Fonction publique : ambiance tendue entre le gouvernement, la CGT, FO et Solidaires
Fonction publique : ambiance tendue entre le gouvernement, la CGT, FO et Solidaires
Par Benoît Floc'h
Les représentants syndicaux ont quitté une réunion de travail consacrée à la réforme des instances représentatives en dénonçant « une mascarade de dialogue social ».
Quatre mois et demi après le lancement de la concertation sur la fonction publique, les relations entre le gouvernement et les syndicats se compliquent. Vendredi 15 juin, trois organisations, la CGT, premier syndicat représentatif, FO et Solidaires, ont quitté une réunion de travail consacrée à la réforme des instances représentatives en dénonçant « une mascarade de dialogue social ».
A l’origine du mouvement de colère des syndicats, la fusion des comités techniques (CT) et des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). La simplification des instances représentatives des agents est l’un des quatre chantiers ouverts dans le cadre de la concertation, prévue pour se dérouler jusqu’en 2019 (avec le recours accru à des contractuels, la rémunération au mérite et les plans de départs volontaires). « Est-on véritablement efficace quand on a aujourd’hui 22 000 instances de dialogue dans la fonction publique ? », avait pointé le premier ministre, Edouard Philippe, en lançant le processus de dialogue, le 1er février.
Les syndicats ne veulent pas de cette fusion des instances. Jusqu’à présent, deux scénarios étaient évoqués : une fusion pure et simple ; une fusion avec une commission spécialisée pour les questions de santé et de sécurité. Les organisations demandaient une troisième voie. Mais, lors de la réunion qui s’est tenue vendredi, « le gouvernement nous a proposé de garder les deux premiers scénarios, en appliquant l’un ou l’autre selon la taille du service !, s’indigne Christian Grolier, secrétaire général de FO-Fonctionnaires. Ce n’était pas la peine de nous faire venir pour une telle mascarade de dialogue. »
« Aucune négociation »
Au-delà des questions de fond, les syndicats protestent contre la manière dont les concertations sont menées. Il n’y a « aucune négociation, mais des discussions », dénonce FO, selon qui : « On vous explique ce que l’on va faire, peu importe votre opinion et celle des milliers d’agents que vous représentez. » « J’ai connu les négociations avec Nicolas Sarkozy [président de la République de 2007 à 2012] et je n’ai jamais vu ça : on ne peut pas faire bouger la moindre virgule de ce que le gouvernement a décidé en amont ! », regrette Jean-Marc Canon, secrétaire général de la CGT fonction publique.
Interrogé sur la crispation des syndicats, le cabinet de Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, répondait, il y a quelques jours : « Il est compréhensible, en tout cas pas illogique, qu’à une semaine du rendez-vous salarial, les syndicats s’expriment sur leurs revendications. On les écoute et, en même temps, on avance. On a pris en compte les demandes des syndicats sur certains points : par exemple que la rémunération au mérite ne soit pas qu’individuelle, mais aussi collective. Il y a de vrais bougés. »
Le 12 juin, la CGT, Solidaires et la CFE-CGC avaient déjà claqué la porte d’une réunion où le gouvernement leur présentait les amendements qu’il déposait dans le projet de loi Avenir professionnel. Les trois syndicats considèrent que l’ouverture des emplois de direction aux contractuels ou la prise en compte des années passées dans le privé lors du retour dans le public « portent clairement atteinte au statut » de la fonction publique.