Docteur en philosophie, sa carrière musicale a commencé sur le tard, car, a-t-il raconté, en Espagne, sous le franquisme, « la musique n’avait pas de place réelle ». / DIETER NAGL/AFP

Le chef d’orchestre espagnol Jesus Lopez Cobos, qui a notamment dirigé l’Opéra de Berlin ou l’orchestre symphonique de Cincinnati, est décédé vendredi 2 mars à Berlin, emporté par un cancer à l’âge de 78 ans, ont annoncé ses représentants à Madrid.

Il sera enterré à Toro, village médiéval de la région de Castille-et-Léon, dans le nord-ouest de l’Espagne, où il est né, a précisé l’agence Conciertos Vitoria, la mairie de la ville annonçant trois jours de deuil après sa disparition.

Docteur en philosophie, sa carrière musicale a commencé sur le tard, car, a-t-il raconté, en Espagne, sous le franquisme, « la musique n’avait pas de place réelle ».

Formé au conservatoire de Vienne, Cobos n’a entendu son premier concert d’orchestre qu’à l’âge de 18 ans, et a finalement dirigé ponctuellement les meilleurs ensembles du monde, notamment les orchestres philharmoniques de Vienne et Berlin, l’orchestre symphonique de Londres, quand il ne dirigeait pas à la Scala de Milan ou au Metropolitan Opera de New York.

Une carrière « par chance »

Son premier concert date de 1978, à Londres. De là, il est passé à l’Opéra de Berlin, en tant que directeur général (1981-1990), et à Madrid, où il a dirigé l’orchestre national d’Espagne (1984-1988), puis à Cincinnati (1990-2000) dans l’Etat américain de l’Ohio.

En 2002, il a raconté au Monde avoir fait cette carrière « par chance ».

« Un jour, en 1965, à l’issue d’un concert, je suis allé voir Claudio Abbado dans sa loge pour lui demander conseil et il m’a suggéré d’aller travailler à Vienne. C’est ce que j’ai fait. J’ai beaucoup travaillé et observé les autres en allant tous les soirs à l’Opéra, dans les places debout à 1 schilling », avait-il confié au journal.

« Quand j’ai fini mes études, j’ai suivi le chef suisse Peter Maag pendant une année. Un jour, la chance m’a souri : il est tombé malade et j’ai sauvé une représentation de “La Flûte enchantée” à La Fenice, l’Opéra de Venise. A la suite de quoi, on m’a proposé de rester deux ans car le chef titulaire était parti à New York. »

« Un des grands du monde de la musique »

En Espagne, il a reçu en 1981, à 41 ans, le prestigieux prix Prince des Asturies des arts. Il a aussi travaillé en tant que directeur musical au Teatro Real, au moment de sa renaissance, entre 2003 et 2008. Selon El Pais, il est encore pour beaucoup dans la composition de l’orchestre actuel.

« L’Espagne perd un des grands du monde de la musique », a regretté vendredi le ministre de la culture et porte-parole du gouvernement, Inigo Mendez de Vigo.

Très demandé, Lopez Cobos a eu une activité frénétique jusqu’à sa mort, au Japon, en Chine, aux Etats-Unis.

Une importante discographie lui survit, comprenant l’interprétation d’œuvres de Georges Bizet, Manuel de Falla, Maurice Ravel ou Gustav Mahler. Sa passion restait l’opéra et en particulier Cosi fan tutte, de Wolfgang Amadeus Mozart.