ennemi public, l’une des premières séries « maison » lancées par la télévision publique belge.
En effet, souhaitant offrir une alternative aux séries américaines et proposer des fictions originales entrant en résonance avec l’identité belge, la RTBF et l’équivalent wallon du ministère de la culture ont décidé, en 2013, de lancer un grand appel d’offres auprès des auteurs de Wallonie pour que voient le jour des séries francophones ancrées dans la société contemporaine, et accessibles à tous en début de soirée. Sans tabou ni genre imposé. Un cahier des charges auquel répond parfaitement Ennemi public, certains éléments de sa thématique puisant dans l’affaire Dutroux, qui a commotionné la société belge dans les années 1990 et reste douloureusement inscrite dans sa mémoire.
Avec le personnage de Guy Béranger, la Belgique se retourne sur son passé. | DR
Sans du tout retracer le parcours de Marc Dutroux – qui purge une peine à perpétuité pour enlèvements d’enfants, séquestrations, viols et assassinats avec torture –, Ennemi public s’ouvre sur l’arrivée de Guy Béranger, sorti de prison après vingt de réclusion pour des assassinats d’enfants, dans le monastère d’un petit village des Ardennes, où il demande à devenir moine.
Colère, peur, haine des habitants, meute médiatique, désaccord entre les moines eux-mêmes sur l’opportunité d’accueillir ce meurtrier pour son noviciat, réputation entachée du village (ce qui est très mauvais pour les affaires). La fureur du bourg de Vielsart ne fera que s’amplifier, quelque temps plus tard, lorsqu’une fillette disparaît. Alors même que Guy Béranger est placé sous la protection d’une inspectrice de la police fédérale, comme lui installée dans le monastère. Un polar mené à rythme soutenu, tout en sachant faire place aux angoisses personnelles que cette sortie de prison peut réveiller.
Ennemi public, série créée par Antoine Bours, Christopher Yates, Gilles de Voghel et Matthieu Frances. Avec Stéphanie Blanchoud, Angelo Bison, Jean-Jacques Rausin, Clément Manuel (Belgique, 2016, 10 × 52 minutes). Rediffusion sur HD1, à partir du 10 février à 20 h 55.