Israël : la loi sur « l’Etat-nation » adoptée à la Knesset
Israël : la loi sur « l’Etat-nation » adoptée à la Knesset
Le Monde.fr avec Reuters
La loi ne reconnaît le droit à l’autodétermination qu’aux juifs. Elle retire par ailleurs à l’arabe son statut de langue officielle au côté de l’hébreu.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à Jérusalem, le 15 juillet. / RONEN ZVULUN / POOL VIA AP
Les députés israéliens ont approuvé, jeudi 19 juillet, un projet de loi controversé qui ne reconnaît le droit à l’autodétermination qu’aux juifs. « Israël est l’Etat-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’autodétermination », dit le texte, adopté par 62 voix contre 55 et deux abstentions.
Plusieurs députés arabes israéliens ont bruyamment exprimé leur indignation après le vote. « C’est un moment décisif dans les annales du sionisme et de l’histoire de l’Etat d’Israël », s’est en revanche félicité le premier ministre Benyamin Nétanyahou.
La loi, symboliquement promulguée juste après le 70e anniversaire de la naissance de l’Etat d’Israël, retire par ailleurs à l’arabe son statut de langue officielle au côté de l’hébreu, pour le remplacer par un « statut spécial » qui autorise la poursuite de son utilisation dans l’administration.
Les détracteurs du texte jugeaient les premières moutures encore plus discriminatoires à l’égard des Arabes Israéliens, qui représentent 20 % de la population.
Encourager les implantations juives
Plusieurs clauses, contestées notamment par le président et le procureur général, ont été retirées à la dernière minute. L’une proposait d’autoriser la création d’implantations exclusivement juives et une autre recommandait aux tribunaux de s’appuyer sur la loi religieuse en l’absence de jurisprudence.
Reformulée de façon plus vague, la première dit désormais : « L’Etat considère le développement d’implantations juives comme une valeur nationale et fera en sorte de l’encourager et de le promouvoir. »
« J’annonce avec stupéfaction et tristesse la mort de la démocratie », s’est indigné le député arabe israélien Ahmed Tibi.
« Nous continuerons à garantir le respect des droits civiques dans la démocratie israélienne, mais la majorité a aussi des droits et la majorité décide. Une majorité absolue veut garantir le caractère juif de notre Etat pour les générations à venir », avait récemment justifié le premier ministre.