Espagne : la ministre de la santé contrainte à la démission à cause d’un diplôme falsifié
Espagne : la ministre de la santé contrainte à la démission à cause d’un diplôme falsifié
C’est la deuxième démission fracassante du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, formé il y a moins de quatre mois.
Carmen Monton, après l’annonce de sa démission, le 11 septembre à Madrid. / JUAN MEDINA / REUTERS
Un diplôme falsifié qui coûte cher. La ministre de la santé espagnole, Carmen Monton, a annoncé mardi 11 septembre dans la soirée sa démission, à la suite de révélations dans la presse sur une manipulation de ses notes pour l’obtention d’un master.
« J’ai communiqué au président du gouvernement ma démission », a-t-elle annoncé devant les médias à Madrid, alors que le premier ministre, Pedro Sanchez, venait de déclarer qu’elle faisait « un travail extraordinaire et allait continuer à le faire ». C’est la deuxième démission fracassante du gouvernement socialiste. En juin, le ministre de la culture et des sports, Maxim Huerta, avait dû partir à la suite d’une polémique au sujet d’un redressement fiscal de 220 000 euros dont il avait fait l’objet entre 2006 et 2008.
Mme Monton a été mise dans l’embarras par des articles de presse sur la manipulation de ses notes dans le cadre d’un master en études de genre obtenu à l’université roi Juan Carlos. Le média d’investigation en ligne eldiario.es avait révélé qu’en juin 2011, le dossier universitaire de Mme Monton comportait la mention « non présenté » pour une des matières, soudainement remplacée en novembre par un « approuvé ». Puis la chaîne de télévision La Sexta a fait état d’un possible plagiat dans son mémoire de fin de master.
L’université roi Juan Carlos a reconnu dans un communiqué une manipulation des notes et a dit qu’elle examinait le dossier de Mme Monton afin d’« établir les responsabilités ». La ministre de la santé s’est défendue en assurant qu’elle avait été « transparente et honnête », qu’elle n’avait « commis aucune irrégularité » et qu’elle avait la « conscience tranquille ».
Une université au centre de débats
L’université roi Juan Carlos est au centre d’une énorme polémique depuis des mois, dans ce qui a été baptisé en Espagne le « mastergate ». En avril, la présidente conservatrice de la région de Madrid, Cristina Cifuentes, avait dû démissionner après que plusieurs médias l’eurent accusée d’avoir obtenu un master en droit public de manière frauduleuse à l’université publique. Ce que Mme Cifuentes avait nié, avant que l’université n’évoque elle-même de graves irrégularités. Sous la pression, elle l’avait finalement retiré de son CV. Accusée également de vol de produits cosmétiques dans un supermarché en 2011, elle était sous la menace d’une motion de censure. Elle a toutefois préféré démissionner avant.
Ces affaires pourraient également mettre en difficulté le nouveau président du Parti populaire, Pablo Casado, qui a reconnu avoir obtenu de la même université un diplôme de master de droit des régions, sans même avoir passé d’examen ni avoir assisté aux cours. Cinq juges de la Cour suprême doivent prochainement décider s’ils donnent suite à l’enquête d’une juge d’instruction qui avait estimé que M. Casado pourrait s’être rendu coupable de délits de corruption.