Théâtre, jazz, danse : nos idées de sorties
Théâtre, jazz, danse : nos idées de sorties
Chaque vendredi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » une sélection d’événements pour la fin de la semaine.
La « Nuit du Tripostal », à Lille. / LE TRIPOSTAL / LILLE 3000
LES CHOIX DE LA MATINALE
Ce week-end, rendez-vous à Gennevilliers, Paris, Mâcon et Lille.
THÉÂTRE. « 1993 », à Gennevilliers
« 1993 », au Théâtre de Gennevilliers. / Jean-Louis Fernandez
Un spectacle saisissant se donne à Gennevilliers : 1993. Après Les Particules élémentaires, de Michel Houellebecq, et 2666, de Roberto Bolaño, le metteur en scène Julien Gosselin, qui voulait parler de Calais, a demandé à Aurélien Bellanger d’écrire un texte. L’auteur de La Théorie de l’information et de L’Aménagement du territoire est parti de l’année 1993, qui a précédé celle de l’inauguration du tunnel sous la Manche – le symbole d’une Europe en laquelle il était possible de rêver, devenu le cauchemar du repli identitaire. Poème exalté et souvent fulgurant, 1993 se compose de deux parties : la première dans le noir, troué d’extraordinaires effets d’art optique ; la seconde dans un appartement où une fête d’étudiants Erasmus vire au désastre. Musique omniprésente, voix scandées, tension de chaque instant : 1993 est un choc salutaire pour les sens et pour l’esprit. Brigitte Salino
1993, d’Aurélien Bellanger. T2G, 41, avenue des Grésillons, Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Tél. : 01-41-32-26-26. Vendredi 12 à 20 heures ; samedi 13 à 18 heures. Durée : 1 h 45. Tél. : 01-41-32-26-26.
MUSIQUE. Le trio Fly, à Paris et à Mâcon
MARK TURNER FLY
Durée : 07:42
« Fly », mot anglais qui signifie notamment « mouche » et « voler », est le nom du trio qui réunit le saxophoniste Mark Turner, le contrebassiste Larry Grenadier et le batteur Jeff Ballard. Une formation par laquelle passe souvent une impression aérienne, à partir de compositions d’une grande élégance formelle et des improvisations collectives qui reflètent une connaissance musicale des uns et des autres, acquise en près de quinze ans de collaboration. A l’occasion d’une courte tournée européenne, du 11 au 22 janvier, le trio passera par la France, dans deux clubs, le Duc des Lombards, à Paris, vendredi 12 et samedi 13 janvier, et le Crescent, à Mâcon (Saône-et-Loire), dimanche 14 janvier. Avec, en possible inspiration, les explorations des trios de Sonny Rollins et Ornette Coleman. Sylvain Siclier
Duc des Lombards, 42, rue des Lombards, Paris 1er. Vendredi 12 et samedi 13 janvier, à 19 h 30 et 21 h 30. 35 €, diverses formules avec boissons et repas, de 44 € à 87 €. Le Crescent, place Saint-Pierre, Mâcon (Saône-et-Loire). Dimanche 14 janvier, à 17 heures. De 11 € à 16 €.
DANSE. Le festival Faits d’hiver, à Paris
Vingt bougies pour le festival Faits d’hiver, qui se déploie dans dix lieux de Paris et d’Ile-de-France avec quatorze spectacles aussi variés que les salles qui les accueillent. En faisant le pari d’une danse d’auteur qui distingue des écritures chorégraphiques singulières, en travaillant à trouver pour chaque univers des formats et des ambiances de théâtre qui leur conviennent, la manifestation créée et pilotée par Christophe Martin depuis ses studios de Micadanses a pris une place nette et précise dans le paysage de la danse à Paris et en France. L’éclectisme des propositions est aussi un des charmes de ce rendez-vous qui valorise des artistes jeunes, comme Arthur Perole et Camille Mutel, mais soutient aussi des signatures déjà repérées comme Joanne Leighton ou Lionel Hoche. Parmi les chorégraphes de cette édition, Satchie Noro, Lisbeth Gruwez, Erika Zueneli, Eléonore Didier mais aussi Samuel Bianchini, Thibaud Croisy et Olé Khamchanla. Rosita Boisseau
Faits d’hiver, Paris. Du 13 janvier au 17 février. Tél. : 01-72-38-83-77. De 10 à 25 euros.
PERFORMANCE. La « Nuit du Tripostal », à Lille
« Performance ! », l’ultime exposition décentralisée des 40 ans du Centre Pompidou, se clôture ce week-end à Lille avec une « Nuit du Tripostal » festive et sous le signe des « eighties ». En première partie de soirée, de 19 heures et 23 heures, Tell Me (1979-1980), de Guy de Cointet, jalon de l’histoire de la performance entre théâtre, poésie et installation, sera activée au sein de l’exposition, tandis que la vidéo Body Double 25, de Brice Dellsperger, présente sur grand écran dans le parcours, prendra exceptionnellement vie. Dans ce remake par l’artiste contemporain français de la comédie musicale ultra-kitsch Xanadu (1980, de Robert Greenwald avec Olivia Newton-John et Gene Kelly), toutes les muses d’une fresque peinte sur le mur d’un musée prennent vie sous les traits du danseur François Chaignaud : ce dernier viendra rejouer les doublures en direct. Enfin, de 22 h 30 à 2 heures est annoncée une « Soirée Xanadu » avec le Roller Derby Lill, un set de DJ Rayko (Madrid) et de la disco par Pablo Contraband (Londres). Dress code : « Swag 80s, paillettes et cœurs permissifs ». Emmanuelle Jardonnet
Nocturne de l’exposition « Performance ! », jusqu’à 23 heures le samedi 13 janvier. Tarifs 10 € et 6 €. Dernier jour de l’exposition, le dimanche 14, de 10 heures à 19 heures. Au Tripostal, avenue Willy-Brandt, Lille. Rens. : www.lille3000.eu
GRAFFITI & ALPINISME. Fabrice Yencko « conquérant de l’inutile », à Paris
C’est sous le pseudo de Cokney que Fabrice Yencko s’est fait connaître dans le milieu du graffiti. Son arrestation, il y a quelques années, avait signé la fin de ses nocturnes épopées souterraines dans les dépôts du métro parisien. Pour retrouver l’engagement physique et mental de sa pratique illégale, il lui fallait trouver une autre voie. On découvre qu’il a pris le chemin des sommets dans une courte exposition qui condense son parcours en articulant vandalisme et alpinisme autour des notions d’exploration et de risque, et reprend joliment au passage le nom d’un ouvrage de l’alpiniste Lionel Terray : « Les Conquérants de l’inutile ». La première salle rejoue la fin du « jeu » du vandalisme : son visage capté par une caméra de surveillance, pièce à conviction qui avait permis de l’identifier, côtoie sa propre documentation de repérage. Entre les deux, des chiens menaçants peints dans des couleurs éclatantes rappellent une autre pratique de l’artiste, le tatouage.
Puis les rituels et sensations entre graffiti et alpinisme sont mis en regard : « Entrer dans un dépôt de métro ou marcher sur un glacier, c’est s’introduire là où l’on n’est pas attendu », écrit l’aventurier urbain. Le crew se mue en camarades de cordée, les paysages changent, les stratégies, efforts et obstacles restent, avec une motivation intacte pour la beauté du geste, l’immersion et la quête sensorielle. Des morceaux – ou échos – de métro sont mués en pics, et forment une chaîne de montagne verticale à la façon d’un mur d’escalade où le vert et blanc des films de protection des rames évoquent l’herbe et la glace. Partout, strates et superpositions de photos et de textures entre les deux univers se mêlent. Jusqu’aux tenues d’expédition, partagées entre vandales et alpinistes, et ici détournées, non sans humour. Emmanuelle Jardonnet
“Les Conquérants de l’inutile” jusqu’au samedi 13 janvier à la galerie Rabouan-Moussion, 11, rue Pastourelle, Paris 3e. De 10 heures à 19h30, entrée libre. Catalogue vendu sur place 20 €.
DANSE. Yuval Pick au Théâtre Chaillot, à Paris
C’est le chorégraphe Yuval Pick, directeur depuis 2011 du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, qui lance l’année 2018 à Chaillot-Théâtre national de la danse. Avec cinq danseurs remontés, le spectacle Acta est fabula déborde d’énergie. Avec toujours le thème du groupe au cœur de son travail, l’artiste israélien fait battre des intensités différentes qui finissent par faire corps commun dans un feu d’artifice de mains qui tremblent et de courses vives. L’écriture de Pick enchaîne les sauts, les torsions, les arrêts sur image. La bande-son, très rock, piochée dans la mémoire collective, est régulièrement hachée pour ne pas trop captiver le spectateur. Parallèlement, Yuval Pick est aussi invité au festival Faits d’hiver, avec un programme de trois courtes pièces, PlayBach, Loom et Eddies, du 29 au 30 janvier. Avec Julie Charbonnier, Thibault Desaules, Madoka Kobayashi, Adrien Martins et Guillaume Zimmermann. Deux occasions de plonger dans le travail d’un chorégraphe peu programmé à Paris. Rosita Boisseau
Acta est fabula, de Yuval Pick. Chaillot-Théâtre national de la danse, Paris 16e. Jusqu’au 12 janvier. Tél. : 01-53-65-30-00.